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La case de L'oncle Tom

La case de L'oncle Tom

Titel: La case de L'oncle Tom Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Harriet Beecher-Stowe
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suivre sa route : pense pas, moi, être assez vif pour ça ! et les côtes du noir s’ébranlèrent sous son rire enroué.
    – Tu ris, drôle ! grommela le marchand.
    – Dieu vous bénisse, massa, pas possib’ de s’en empêcher, dit Sam s’abandonnant à ses ravissements trop longtemps contenus. Elle était si comique ! elle sautait ! elle courait, – et la glace craquait, enfonçait ! – et pouff ! et piff ! et spliche ! et splache ! quels bonds ! – Seigneur Dieu comme elle y allait ! » Sam et Andy éclatèrent d’un rire immodéré, et les larmes jaillirent de leurs yeux.
    « Je vous ferai rire à l’envers, drôles ! » dit Haley. Sa cravache voltigea autour de leurs têtes ; tous deux firent le plongeon, et s’élançant vers le haut de la rive, ils furent en selle avant qu’il les eût rattrapés.
    « Bonsoir, massa, dit Sam avec une gravité solennelle ; moi, deviner maîtresse être bien en peine de Jerry. Massa Haley n’avoir plus besoin de nous. Jamais maîtresse vouloir permettre ses chevaux traverser ce soir sur le pont de Lizie. »
    Donnant un facétieux coup de poing dans les côtes de Andy, il prit le trot, suivi de son camarade, et leurs éclats de rire moururent à distance emportés sur la brise du soir.

CHAPITRE VIII

Les traqueurs d’hommes.

C’était à la tombée du crépuscule qu’avait eu lieu la fuite désespérée. Le brouillard grisâtre qui s’élevait de la rivière enveloppa Éliza comme elle disparaissait sur le haut de la berge, et que le courant gonflé, tumultueux et les glaces flottantes élevaient une infranchissable barrière entre le chasseur et sa proie. Lentement, l’air déconfit, Haley regagna la petite taverne pour y ruminer à l’aise sur le parti à prendre. L’hôtesse lui ouvrit un étroit salon, garni d’un lambeau de tapis, d’une table couverte d’une toile cirée noire et luisante, et de quelques misérables chaises à hauts dossiers de bois. Au-dessus d’une grille enfumée, le manteau de la cheminée se parait de plâtres coloriés de tranchantes couleurs, et, à côté, s’étendait un banc des plus durs et d’une longueur démesurée. Ce fut là que s’établit Haley pour méditer à loisir sur l’instabilité des espérances humaines.
    « Qu’avais-je besoin de m’embourber de cette petite malédiction d’enfant, se dit-il, pour me faire railler, flouer, et prendre comme un raccoon au gîte [20]  ! » Et Haley se soulagea par une bordée d’imprécations sur lui-même, qu’il y a tout lieu de croire méritées, mais que, comme affaire de goût, nous nous permettrons d’omettre.
    La haute et discordante voix d’un homme qui mettait pied à terre à la porte de l’auberge, tira le marchand de son monologue, et, s’élançant à la fenêtre, il s’écria :
    « Ciel et terre, si ce n’est pas juste comme qui dirait une providence ! – Tom Loker en personne, ma foi ! »
    Haley sortit aussitôt. Devant le comptoir se tenait debout un homme bronzé, musculeux, haut de six pieds, large à proportion, et auquel son surtout de peau de buffle, le poil en dehors, donnait un air farouche et terrible que ne démentait en rien sa physionomie. Chaque organe, chaque linéament qui puisse exprimer la brutalité et la violence, atteignait, sur ce crâne et sur ce visage, leur plus haut développement ; si le lecteur peut se figurer un boule-dogue passé à l’état d’homme, dressé sur ses pattes de derrière et se promenant en habit et en chapeau, il a une assez juste idée du physique de ce personnage. L’homme était accompagné d’un individu qui formait avec lui le plus parfait contraste. Ce dernier était court et fluet ; souple et chattemite dans toute son allure. De ses petits yeux noirs pointait un regard de souris, perçant, inquiet, avec lequel le reste de ses traits aiguisés s’harmonisait on ne peut mieux. Son nez mince semblait s’allonger pour fouiller et sonder toutes choses, ses cheveux noirs, plats, lisses et rares, ramenés en avant, se collaient sur son crâne, et tous ses mouvements, toutes ses évolutions, annonçaient une aride et circonspecte subtilité. Le grand gros homme se versa moitié d’une rasade de forte eau-de-vie, et l’engouffra d’un trait sans mot dire. Le petit fluet, hissé sur la pointe des pieds, promena son nez d’un côté à l’autre du comptoir, flaira toutes les bouteilles, et finit par ordonner, d’une voix de fausset mal assurée, un julep à

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