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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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Musashi.
    — Musashi ! Je suis
Inshun ! cria le même prêtre. On me dit tu es venu tuer Agon en mon
absence. Qu’ensuite, tu as publiquement insulté à l’honneur du Hōzōin.
Que tu t’es moqué de nous en faisant placarder des affiches dans toute la
ville. Est-ce vrai ?
    — Non ! cria Musashi.
Puisque tu es prêtre, tu ne devrais pas te fier uniquement à ce que tu vois et
à ce que tu entends. Tu devrais envisager les choses avec ton âme et avec ton
esprit.
    C’était là mettre de l’huile sur
le feu. Sans tenir compte de leur chef, les prêtres se mirent à vociférer que l’heure
n’était pas aux palabres, mais au combat.
    Ils se trouvaient secondés avec
enthousiasme par les rōnins, groupés en formation serrée à gauche de
Musashi. Poussant des cris perçants, jurant, brandissant leurs sabres, ils
encourageaient les prêtres à passer à l’action.
    Musashi, persuadé que les rōnins
 étaient plus forts en discours qu’au combat, se retourna soudain sur eux en
criant :
    — Bon ! Lequel d’entre
vous désire se présenter ?
    Tous, sauf deux ou trois,
reculèrent d’un pas ; chacun avait la certitude que le mauvais œil de
Musashi était sur lui. Les deux ou trois braves se tenaient prêts, sabre au clair,
relevant le défi.
    En un clin d’œil, Musashi, pareil
à un coq de combat, était sur l’un d’eux. Il y eut un bruit comme celui d’un
bouchon qui saute, et le sol devint rouge. Puis ce ne fut pas un cri de guerre,
ni un juron, mais un hurlement à vous glacer le sang.
    Le sabre de Musashi sifflait dans
l’air ; un écho dans son propre corps l’avertissait quand il rencontrait
un os humain. Sa lame faisait gicler sang et cervelle ; des doigts, des
bras volaient partout.
    Les rōnins  étaient venus
pour assister au carnage, non pour y prendre part ; mais leur faiblesse
avait incité Musashi à les attaquer en premier. Au tout début, ils faisaient
assez bonne figure, car ils croyaient que les prêtres ne tarderaient pas à
venir à leur secours. Mais ceux-ci se tenaient silencieux, immobiles, tandis
que Musashi s’empressait de massacrer cinq ou six rōnins, ce qui jeta les
autres en pleine confusion. Bientôt, ils lancèrent des coups à l’aveuglette, en
se blessant le plus souvent les uns les autres.
    La plupart du temps, Musashi n’était
pas vraiment conscient de ce qu’il faisait. Il se trouvait dans une espèce de
transe, un rêve meurtrier où son corps et son âme se concentraient dans son
sabre long d’un mètre. Inconsciemment, toute son expérience vitale – les
connaissances que son père lui avait inculquées à coups de bâton, ce qu’il
avait appris à Sekigahara, les théories qu’il avait entendu exposer dans les
diverses écoles d’escrime, les leçons que lui avaient enseignées les montagnes
et les arbres –, tout cela entra en jeu dans les rapides mouvements de son
corps. Il devint un tourbillon désincarné qui fauchait la troupe des rōnins
 dont l’ahurissement faisait une proie facile.
    Pendant la courte durée du combat,
l’un des prêtres compta le nombre de ses inspirations et de ses expirations.
Tout fut terminé avant qu’il eût respiré vingt fois.
    Musashi était trempé du sang de
ses victimes. Les quelques rōnins qui restaient se trouvaient aussi
couverts de sang. La terre, l’herbe, l’air même étaient ensanglantés. L’un d’eux
poussa un cri strident, et les rōnins survivants s’enfuirent en tous sens.

    Durant ces événements, Jōtarō
s’absorbait dans la prière. Les mains jointes, les yeux au ciel, il implorait :
    — Oh ! Dieu du ciel,
venez à son aide ! Mon maître, là-bas, dans la plaine, fait face à des
ennemis terriblement supérieurs en nombre. Il est faible, mais il n’est pas
mauvais. Je vous en prie, secourez-le !
    Malgré les instructions que
Musashi lui avait données de partir, il en était incapable. L’endroit où il
avait finalement choisi de s’asseoir, son chapeau et son masque à côté de lui,
était un monticule d’où il pouvait voir la scène qui se déroulait au loin,
autour du feu de camp.
    — ... Hachiman ! Kompira !
Dieu du sanctuaire de Kasuga ! Regardez ! Mon maître s’avance droit
sur l’ennemi. Oh ! dieux du ciel, protégez-le. Il n’est pas lui-même. D’habitude,
il est doux et gentil, mais depuis ce matin il a été un peu bizarre. Il doit
être fou, sinon il n’accepterait pas le défi de tant d’hommes à la fois !
Oh ! je vous en

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