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La Fin de Pardaillan

Titel: La Fin de Pardaillan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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heures de réconfort et de bonheur sans mélange dont s’illumine ma pauvre existence, et pour rien au monde je ne voudrais m’en priver, ou simplement les abréger.
    Ces paroles avaient jailli spontanément, comme malgré elle. Il était certain qu’elle venait de dire la vérité. Il faut croire pourtant qu’elle avait des raisons de la cacher, cette vérité, car elle ne l’eût pas plus tôt lâchée qu’elle se mordit les lèvres, et regretta amèrement d’avoir parlé.
    – Ah ! vous allez à la campagne ! Chez des amis, sans doute ? fit Valvert.
    Elle eut un geste évasif et ne répondit pas. Valvert d’ailleurs n’insista pas. Comme on dit, il n’avait parlé que pour parler, pour s’entraîner, sans trop savoir ce qu’il disait. Ils continuèrent d’avancer côte à côte, en silence. A chaque pas qu’il faisait, Valvert se disait :
    « Je parlerai tout à l’heure. »
    Et il ne parlait pas. Elle n’était pas très longue, cette rue Saint-Nicaise. Pourtant Valvert la trouvait terriblement courte et se désespérait de voir approcher si vite la rue Saint-Honoré… La rue Saint-Honoré, sillonnée d’une foule de passants endimanchés où il ne pourrait plus parler et où il lui faudrait se séparer d’elle. Par contre, et c’est tout naturel, elle lui paraissait interminable à elle. Il lui semblait qu’elle n’atteindrait jamais la rue Saint-Honoré… La rue Saint-Honoré, où elle serait délivrée de la menace qu’elle sentait suspendue sur sa tête.
    Ils arrivèrent près de l’hospice des Quinze-Vingts sans avoir ajouté un mot. Déjà ils pouvaient voir les passants de la rue Saint-Honoré. Encore quelques pas, ils seraient au milieu de ces passants. Il serait trop tard pour lui. Elle, serait débarrassée. Valvert prit héroïquement son parti.
    Il s’arrêta et se plaça devant elle de telle manière qu’il lui barrait le passage. Non pas qu’il eût calculé la manœuvre : il était bien trop troublé pour calculer quelque chose. Simplement parce que la rue était étroite et que d’instinct il avait voulu tourner le dos à ces horribles gêneurs qui allaient et venaient, là-bas, dans cette maudite rue Saint-Honoré.
    Elle dut s’arrêter. Elle le vit très pâle, la sueur de l’angoisse au front. Elle comprit. Elle se fit instantanément très sérieuse, presque hostile. Un pli dur barra son front si pur. Son regard rieur devint de glace. Et elle eut un geste de mécontentement des plus significatifs.
    Lui, ne vit rien. Il réunit tout son courage et, à moitié suffoqué, tant le cœur lui battait violemment dans la poitrine, balbutia :
    – Laissez-moi implorer une grâce… une grande grâce de vous. Elle eut un nouveau geste d’ennui, plus accentué, regarda à droite et à gauche comme si elle cherchait par où elle pourrait s’évader et, ne trouvant pas sans doute, tenta d’écarter le coup :
    – Je vous en prie, dit-elle d’une voix toute changée, laissez-moi passer… Je vous ai dit que j’étais très pressée.
    Il implora à son tour :
    – Je vous en supplie, laissez-moi parler. Je vous jure que je ne vous retiendrai pas longtemps.
    Elle comprit qu’elle devait se résigner à accepter l’inévitable.
    – Parlez donc, fit-elle sèchement.
    Il se sentit étreint à la gorge par une terrible angoisse. C’est que son attitude, qu’il commençait à bien voir, parlait un langage d’une éloquence terrible pour lui. Ce n’était pas le chaste émoi de la vierge qui, tout en le redoutant, appelle de tous ses vœux l’aveu de l’aimé. C’était l’air ennuyé de la femme qui n’aime pas, c’était la froide indifférence. Il sentit cela d’instinct. Il entrevit que la catastrophe allait fondre sur lui. Néanmoins il s’était trop engagé pour reculer maintenant. Il alla jusqu’au bout. Il parla. Et pas une des paroles qu’il avait préparées d’avance ne lui revenant à la mémoire abolie, il prononça ceci d’une voix rauque, indistincte :
    – Voulez-vous être ma femme ?
    Et il le prononça à peu près comme il eût asséné un coup de poing formidable, capable d’assommer un bœuf.
    Et l’effet que produisirent ces paroles fut bien, en effet, celui d’une véritable assommade : elle demeura un instant sans voix, suffoquée, fixant sur lui deux yeux exorbités où se lisait un étonnement immense, prodigieux. Car c’était cela qui la laissait sans voix : l’étonnement qui la submergeait. Il est clair

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