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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Est-ce que cela m’empêchera d’être votre serviteur fidèle… O mon père… laissez-le-moi…
    – Vous vous égarez encore dans une affection qui ne peut que vous éloigner de Jésus…
    – Jésus !… Qu’est-ce donc alors que ce Dieu épouvantable qui empêche les pères d’aimer leurs enfants !… Est-ce possible cela !… Allons donc ! Vous mentez !…
    – Je m’y attendais : la révolte engendre le blasphème… Adieu donc !
    Loyola se leva.
    Monclar tomba à genoux.
    – Grâce ! râla-t-il ; grâce pour lui… et faites de moi ce que vous voudrez…
    – Pas de grâce pour le criminel !
    – C’est mon fils !…
    – Pas de grâce pour qui se rebelle !
    – C’est mon fils !…
    – Pas de grâce pour qui frappe un soldat du Christ !
    – C’est mon fils ! hurla Monclar toujours à genoux.
    – Vous vous trompez !… Vous n’avez pas de fils… Ou plutôt, votre fils, et à la fois votre père, mère, famille, votre tout, c’est la Société de Jésus… L’homme dont vous parlez ne vous est rien !
    – Atroce ! C’est atroce de torturer ainsi un cœur !
    – Choisissez, monsieur de Monclar : soumettez-vous ou révoltez-vous ouvertement. Dans le premier cas, Lanthenay doit mourir ; dans le deuxième cas, je sais ce qu’il me reste à faire…
    – Je ne me soumets pas ! rugit Monclar. Et toi, moine infernal, tu ne sortiras pas d’ici, vivant !
    En parlant ainsi, le grand prévôt s’était relevé d’un bond et s’était placé entre la porte et Loyola.
    Celui-ci, non moins prompt, avait mis entre lui et Monclar le grand bureau de travail.
    Alors, Monclar éclata de rire.
    – Je te tiens ! dit-il.
    Loyola haussa les épaules.
    – C’est bon ! grogna le grand prévôt. Hausse les épaules tant que tu voudras ; tu vas mourir ; je te hais ; ta religion, je la hais ; ton Dieu, je le hais ; ta société abominable, je la hais ; les théories monstrueuses, je les hais. Tu résumes à mes yeux tout ce qu’il y a d’horrible et d’abject dans l’abus de la force. Ah ! tu veux me tuer mon fils !… Eh bien, tu vas savoir de quoi un père est capable !
    Loyola se vit perdu. Il tenta un effort.
    – Je vous préviens, dit-il, que si je ne suis pas dehors dans une heure, un cavalier partira pour remettre au roi l’engagement que vous avez pris de l’espionner toujours et de le trahir au besoin.
    – Tu es fou ! gronda Monclar. Que veux-tu que cela me fasse qu’on me pende ou qu’on me coupe le cou, si mon fils est sauvé !… Ces moines sont plaisants, sur ma foi ! Drôles ! vous vous croyez tout permis, et vous inventez de nouveaux supplices pour le cœur des pères ! Vous trouvez qu’on ne souffre pas assez par vous ! Vous jugez que vous n’avez pas assez accumulé d’impostures, assez répandu de sang, assez entassé de ruines ! Il vous faut encore entrer de vive force dans la conscience des hommes, tarir en eux la source de toute joie ! Il vous faut encore vous emparer des cœurs pour les broyer sous la formidable meule de votre tyrannie !… Et dans quel but ? Pour quels complots ? Pour établir je ne sais quel pouvoir invisible devant qui tremblerait l’univers !… Attends, attends, monstre ! Je vais toujours débarrasser la terre de ta présence ! Que chacun en fasse autant toutes les fois qu’il trouvera un moine sur son passage !… Qu’il ne perde pas son temps à discuter, à ergoter, à discourir… Qu’il l’écrase sans pitié, comme je vais t’écraser !…
    Loyola, pendant ces paroles qu’il n’écoutait pas, avait rassemblé toute sa force de volonté dominatrice et d’imagination inventive.
    Au moment où Monclar allait se jeter sur lui, un sourire de triomphe éclaira la figure du moine.
    Il leva les bras et s’écria :
    – Seigneur ! Seigneur ! Que ta volonté soit faite ! Si l’heure où je dois rentrer dans ton sein est venue, bénie soit cette heure !… Et malheur à ceux qui ne comprennent pas qu’Abraham put lier son fils sur l’autel de l’holocauste et saisir son couteau pour l’immoler !
Malheur à ceux qui ne se souviennent pas que tu envoyas dans le buisson un agneau pour remplacer le fils d’Abraham !…
    Monclar s’arrêta court.
    – Que dit-il ? murmura le grand prévôt.
    – Il est perdu ! songea Loyola.
    Et à haute voix, froidement :
    – Frappez, monsieur, je ne me défends pas.
    – Que disiez-vous ?
    – Rien !… sinon qu’Abraham

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