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La jeune fille à la perle

La jeune fille à la perle

Titel: La jeune fille à la perle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Tracy Chevalier
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ses
parents en parler. Peut-être avait-elle flairé quelque chose en surprenant, un
matin, Catharina en train d’apporter le coffret ou, un soir, mon maître en
train de le rapporter. Quoi qu’elle ait vu ou compris, elle décida une fois de
plus qu’il était temps d’attiser les choses.
    Elle ne m’aimait pas, sans
qu’elle sût trop pourquoi, elle éprouvait à mon égard une vague méfiance. En ce
sens, elle rappelait beaucoup sa mère.
    Elle commença par une demande,
comme elle l’avait fait lors de l’incident du col déchiré ou lors de celui de
la peinture rouge sur mon tablier. La matinée était pluvieuse, Catharina se coiffait
et Cornelia traînait à ses côtés, la regardant. Étant occupée à empeser le
linge dans la buanderie, je ne les entendis pas, mais je suppose que ce fut
elle qui suggéra à sa mère de retenir ses cheveux avec des peignes en écaille.
    Quelques minutes plus tard,
Catharina apparut dans l’embrasure de la porte séparant la buanderie de la
cuisine et annonça : « Il me manque un peigne, l’une de vous
l’aurait-elle vu ? » Même si elle s’adressait à Tanneke et moi, il
était évident qu’elle me scrutait du regard.
    « Non, Madame »,
répondit avec gravité Tanneke, qui arriva de la cuisine et se plaça, elle
aussi, dans l’embrasure de la porte, afin d’épier mes réactions.
    « Non, Madame »,
répétai-je. Surprenant un coup d’oeil furtif de Cornelia empreint de cette
malveillance qui lui était si naturelle, je compris qu’elle avait comploté
quelque chose qui me mettrait en cause une fois de plus.
    Elle n’aura de cesse que je
m’en aille, me dis-je.
    « Quelqu’un doit savoir où
il se trouve, dit Catharina.
    — Voulez-vous que je vous aide
à regarder encore une fois dans le placard, Madame ? proposa Tanneke. Ou
devrions-nous chercher ailleurs ? ajouta-t-elle, d’un ton plein de
sous-entendus.
    — Peut-être se trouve-t-il
dans votre coffret à bijoux, suggérai-je.
    — Peut-être. »
    Catharina regagna le couloir.
Cornelia fit demi-tour et la suivit.
    Je ne pensais pas qu’elle
suivrait cette suggestion, puisqu’elle venait de moi. En l’entendant dans
l’escalier, je compris toutefois qu’elle se rendait à l’atelier, aussi me
hâtai-je de l’y rejoindre, sachant qu’elle aurait besoin de moi. Elle
attendait, furieuse, à l’entrée de l’atelier, Cornelia était derrière elle.
    « Apportez-moi le
coffret », ordonna calmement Catharina, l’humiliation de ne pas pouvoir
entrer dans la pièce donnant à son intonation un tranchant que je ne lui
connaissais pas. Elle s’exprimait souvent d’un ton sec et d’une voix forte,
aussi ce contrôle tranquille dans sa façon de s’exprimer était-il beaucoup plus
terrifiant.
    Je pouvais entendre mon maître
s’affairer au grenier. Je savais ce qu’il faisait, il broyait du lapis pour
peindre la nappe. Je pris le coffret et l’apportai à Catharina, laissant les
perles sur la table. Sans mot dire, elle l’emporta, traînant toujours Cornelia
derrière elle, tel un chat qui s’imagine qu’on va lui donner à manger. Elle se
dirigeait vers la grande pièce, prévoyant de vider son coffret afin de vérifier
s’il ne manquait rien d’autre. Peut-être manquerait-il autre chose, comment
deviner ce qu’une enfant de sept ans décidée à jouer un méchant tour pourrait
inventer ? Non, elle ne trouverait pas le peigne dans son coffret, je
savais exactement où il était.
    Au lieu de la suivre, je montai
au grenier.
    Il me contempla d’un air
étonné, tenant le pilon en suspens au-dessus du bol, toutefois, il ne me
demanda pas pourquoi j’étais montée et se remit à broyer le lapis.
    J’ouvris le bahut où je
rangeais mes affaires et sortis le peigne de son mouchoir. Il était rare que je
regarde ce peigne, n’ayant ni l’occasion de le porter dans cette maison ni le
temps de l’admirer. Il me rappelait trop le genre de vie que je ne pourrais
jamais connaître en tant que servante. En l’examinant, je m’aperçus qu’il ne
s’agissait pas du peigne de ma grand-mère, même s’il lui ressemblait beaucoup.
La coquille ornant l’extrémité était plus allongée, plus incurvée et chaque
lobe était ourlé de minuscules crénelures. Il était à peine plus délicat que
celui de ma grand-mère.
    Restait à savoir si je
reverrais un jour le peigne de ma grand-mère…
    Je demeurai si longtemps assise
sur mon lit, le peigne sur mes genoux, qu’il

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