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La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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fit une gracieuse révérence et entra. Valvert répondit par un salut des plus respectueux et s’en alla vers la rue Saint-Honoré, si heureux, si léger qu’il lui semblait qu’il planait. Ce premier entretien avec sa belle avait été pourtant bien banal. N’importe, le premier pas était fait maintenant, et il jugeait, lui, que c’était énorme.
    Depuis, il sut s’arranger de façon à rencontrer la jeune fille, quand elle arrivait ou partait, soit à se trouver dans le cabinet quand elle y entrait. Seulement, la jolie bouquetière, avec son sourire espiègle, se montrait toujours un peu distante, cela le plus gracieusement du monde. Lorsqu’elle le rencontrait, seule à seul, elle avait toujours une bonne excuse toute prête pour le quitter, après un sourire et une gracieuse révérence. Lorsqu’elle se trouvait dans le cabinet, elle se montrait moins réservée, et si l’occasion se présentait, elle échangeait quelques paroles – toujours banales – avec lui. Et ceci s’explique par ce fait que, dans le cabinet, la duchesse était toujours présente.
    En effet, la duchesse, qui semblait s’être prise d’une affection particulière pour la mignonne jeune fille, ne manquait jamais de quitter son oratoire et de paraître dans son cabinet, un peu avant l’instant où elle devait arriver. Elle n’en bougeait plus tant qu’elle était là. Et elle ne s’occupait plus que d’elle, observait tous ses mouvements, suivait avec une attention amusée les jolis doigts de fée, qui, avec une agilité surprenante, comme en se jouant, disposaient dans des vases précieux les fleurs aux teintes vives ou tendres, toujours harmonieusement assorties avec un goût inné très sûr. Et quand ce travail, qui ne demandait guère plus de quelques minutes, était achevé, quand la bouquetière se disposait à faire sa révérence et à se retirer, elle la retenait toujours un peu, la faisait bavarder, paraissait s’intéresser énormément à ses propos parfois naïfs, parfois malicieux, parfois très sérieux, quand elle parlait de ses affaires, en petite ménagère soigneuse et économe, en commerçante avisée, et souriant à ses boutades avec une indulgente bonté.
    Et c’était non pas seulement « incroyable », comme avait dit Brin de Muguet à Valvert, c’était encore touchant, oui, bien touchant vraiment, de voir cette grande dame, toujours si souverainement majestueuse et grave, se montrer si simple, si familière, si maternellement indulgente avec cette pauvre petite bouquetière des rues. Si bien, que la pauvre petite bouquetière des rues, naturellement renfermée, quelque peu sauvage, d’une fierté singulièrement ombrageuse sans jamais se départir du respect le plus profond, se sentait tout à fait à son aise, s’abandonnait peu à peu, s’apprivoisait de plus en plus. La pauvre petite bouquetière des rues, qui n’avait jamais connu la douceur des caresses maternelles, dont l’enfance s’était déroulée triste, abandonnée, qui n’avait jamais essuyé de la part de La Gorelle que rebuffades, injures, mauvais coups, les pires traitements enfin, qui, dans cet enfer qu’avaient été ses premières années, n’avait rencontré nulle part, ni pitié, ni affection, l’humble petite bouquetière des rues se mettait à aimer de toutes les forces de son petit cœur reconnaissant cette bienfaitrice qui, oubliant volontairement le haut rang qui était le sien, se montrait avec elle si douce, si bonne, si maternelle enfin.
    Nous avons dit que Valvert avait assisté plusieurs fois à ces entretiens. En effet, la duchesse ne faisait nullement un mystère de ses singulières relations avec cette pauvre fille des rues. Elle ne s’enfermait pas en tête à tête avec elle. A ces entretiens, elle laissait assister ceux de ses familiers qui, de par leurs fonctions, avaient le droit de se tenir près d’elle. Et Valvert était de ceux-là. Ce qui ne veut pas dire que, quoique présent, il entendait tout ce que se disaient les deux femmes, ou, pour mieux dire, ce que disait Brin de Muguet, car la duchesse se contentait d’écouter en souriant des confidences qu’elle savait provoquer par d’adroites questions. Seulement, dans ces cas-là, elle appelait la jeune fille d’un signe, la faisait asseoir sur un tabouret près d’elle et baissait la voix. Comme il régnait chez elle une étiquette plus stricte et plus méticuleuse, certes, que celle de la cour de France, les assistants – et

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