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La Cour des miracles

Titel: La Cour des miracles Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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fit l’aide bourreau.
    – Mais l’homme de demain matin !
    – Ah ! oui… eh bien, celui-là n’a pas volé sa corde…
    – Diable ! Qu’a-t-il donc fait ?
    – C’est un de ces démons qui ont attaqué les gardes de monseigneur le grand prévôt, un des plus féroces…
    – Et comment s’appelle-t-il ? Excusez ma curiosité…
    – Il n’y a pas de mal, dit le valet en vidant son gobelet. L’homme s’appelle Lanthenay…
    – Lanthenay ! s’écria Fanfare en frappant violemment la table de son poing…
    – Eh bien ! Qu’est-ce qui vous prend ? fit le valet.
    Fanfare s’apprêtait à répondre, mais Cocardère lui marcha sur le pied et se hâta de reprendre :
    – Ne faites pas attention, camarade. Mon ami a eu maille à partir un jour avec ce brigand, ce… comment l’appelez-vous ?
    – Lanthenay.
    – C’est justement cela. Eh bien, mon ami a donc été fort joliment rossé par ce Lanthenay ; dès lors, vous comprenez sa joie d’apprendre que le scélérat va être pendu… Encore un peu d’hypocras…
    – Eh bien, dit le valet qui, en tendant son gobelet, éclata de rire, en votre honneur, je vous promets de bien soigner votre homme…
    – Comment cela ? fit Cocardère en pâlissant.
    – C’est bien simple : toutes les fois qu’un condamné nous est recommandé… vous comprenez ?
    – Oui, oui, allez…
    – Eh bien, nous nous arrangeons pour le faire souffrir un peu plus.
    – Ah ! ah ! s’écria le truand dont le front se mouillait de sueur. Et comment faites-vous ?
    – C’est une petite ruse de métier… Au moment où le condamné se balance au bout de sa corde, vous savez que nous nous accrochons à ses jambes… C’est une traction qui brise les os du cou… et alors… couic !
    Il reprit :
    – Alors, vous comprenez, si au lieu de tirer un bon coup bien sec, nous tirons mollement, dame ! le pendu meurt en douceur, et ça dure quelquefois plusieurs minutes…
    – Horrible ! murmura Cocardère qui pourtant ne faisait pas profession d’avoir les nerfs bien délicats.
    – Que dites-vous ?
    – Je dis que c’est tout à fait amusant…
    – Dame, dans notre métier, vous savez, on se distrait comme on peut.
    – Et vous dites que ce Lanthenay sera pendu demain matin ?
    – A sept heures ; si le cœur vous en dit, vous pourrez vous amuser un quart d’heure à regarder la chose.
    – Nous n’y manquerons pas, diable ! Et en quelle prison l’a-t-on mis, ce scélérat ?
    – Ah ! Voilà ce que j’ignore… On nous amène notre homme demain matin, voilà tout ce que je sais…
    Et comme Cocardère se taisait, anéanti, l’aide du bourreau, mis en belle humeur par l’hypocras, continua :
    – D’ailleurs, vous ne serez pas les seuls à vous réjouir du coup d’œil. Le brigand a été recommandé d’une manière toute spéciale à mon maître…
    – Votre maître ?
    – Oui… le bourreau juré. Il a reçu des ordres particuliers, non seulement du grand prévôt, mais encore de quelqu’un qui, paraît-il, est encore plus puissant…
    – Je ne vois que le roi qui soit plus puissant que le grand prévôt.
    – On voit bien, dit le valet dont la langue s’épaississait, que vous n’êtes pas comme nous au courant… et que vous ignorez ce qu’il faut redouter… le roi, c’est le roi… je ne dis pas non… mais pour nous, le grand prévôt est plus que le roi… et il y a quelqu’un qui est plus que le grand prévôt…
    – Voilà qui est incroyable !
    – Si vous aviez vu comme moi et mon maître le puissant comte de Monclar trembler devant ce moine, vous ne diriez pas cela !
    – C’est donc un moine ?
    – Oui… mais quant à vous dire son nom, ajouta l’homme en regardant autour de lui avec inquiétude, n’y comptez pas !… J’aimerais mieux avoir à mes trousses tous les diables d’enfer que de m’attirer la haine de ce révérend !
    Et comme s’il eût été pris soudain d’une inexplicable terreur, le valet se hâta de vider son gobelet et, précipitamment, prit congé des deux truands. Quelques instants plus tard, Cocardère et Fanfare sortirent à leur tour.
    – Qu’est-ce que tu dis de tout cela ? demanda le premier.
    Fanfare hocha la tête :
    – Je dis que notre pauvre Lanthenay est bien perdu…
    – Ah ! si seulement nous avions huit jours devant nous !… Mais c’est demain ! demain matin !
    Et Cocardère hâtait le pas, comme si un espoir l’eût poussé il ne

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