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La Flèche noire

La Flèche noire

Titel: La Flèche noire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Louis Stevenson
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conduisant à un étang dans la forêt et commandée dans toute sa longueur par les créneaux des deux tours du sud. Sauf qu’on avait laissé un ou deux grands arbres touffus à une portée de flèche des murs, la maison était en bonne position de défense.
    Dans la cour Dick trouva une partie de la garnison occupée aux préparatifs de défense et discutant tristement sur les chances d’un siège. Quelques-uns faisaient des flèches, d’autres aiguisaient des épées depuis longtemps hors d’usage, mais même en travaillant ils branlaient la tête.
    Douze des gens de Sir Daniel s’étaient enfuis de la bataille, s’étaient risqués à traverser la forêt et étaient arrivés vivants à Moat-House. Mais sur ces douze, trois avaient été sérieusement blessés, deux à Risingham dans le désordre de la déroute, un par la terreur de Jean Répare-tout en traversant la forêt. Cela mettait la force de la garnison en comptant Hatch, Sir Daniel et le jeune Shelton à un effectif de vingt-deux hommes. Et à tout moment on pouvait espérer en voir arriver d’autres. Le danger, par conséquent, n’était pas dans le manque d’hommes.
    C’était la terreur de la Flèche-Noire qui déprimait les courages. De leurs ennemis déclarés du parti d’York, par ces temps de changements continuels, ils ne se préoccupaient guère. Le monde, comme on disait alors, pouvait changer encore avant qu’il n’arrive du mal. Mais leurs voisins dans la forêt les faisaient trembler. Ce n’était pas Sir Daniel seul qui était en butte à la haine. Les hommes, certains de l’impunité, s’étaient conduits cruellement dans tout le pays. De durs ordres avaient été exécutés durement, et, de la petite bande qui causait, assise dans la cour, il n’y en avait pas un qui ne fût coupable de quelque excès ou cruauté. Et maintenant, par la fortune de la guerre, Sir Daniel était devenu impuissant à protéger ses instruments   ; maintenant, résultat de quelques heures de bataille, auxquelles beaucoup d’entre eux n’avaient pas assisté, ils étaient tous devenus de punissables traîtres envers l’État, hors du bouclier de la loi, troupe diminuée dans une pauvre forteresse à peine tenable, exposés de tous côtés au juste ressentiment de leurs victimes. Et les menaces n’avaient pas manqué pour les informer de ce qui les attendait.
    À différents moments du soir et de la nuit, pas moins de sept chevaux sans cavalier étaient venus hennir de terreur à la porte. Deux étaient de la troupe de Selden, cinq appartenaient à des hommes qui étaient allés à la bataille avec Sir Daniel. En dernier lieu, un peu avant le jour, un lancier était venu en chancelant sur le côté du fossé, percé de trois flèches   ; comme on le transportait, il rendit l’âme   ; mais d’après les paroles qu’il prononça dans son agonie, il devait être le dernier survivant d’une troupe nombreuse.
    Hatch lui-même montrait sous sa peau tannée la pâleur de l’anxiété, et, quand il eut pris Dick à part, et appris le sort de Selden, il tomba sur un banc de pierre et bel et bien pleura. Les autres, d’où ils étaient assis sur des escabeaux ou des pas de portes dans l’angle ensoleillé de la cour, le regardaient avec étonnement et inquiétude, mais pas un n’osa s’informer au sujet de son émotion.
    – Eh bien, maître Shelton, dit Hatch enfin… non, mais qu’ai-je dit   ? Nous partirons tous. Selden était un homme de savoir faire   ; il était pour moi comme un frère. Eh bien   ! il est parti le second   ; et nous suivrons tous   ! Que disaient leurs vers de gredins   ?… Une flèche noire dans chaque cœur noir. N’était-ce pas comme cela   ? Appleyard, Selden, Smith, le vieil Humphrey partis et ce pauvre John Carter, gît là, criant   ; pauvre pécheur, après le prêtre.
    Dick écouta. Par une fenêtre basse tout près de l’endroit où ils causaient, des gémissements et des murmures arrivaient à son oreille.
    – Est-il là   ? demanda-t-il.
    – Oui, dans la chambre du second portier, répondit Hatch, nous n’avons pu le porter plus loin, corps et âme étaient trop mal en point. À chaque pas que nous faisions, il croyait s’en aller. Mais à présent je pense que c’est l’âme qui souffre. Toujours c’est le prêtre qu’il demande et je ne sais pourquoi. Sir Olivier n’arrive pas. Ce sera une longue confession, mais le pauvre Appleyard et le pauvre Selden n’en ont pas eu.
    Dick

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