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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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noble de Kyoto, et je n’ai jamais appris avec un professeur ni l’arrangement
floral, ni la cérémonie du thé.
    — Eh bien, on croirait le
contraire.
    — J’emploie avec les fleurs
la même méthode qu’avec le sabre.
    Otsū parut surprise.
    — Est-il vrai que vous
puissiez arranger des fleurs de la même façon que vous utilisez le sabre ?
    — Oui. Tout est une question
d’esprit. Je n’ai que faire de règles : tordre les fleurs du bout des
doigts ou les pincer au col. Ce qu’il faut, c’est avoir l’esprit adéquat :
être capable de les faire paraître vivantes, tout comme elles l’étaient avant d’être
cueillies. Regardez ! Ma fleur n’est pas morte.
    Otsū estimait que cet austère
vieillard lui avait appris bien des choses qu’elle avait besoin de savoir ;
or, puisque tout avait commencé par une rencontre fortuite sur la grand-route,
elle se jugeait fort chanceuse. « Je vous enseignerai la cérémonie du thé »,
disait-il. Ou bien : « Composez-vous des poèmes japonais ?
Alors, apprenez-moi quelque chose du style courtois. Le Man’yōshū est
bel et bon mais à vivre ici, dans ce lieu retiré, je préférerais entendre des
poèmes simples sur la nature. »
    En retour, elle faisait pour lui
de petites choses auxquelles personne d’autre ne pensait. Par exemple, il fut
enchanté lorsqu’elle lui confectionna un petit bonnet de tissu comme en portaient
les maîtres du thé. Il le gardait la plupart du temps sur le crâne, et le chérissait
comme si nulle part il n’eût rien existé de plus beau. Son art de la flûte lui
causait également un immense plaisir ; par les clairs de lune, le son
fascinant de l’instrument parvenait souvent jusqu’au château lui-même.
    Tandis que Sekishūsai et Otsū
parlaient de l’arrangement floral, Kizaemon s’approcha doucement de l’entrée du
chalet, et appela la jeune fille. Elle sortit et l’invita à l’intérieur, mais
il hésita.
    — Voudriez-vous faire savoir
à Sa Seigneurie que je rentre à l’instant de ma course ? lui demanda-t-il.
    Otsū se mit à rire.
    — C’est le monde à l’envers,
vous ne trouvez pas ?
    — Et pourquoi donc ?
    — Vous êtes ici le principal
serviteur. Je ne suis qu’une personne de l’extérieur, que l’on a fait venir
pour jouer de la flûte. Vous êtes beaucoup plus proche de lui que moi. Ne
devriez-vous pas aller le trouver directement, au lieu de passer par moi ?
    — Je suppose que vous avez
raison mais ici, dans la maisonnette de Sa Seigneurie, vous êtes un cas
particulier. Quoi qu’il en soit, veuillez lui faire la commission.
    Kizaemon était content, lui aussi,
de la façon dont les choses avaient tourné. Il avait trouvé en Otsū une
personne que son maître aimait beaucoup.
    Elle revint presque aussitôt dire
que Sekishūsai voulait que Kizaemon entrât. Ce dernier trouva le vieillard
dans la salle du thé, coiffé du bonnet confectionné par Otsū.
    — Déjà de retour ? dit Sekishūsai.
    — Oui. Je suis allé les voir,
et leur ai remis la lettre et les fruits, conformément à vos instructions.
    — Ils sont partis ?
    — Non. A peine étais-je de
retour ici qu’un messager est venu de l’auberge avec une lettre disant que
puisqu’ils se trouvaient à Yagyū, ils ne voulaient pas s’en aller sans
avoir vu le dōjō. Si possible, ils aimeraient venir demain. Ils
souhaiteraient aussi vous rencontrer pour vous présenter leurs devoirs.
    — Quels goujats ! Quels
fléaux !
    Sekishūsai paraissait extrêmement
agacé.
    — ... Avez-vous expliqué que
Munenori est à Edo, Hyōgo à Kumamoto, et qu’il n’y a personne d’autre ici ?
    — Je l’ai expliqué.
    — Je méprise ce genre de
gens. Même après que je leur ai envoyé quelqu’un pour leur dire que je ne puis
les voir, ils essaient de forcer ma porte.
    — Je ne sais pas ce que...
    — Les fils de Yoshioka m’ont
l’air aussi futiles qu’on le dit.
    — Celui du Wataya est Denshichirō.
Il ne m’a pas impressionné.
    — Le contraire me
surprendrait. Son père était un homme d’un caractère remarquable. Quand je suis
allé à Kyoto avec le seigneur Kōizumi, nous l’avons vu deux ou trois fois,
et avons bu le saké ensemble. Il semble que la maison ait décliné depuis lors.
Ce jeune homme a l’air de croire qu’être fils de Kempō lui donne ses
entrées ici ; aussi insiste-t-il pour nous défier. Mais selon nous, il est
absurde d’accepter ce défi, puis de renvoyer

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