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La Liste De Schindler

La Liste De Schindler

Titel: La Liste De Schindler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thomas Keneally
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aussi pour acheter des armes et des munitions au cas où les SS auraient pris sur eux de nous exterminer quand viendrait la grande débandade. » Ce portrait d’un Herr Direktor parcourant la Moravie en tous sens pour venir en aide à ses travailleurs témoigne de la gratitude et de l’amitié que lui vouait Stern. Mais Emilie avait sans doute, compris que toutes les absences d’Oskar n’étaient pas à mettre au compte de la solidarité.
    Oskar était en tournée le jour où Janek Dresner, dix-neuf ans, fut accusé de sabotage. Dresner ignorait tout du travail en usine. A Plaszow, on l’employait à la station d’épouillage où il distribuait des serviettes aux SS venus prendre une douche quand il ne faisait pas bouillir les vêtements remplis de poux des prisonniers (il avait d’ailleurs attrapé le typhus et ne s’en était tiré que parce que son cousin, le Dr Schindel, l’avait fait entrer au dispensaire sous prétexte d’angine).
    Le responsable du « sabotage » était en fait l’ingénieur Schoenbrun, l’un des directeurs techniques allemands : c’est lui qui avait transféré Dresner de l’atelier des tours à celui des grosses presses. Les techniciens avaient travaillé plusieurs semaines à mettre au point le calibrage des presses, mais la première fois où Dresner appuya sur le bouton de mise en marche, cela provoqua un court-circuit qui fissura une des plaques. Schoenbrun commença par engueuler copieusement le garçon avant de faire un rapport circonstancié qu’il expédia aux sections D et W d’Oranienburg, à Hassebroeck à Gröss-Rosen, et à l’Untersturmführer Liepold qui dirigeait le camp de Brinnlitz.
    Le lendemain matin, Oskar n’était toujours pas rentré. Stern choisit de mettre le courrier au placard. Mais Liepold avait déjà reçu son rapport, délivré par porteur. Fidèle aux instructions, celui-ci attendait le feu vert de Hassebroeck et d’Oranienburg avant de procéder à l’exécution par pendaison du « saboteur ». Deux jours plus tard, Oskar n’était toujours pas réapparu.
    —  Il doit faire une sacrée java, commentait-on dans les ateliers.
    Schoenbrun finit par découvrir que Stern avait planqué le courrier. Il piqua une rage et dit à Stern que son nom figurerait dans le rapport. L’autre commençait à connaître la musique : s’il n’avait pas expédié le rapport, c’était par simple courtoisie vis-à-vis de Herr Direktor. Celui-ci devait être mis au courant. Herr Direktor serait consterné d’apprendre qu’un prisonnier avait cassé une machine et qu’il lui en coûterait au moins dix mille Reichsmark pour la réparer. Il fallait attendre Herr Direktor pour que lui aussi puisse ajouter ses propres commentaires.
    Herr Direktor finit par réapparaître. Stern se précipita sur lui pour le mettre au courant de ce qui venait de se passer. L’Untersturmführer Liepold attendait également Oskar. Il venait de trouver un bon prétexte pour fourrer son nez dans la marche de l’usine, et il allait s’en saisir.
    —  Je présiderai l’audience, dit-il à Oskar. Vous, Herr Direktor, devrez témoigner par écrit de l’étendue des dégâts.
    —  Eh ! une minute, dit Oskar. C’est ma machine qu’on a cassée. C’est moi qui présiderai.
    Liepold n’était pas d’accord. Selon lui, le prisonnier était sous la juridiction de la section D.
    —  Mais la machine, elle, est sous la juridiction de l’Inspection des armements, répliqua Oskar. De plus, je ne peux pas autoriser la constitution d’un tribunal dans mes ateliers. Si Brinnlitz avait été une fabrique de chaussures, soit. Cette affaire n’aurait eu qu’un impact limité sur la production. Mais n’oubliez pas que je dirige une usine de munitions, que je fabrique des pièces pour des armes secrètes. Je ne peux pas prendre le risque de la moindre perturbation au sein de la main-d’œuvre.
    Oskar finit par convaincre Liepold. Celui-ci, conscient des hautes protections de Herr Direktor, ne voulait sans doute pas pousser le bouchon trop loin. L’audience eut lieu un soir dans un des ateliers de la DEF. Le tribunal était composé d’un président, Herr Oskar Schindler, et de deux assesseurs, Herr Schoenbrun et Herr Fuchs. Une jeune Allemande remplissait le rôle de greffière. L’accusé se retrouva donc devant une cour qui avait toutes les apparences de la légalité. Aux termes de la circulaire émise le 11 avril 1944 par les services de la section D, Janek allait

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