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La Collection Kledermann

La Collection Kledermann

Titel: La Collection Kledermann Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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temps de me réintégrer dans la vie normale et de partager avec moi vos petits secrets ?
    Encore un peu pâle mais habillé de pied en cap, tiré même à quatre épingles dans un costume bleu marine, chemise blanche et cravate rayée rouge et bleu, Aldo, appuyé sur une canne, s’encadrait dans la porte de la petite bibliothèque qu’il avait ouverte sans qu’on l’entendît. Le turban de bandes qui protégeait sa blessure avait disparu, laissant voir la repousse de ses cheveux restés aussi foncés sauf aux tempes où le blanc avait gagné un peu de terrain, mais son sourire avait retrouvé sa nonchalance. Derrière lui le nez de Marie-Angéline pointait, arborant cet air innocent qu’elle prenait quand elle s’attendait à quelque reproche.
    — Il n’a même pas voulu prendre l’ascenseur ! se hâta-t-elle d’annoncer.
    Mais les deux autres avaient trop d’empire sur eux-mêmes pour se laisser aller à ces exclamations de joie teintée d’inquiétude et vaguement bêtifiantes de rigueur pour saluer l’entrée en scène d’un revenant.
    — On dirait que tu vas mieux ? constata Tante Amélie.
    — N’y allez pas trop fort tout de même ! recommanda Pierre Langlois en se levant pour partir.
    — Vous voilà bien pressé tout à coup !
    — Je suis toujours pressé, mon ami ! Quant à nos petits secrets, comme vous dites, vous avez auprès de vous de parfaites conteuses ! Allez-y franchement, mesdames ! Je vois à la lueur verte de son œil qu’il brûle d’envie de piquer une rogne ! Cela ne lui fera pas de mal, au contraire !
    — Je me demande si vous ne commencez pas à me connaître un peu trop !…
    Aldo alla s’asseoir dans le fauteuil abandonné par le policier. Il y avait à peine pris place que Cyprien venait le nantir d’une tasse de café qu’il n’avait pas demandée. Il dirigea alors sur Tante Amélie son regard dont la petite flamme ironique s’était rallumée :
    — C’est aussi grave que ça ?
    — Tu jugeras ! Plan-Crépin, donnez-moi une tasse de ce breuvage dont j’ai besoin autant que lui !
    Dix minutes plus tard, le silence régnait dans la bibliothèque et Aldo ne s’était encore livré à aucun commentaire.
    — Tu ne dis rien ? s’inquiéta M me de Sommières presque timidement.
    — J’essaie de remettre le puzzle en place. Pour Lisa, si elle a rejoint sa grand-mère et les enfants, je pense que l’on peut cesser de s’en occuper, encore que je n’aie pas beaucoup aimé le séjour en clinique psychiatrique sous la protection du cousin Gaspard. Une parenthèse pour vous, Angelina : vous avez parfaitement réagi dans l’affaire des roses. J’en aurais fait… presque autant !
    — Presque ?
    — Oui, je les aurais flanquées par la fenêtre et j’aurais boxé le donateur. Cela dit, il ne perd rien pour attendre !… De plus, c’est grâce à vous si nous savons à présent que ce salopard a partie liée avec le Borgia de pacotille. Bravo !
    — De pacotille ! se récria M me de Sommières. Comme tu y vas ! Il occasionne presque autant de dégâts que son modèle…
    — Sauf que s’il ne s’est pas encore livré au sac d’une ville, nous ignorons le nombre de ses victimes à ce jour !
    — Disons qu’il fait ce qu’il peut avec ce qu’il a… je veux dire avec son époque ! émit Marie-Angéline.
    — Il doit se terrer quelque part en Suisse, reprit Aldo. Peut-être dans une maison appartenant à son associé. Neveu d’un richissime banquier, collectionneur, banquier lui-même, celui-ci devrait être propriétaire de deux ou trois cabanes helvétiques ?
    — Sans nul doute, mais Gaspard Grindel est dans le collimateur de ce cher Langlois qui guette son retour et doit avoir mis le siège devant sa banque et son domicile parisien !
    — Au fait, je ne sais même pas où il habite, constata Aldo. C’est idiot mais il m’intéressait si peu…
    — Il faut toujours connaître les repaires de l’ennemi ! clama, doctoral, Adalbert qui entrait un doigt en l’air. Moi, tu vois, je le sais ! La banque est sise boulevard Haussmann et l’appartement avenue de Messine. Autrement dit pas bien loin d’ici !
    — Comment l’as-tu appris ?
    — J’y suis allé à l’époque où tu sortais le soir avec une belle comtesse russe et qu’il te faisait suivre par un détective privé chargé de lui rendre un rapport destiné surtout à ta femme ! À ce moment-là il a si parfaitement joué son rôle de « grand frère » au cœur innocent que je l’avais

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