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La danse du loup

La danse du loup

Titel: La danse du loup Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hugues De Queyssac
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continuellement les Sarrasins.
    C’est alors que tout le monde entendit les sons martiaux de plusieurs dizaines de nacaires, de tambours et de cors sarrasinois. Ils provenaient d’une galée toute peinte d’or à une croix de gueules pattée  : les armes de Jean de Ibelin, comte de Jaffa, cousin germain du comte de Montbéliard. Il était du lignage de la maison des Joinville.
    Il y avait bien trois cents mariniers en sa galée, chacun d’eux portant une targe à ses armes et, à chaque targe, il y avait un penoncel à ses couleurs. Le comte de Jaffa débarqua tout de fervêtu et coiffé du heaume, suivi par sa bataille. À sa senestre, se tenait le comte Philippe de Montfort, seigneur de Tyr.
     
     

     
     
    « Philippe de Montfort ! Messire Foulques, seriez-vous du lignage de ce gentilhomme dont le sire de Joinville fit l’éloge ? questionnai-je précipitamment.
    — Oui, messire Bertrand. En ligne directe, mais par la branche cadette. Le comte de Montfort, seigneur de Tyr, était mon arrière-grand-père. Il est, grâce à son sens du devoir et par le hasard de la guerre, à l’origine de la fortune qui me revient.
    — N’auriez-vous pas ouï dire que mon aïeul Hugues Brachet, un jeune écuyer, avait combattu ce jour près le roi Louis ? J’ai même composé quelques vers sur la bataille de Damiette que je vous réciterais volontiers si notre mestre de manœuvre me permettait de pincer les cordes de sa vielle.
    — J’ignorais la présence de l’un de vos aïeux parmi l’ost du roi, messire Brachet. Je vous prie de n’y point voir ombrage : ma science de ces événements ne provient que d’une lecture assidue des chroniques du sire de Joinville qui n’en fait pas mention, et de quelques parchemins que les biographes de ma famille ont rédigés. »
    Tous les regards se tournèrent vers frère Jean lorsqu’il persifla :
    « Humm… Moi, je ne l’ignorais cependant point.
    — Vous, frère Jean ? Mais comment en avez-vous eu connaissance ? Ces parchemins sont conservés à Beynac ! Les chroniques de ma propre famille sont reliées en codex et conservées en la librairie du château. Le baron m’a autrefois permis de les étudier, mais de ne point en disposer. Les lire sur place. Après m’être lavé les mains, bien sûr. »
    Arnaud gloussa. Le chevalier de Montfort se permit un sourire, événement suffisamment rare depuis notre départ pour mériter d’être consigné dans ce récit. Ils connaissaient l’un et l’autre les grandes précautions dont s’entourait le baron de Beynac lorsqu’il autorisait l’accès à sa librairie.
    « Vous semblez oublier que les frères dominicains sont d’excellents copistes, messire Bertrand ! rétorqua frère Jean, un mince sourire au coin des lèvres.
    — Oui, certes. Mais j’ignorais qu’il en exista quelque copie.
    — Le baron de Beynac détient une copie. En fait, nous détenons l’original, en la librairie de notre… maison. C’est peut-être fâcheux, mais c’est ainsi, affirma frère Jean, l’air faussement contrit, en soulevant un éclat de rire. Et cet original est probablement plus richement enluminé que les palimpsestes parcheminés que conserve le sire de Beynac. Tout baron qu’il est ! renchérit-il.
    — Ça alors ! Frère Jean, me permettrez-vous, lorsque nous serons de retour au pays, d’examiner ces archives ? Peut-être sont-elles plus complètes, plus détaillées que celles dont j’ai eu connaissance ?
    — Tout doux, tout doux, messire Bertrand. Laissons d’abord le chevalier de Montfort poursuivre son récit. Nous aviserons le moment venu… Si vous prenez la précaution de vous laver les mains avant de les parcourir  », ajouta-t-il non sans malice. Mais Arnaud était un peu escagacé, je le sentis. Il pressa le chevalier de Montfort de conter plus avant. Ses ancêtres, semble-t-il, ne s’étaient jamais croisés.
    Et si Arnaud était jaloux des miens, c’était là grande erreur. Il ne pouvait être tenu pour responsable du fait que ses aïeux avaient préféré la défense de leurs biens en terre de France à la délivrance du Saint-Sépulcre en Terre sainte.
     
     

     
     
    Sitôt les destriers débarqués sur les dunes de la ville de Damiette, les croisés se hissèrent péniblement à cheval, aidés par leurs écuyers. Leur haubert et leur cotte d’armes étaient encore trempés. Le sel de mer se mêlait à la sueur des gambesons. Ils chaussèrent leurs étriers, saisirent les

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