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La Liste De Schindler

La Liste De Schindler

Titel: La Liste De Schindler Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Thomas Keneally
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construire un cercueil dans lequel on apposa une plaque sur laquelle était gravée la fiche d’identité de la vieille dame. Levartov fut autorisé à quitter le camp accompagné du minyan – le chœur des dix hommes appelés à réciter la prière des morts – afin que l’enterrement s’effectue selon les rites.
    Stern fait remonter aux funérailles de Mme Hofstatter la demande d’Oskar pour qu’un coin du cimetière chrétien de Deutsch-Bielau, un village des environs, fût réservé aux juifs. Oskar se serait rendu un dimanche au presbytère pour faire une proposition au curé. Un conseil de la paroisse, aussitôt assemblé, aurait accepté de lui vendre un morceau de terrain adjacent au cimetière. On sait cependant que certains membres du conseil s’opposèrent à cette décision en arguant que la loi canon devait être interprétée à la lettre et que les corps des païens ne sauraient reposer en terre chrétienne.
    D’autres prisonniers ont affirmé qu’Oskar avait acheté le terrain au moment de l’arrivée des gens de Goleszow. Le curé de la paroisse aurait alors indiqué à Oskar le coin du cimetière réservé aux suicidés, en suggérant que les morts de Goleszow fussent enterrés à cet endroit. Oskar aurait répliqué qu’il ne s’agissait pas là de suicide, mais d’un véritable génocide.
    Quoi qu’il en soit, le décès de Mme Hofstatter a dû coïncider avec l’arrivée des morts de Goleszow. Ils furent tous enterrés selon le rite hébraïque dans le cimetière juif de Deutsch-Bielau.
    Ces rites funéraires avaient eu un énorme impact sur le moral des prisonniers. Ils avaient vu les corps squelettiques, complètement tordus, qui n’avaient plus aucune apparence d’humanité. Le rituel religieux restaurait un peu de dignité humaine, aux morts comme aux vivants.
    Un Unterscharführer SS d’un certain âge, grassement payé par Oskar, veillait à la bonne tenue du cimetière.
    Emilie Schindler avait pris sur elle de traiter personnellement quelques affaires pressantes. Munie de faux laissez-passer procurés par Bejski, elle était partie, accompagnée de deux prisonniers, dans un camion chargé de vodka et de cigarettes en direction de la ville minière d’Ostrava, proche de la frontière polonaise. Grâce aux contacts de son mari, elle réussit à échanger sa cargaison contre des baumes anti gelures, des sulfamides et ces quelques pilules vitaminées que Biberstein se désespérait de pouvoir se procurer. Emilie semblait avoir chaussé les bottes d’Oskar. Elle se mettait à voyager.
    Ces premiers morts furent les derniers. Les gens de Goleszow étaient des « musulmans », c’est-à-dire des personnes qui, selon les critères de l’époque, n’avaient aucune chance de s’en tirer. Emilie ne croyait pas aux critères. Elle passait son temps à les nourrir. « Aucun de ces mourants n’aurait survécu sans les soins d’Emilie », affirmera Biberstein. Non seulement ils survécurent, mais ils commencèrent à vouloir se rendre utiles. Aussi, un magasinier demanda-t-il un jour à l’un d’entre eux de transporter une caisse dans un des ateliers. « Excusez-moi, monsieur, répondit l’homme. La caisse pèse trente-cinq kilos, et moi je n’en pèse que trente-deux. Ça paraît difficile, non ? »
    Rien ne fonctionnait. Ni les machines ni la main d’œuvre. C’est dans cette ambiance de débâcle qu’arriva Amon Goeth, à nouveau libre. Les SS l’avaient relâché pour cause de diabète. C’est vêtu d’un vieil uniforme dont les galons avaient disparu qu’il se présenta à Brinnlitz pour saluer les Schindler. Deux histoires circulent sur les motifs de sa visite. Il serait venu pour récupérer un petit trésor dont Oskar aurait eu la charge. Ou alors pour tenter d’obtenir un poste de direction dans l’usine. Peut-être cherchait-il simplement à se planquer.
    Son séjour en prison l’avait considérablement amaigri. Il avait le visage dégonflé. Mis à part son teint jaune-bistre, il ressemblait beaucoup plus à l’Amon qui avait débarqué à Cracovie au début de l’année 1943 pour liquider le ghetto. Mais son regard avait changé : il était vide. Les prisonniers, ébahis, contemplaient cette silhouette de l’au-delà qui leur rappelait les pires cauchemars. Helena Hirsch, pétrifiée, souhaitait par-dessus tout qu’il disparaisse à nouveau. Tandis qu’Amon traversait la cour de l’usine pour se rendre au bureau d’Oskar, quelques

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