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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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Shōgun, et la famille entière était plongée
dans les traditions de la classe guerrière. Dans l’ère nouvelle qui s’annonçait,
ils avaient le vent en poupe.
    « Ce sera l’épreuve décisive »,
se disait Musashi qui, tout en mangeant son riz, se préparait pour la
rencontre.
     
     
     
La pivoine
     
    La dignité du vieil homme avait
grandi avec les années, au point que maintenant il ne ressemblait à rien tant
qu’à une grue majestueuse ; en même temps, il conservait l’apparence et
les façons du samouraï bien élevé. Il avait les dents saines, les yeux
étonnamment perçants. « Je deviendrai centenaire », assurait-il
souvent à tout un chacun.
    Sekishūsai en était lui-même
fermement convaincu. « L’on a toujours vécu vieux dans la Maison de Yagyū,
se plaisait-il à faire observer. Ceux qui sont morts entre vingt et quarante
ans ont été tués au combat ; tous les autres ont nettement dépassé la
soixantaine. » Parmi les innombrables guerres auxquelles il avait lui-même
pris part, il y en avait plusieurs de première importance, dont la révolte des
Miyoshi et les combats marquant l’élévation et la chute des familles Matsunaga
et Oda.
    Même si Sekishūsai n’était
pas né dans une telle famille, son mode de vie, et notamment son attitude après
qu’il eut atteint la vieillesse, autorisèrent à croire qu’il deviendrait centenaire.
A l’âge de quarante-sept ans, il avait décidé pour des raisons personnelles de
renoncer à la guerre. Rien depuis n’avait ébranlé cette résolution. Il avait
fait la sourde oreille aux instances du Shōgun Ashikaga Yoshiaki, ainsi qu’aux
demandes réitérées de Nobunaga et de Hideyoshi de s’allier avec eux. Bien qu’il
vécût dans l’ombre de Kyoto et d’Osaka, il refusait de se laisser entraîner
dans les fréquentes batailles de ces centres de pouvoir et d’intrigue. Il
préférait demeurer à Yagyū comme un ours dans sa tanière, et s’occuper de
son domaine de quinze mille boisseaux de manière à pouvoir le transmettre en
bon état à ses descendants. Sekishūsai observa un jour : « J’ai
bien fait de me cramponner à ce domaine. En ces temps incertains où les chefs s’élèvent
un jour et tombent le lendemain, il est presque incroyable que ce seul petit
château ait réussi à survivre intact. »
    Ce n’était nullement de l’exagération.
Si Sekishūsai avait soutenu Yoshiaki, il eût été victime de Nobunaga, et s’il
avait soutenu Nobunaga il eût fort bien pu se heurter à Hideyoshi. Eût-il
accepté le patronage de Hideyoshi, Ieyasu l’eût dépossédé après la bataille de
Sekigahara.
    Sa perspicacité, que l’on
admirait, constituait un atout ; mais pour survivre en des temps aussi
troublés Sekishūsai devait avoir une force intérieure qui manquait aux
samouraïs ordinaires de son époque ; tous n’étaient que trop enclins à s’allier
un jour avec un homme qu’ils abandonneraient le lendemain sans vergogne, à ne
se soucier que de leurs intérêts égoïstes – sans égards pour les
convenances ou l’intégrité –, voire à massacrer leur propre famille si
elle gênait leurs ambitions personnelles.
    « Je suis incapable de faire
ce genre de chose », déclarait simplement Sekishūsai. Et il disait
vrai. Il n’avait pourtant pas renoncé à l’Art de la Guerrelui-même.
Dans l’alcôve de son salon figurait un poème de sa main. Il disait :
     
    Je
n’ai pas de méthode habile
    Pour
réussir dans la vie.
    Je
ne m’appuie que sur l’Art de la Guerre.
    Il
est mon dernier refuge.
     
    Quand Ieyasu l’invita à visiter
Kyoto, Sekishūsai estima impossible de refuser ; il sortit de
plusieurs décennies de solitude sereine pour effectuer son premier voyage à la
cour du Shōgun. Il emmena son cinquième fils, Munenori, âgé de vingt-quatre
ans, et son petit-fils Hyōgo qui n’avait alors que seize ans. Ieyasu non
seulement confirma le vénérable vieux guerrier dans ses fiefs, mais lui demanda
d’enseigner les arts martiaux à la Maison de Tokugawa. Sekishūsai déclina
cet honneur en raison de son âge, et demanda que Munenori fût nommé à sa place ;
Ieyasu acquiesça.
    L’héritage qu’emporta Munenori à
Edo comprenait plus qu’une habileté merveilleuse aux arts martiaux : son
père lui avait aussi transmis une connaissance du plan supérieur de l’Art de la
Guerrequi permet à un chef de gouverner sagement.
    Selon Sekishūsai, l’Art de la
Guerreétait à

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