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Kenilworth

Kenilworth

Titel: Kenilworth Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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débarquer, pensant que le respect ne leur permettait pas de se servir en ce moment de l’escalier du parc. Il sauta légèrement sur le rivage, suivi du prudent et circonspect Blount, qui semblait l’accompagner à regret. En se présentant à la porte du palais, ils apprirent qu’ils ne pouvaient y entrer, parce que la reine allait sortir. Ils employèrent le nom du comte de Sussex ; mais ce talisman ne produisit aucun effet sur l’officier de garde, qui répondit qu’il ne pouvait s’écarter en rien de sa consigne.
    – Ne te l’avais-je pas dit ? s’écria Blount. Allons, mon cher Walter, regagnons notre barque, et retournons à Say’s-Court.
    – Pas avant que j’aie vu la reine, répondit-il d’un ton déterminé.
    – Tu es donc fou, archifou !
    – Et toi, tu es donc devenu tout-à-coup poule mouillée ? Je t’ai vu faire face à une douzaine de kernes {67} irlandais, sans te laisser effrayer par le nombre, et maintenant tu trembles qu’une belle dame ne jette sur toi un regard de mauvaise humeur.
    Comme il finissait de parler, les portes s’ouvrirent, et les huissiers du palais commencèrent à s’avancer en cérémonie, précédés par les gentilshommes pensionnaires {68} . Bientôt Élisabeth parut au milieu des dames et des seigneurs de sa cour, rangés de manière à ce qu’elle pouvait être vue de toutes parts. Elle était encore jeune, et brillait de tout l’éclat de ce qu’on appelle beauté dans une souveraine, mais de ce qu’on appellerait dans tous les rangs noblesse et dignité. Elle s’appuyait sur le bras de lord Hunsdon, qui, étant son parent du côté de sa mère, en recevait souvent de semblables marques de faveur et de distinction.
    Walter n’avait probablement jamais approché de si près la personne de sa souveraine, et il s’avança jusqu’à la haie que formaient les gardes, afin de profiter de cette occasion pour bien la voir. Son compagnon, au contraire, maudissant ce qu’il appelait son imprudence, cherchait à le retenir ; mais Walter parvint à s’en débarrasser, et, laissant son manteau flotter négligemment sur une épaule, déploya par là sa belle taille avec plus d’avantage. Ôtant alors sa toque, il fixa les yeux sur la reine avec un mélange de curiosité respectueuse et d’admiration à la fois expressive et modeste. Enfin les gardes, frappés de sa bonne mine et de la richesse de ses vêtemens, souffrirent qu’il se plaçât parmi eux, ce qu’ils ne permettaient pas aux spectateurs d’un rang ordinaire, et le jeune homme intrépide se trouva ainsi exposé en plein aux regards d’Élisabeth, qui n’était jamais indifférente ni à l’admiration qu’elle excitait à juste titre, ni aux avantages extérieurs qu’elle remarquait dans ses courtisans. Quand elle fut près de ce jeune homme, elle jeta un coup d’œil sur lui, d’un air qui annonçait quelque surprise de sa hardiesse sans mélange de ressentiment. Mais un incident fixa plus particulièrement son attention sur lui. Il avait plu toute la nuit ; et précisément devant la place où se tenait notre jeune homme, un peu de boue se trouvait sur le passage de la reine. Elle hésita un instant, et Walter, détachant son manteau en un clin d’œil, l’étendit par terre pour qu’elle pût passer à pied sec, accompagnant cet acte de dévouement d’un salut respectueux, tandis que son visage se couvrait de la plus vive rougeur. La reine leva de nouveau les yeux sur lui, éprouva un moment de confusion, rougit à son tour, lui fit un signe de tête, passa à la hâte, et monta sur sa barque sans dire un seul mot.
    – Eh bien, maître fat, lui dit Blount, c’est à présent que tu auras le plaisir de faire jouer la brosse pour nettoyer ton manteau. Si tu avais dessein d’en faire un tapis de pied, autant valait garder celui de Tracy ; la bure ne craint pas les taches.
    – Ce manteau, dit Walter en le pliant de manière à pouvoir le porter sur le bras, ne sera jamais brossé tant qu’il m’appartiendra.
    – Et cela ne sera pas long, dit son compagnon, si tu ne le ménages davantage. Nous te verrons bientôt in cuerpo , comme disent les Espagnols.
    Ici leur conversation fut interrompue par un garde-du-corps des gentilshommes pensionnaires.
    – Je cherche, dit-il en les regardant avec attention, un jeune homme sans manteau, ou avec un manteau couvert de boue. C’est vous sans doute, dit-il à Walter : vous allez avoir la bonté de me suivre.
    – Il est à

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