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La Collection Kledermann

La Collection Kledermann

Titel: La Collection Kledermann Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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pas de si près ! lança un personnage que l’on n’avait pas vu entrer. Laissez-moi voir ! Je le connaissais mieux que vous puisqu’il était mon oncle !
    — Que faites-vous ici, monsieur Grindel ? Je ne vous ai pas convoqué !
    — Les journaux de ce matin s’en sont chargés à votre place, commissaire. Je suis venu en hâte. Bonjour, messieurs !… Vous n’avez pas l’air dans votre assiette, cousin ?
    Une poussée de rage rendit ses couleurs à Aldo. Un pli de mépris au coin des lèvres, il riposta :
    — Cela ne devrait pas vous surprendre, vous avez fait le nécessaire pour que je n’aie plus aucune mine !
    — Ce qui signifie ?
    — Avez-vous vraiment besoin d’explications ? gronda Aldo dont les poings se crispaient, prêts à frapper.
    Langlois le sentit et s’interposa fermement :
    — Du calme ! Tout se réglera en temps voulu mais ce n’est pas l’endroit ! Et vous, contentez-vous de regarder ce corps et – puisque vous vous êtes imposé pour ce faire ! – de nous dire s’il s’agit réellement de votre oncle ?
    — Au contraire de ce que pensent ces messieurs ? Je reconnais qu’à première vue ce n’est pas évident. Il fallait vraiment le haïr pour l’avoir arrangé de la sorte, ajouta-t-il en penchant, sans répugnance apparente, son grand corps à deux centimètres de l’effrayant cadavre.
    Il ressemblait tellement à un savant examinant une pièce rare qu’Adalbert exaspéré lâcha avec une ironie féroce :
    — Vous ne voudriez pas y goûter par hasard ?
    L’autre se redressa comme s’il l’avait frappé :
    — C’est d’un goût ! Mais que peut-on attendre d’un nécrophile qui passe sa vie à déterrer et à dépiauter des momies ?…
    — C’en est assez maintenant ! trancha le commissaire. Cette scène tourne à l’indécence ! Contentez-vous de répondre monsieur Grindel : vous le reconnaissez ou pas ?
    — J’avoue qu’au premier abord ce n’est pas facile… mais il y a un moyen de le savoir. Sur le moment, je n’y ai pas pensé mais mon oncle porte sur l’omoplate gauche un signe de naissance, une sorte de fraise…
    Il recula tandis que le docteur Louis faisait signe à son aide. Ils enfilèrent des gants de caoutchouc et soulevèrent le corps avec précaution afin de le tourner de façon à découvrir l’endroit indiqué. Et, en effet, chacun put voir une excroissance d’un rouge brunâtre.
    — Comment pouvez-vous le savoir ? attaqua Adalbert. Votre oncle ne devait pas avoir coutume de se déshabiller devant vous !
    Grindel haussa les épaules :
    — Jusqu’à la mort de Dianora, sa seconde épouse, mon oncle entretenait sa forme en nageant régulièrement dans le lac. C’était d’ailleurs un excellent nageur ! Il m’est arrivé de me baigner avec lui et Lisa quand nous étions enfants. Satisfait ? Je peux partir maintenant ?
    — Oui et non ! répondit Langlois. Vous voudrez bien me suivre jusqu’à mon bureau du Quai des Orfèvres ! J’ai quelques questions à vous poser !
    — Pourquoi pas ici ? J’ai des rendez-vous, moi !
    — Eh bien, vous les remettrez ! Appelez votre secrétaire : nous avons le téléphone ! On va vous montrer !
    Force fut de suivre l’agent qui indiquait le chemin. Cependant Langlois demandait au docteur Louis ce qu’il pensait. Celui-ci replaça le drap sur le corps et retira ses gants :
    — N’ayant pas eu l’honneur de connaître M. Kledermann, je ne sais trop que vous répondre, cher ami. Il semblerait que la preuve soit faite…
    — Semblerait ? C’est dubitatif, et vous n’avez pas l’habitude d’employer des mots approximatifs. Pourquoi ?
    — En toute honnêteté, je ne sais pas !… Ce qui me gêne, voyez-vous, c’est qu’avant de jeter ce malheureux à la mer on se soit acharné à détruire ainsi son visage et ses mains. Pure cruauté ou…
    — Ou camouflage ? avança Aldo.
    — Encore faudrait-il, pour cela, avoir sous la main un corps possédant toutes les caractéristiques du modèle…
    — Et ce ne doit pas être facile à trouver, reprit Adalbert. Même taille, même corpulence, même couleur de cheveux. Je reconnais que rien n’y manque. On ne peut évidemment pas juger de l’allure…
    — … et elle était inimitable, murmura Aldo. Et pourtant, je ne parviens pas à me débarrasser de ce doute qui m’est venu sans que je sache comment !
    — Moi non plus ! appuya Adalbert. Il y aurait bien un moyen d’éclaircir la chose…
    — Sa fille ! hasarda Langlois, mais déjà Aldo

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