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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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d’un pied de long. Ecrit d’une encre fine, évoquant la saveur du thé
léger, le message disait : « Pardonnez-moi d’envoyer mes salutations
par lettre au lieu de vous rencontrer moi-même ; hélas ! je suis un
peu enrhumé. J’espère qu’une pivoine blanche comme neige vous donnera plus de
plaisir que le nez coulant d’un vieillard. J’envoie la fleur par la main d’une
fleur, en espérant que vous agréerez mes excuses. Mon vieux corps se repose en
dehors du monde quotidien. J’hésite à montrer mon visage. Je vous en prie,
souriez avec pitié à un vieil homme. »
    Denshichirō eut un
reniflement de mépris, et réenroula la lettre.
    — ... C’est tout ?
demanda-t-il.
    — Non, il a dit aussi qu’il
aimerait prendre avec vous une tasse de thé, mais qu’il hésite à vous inviter
chez lui car il n’y a là que des guerriers ignorants des finesses de cette
cérémonie. Munenori se trouvant à Edo, il a le sentiment que le service du thé
serait grossier au point de provoquer l’hilarité de personnes venues de la
capitale impériale. Il m’a priée de vous demander pardon, et de vous dire qu’il
espère vous voir une autre fois.
    — Tiens, tiens ! s’exclama
Denshichirō, l’air soupçonneux. Si je vous comprends bien, Sekishūsai
nous croit impatients d’observer la cérémonie du thé. A vrai dire, étant de
familles de samouraïs, nous n’y entendons rien. Nous avions l’intention de
prendre personnellement des nouvelles de la santé de Sekishūsai, et de le
convaincre de nous donner une leçon d’escrime.
    — Il comprend cela tout à
fait, bien sûr. Mais il passe sa vieillesse dans la retraite, et a préféré s’exprimer
avec le langage du thé.
    Denshichirō répondit avec un
dégoût manifeste :
    — Eh bien, il ne nous laisse
d’autre choix que de renoncer. Veuillez lui dire que si nous revenons, nous
aimerions le voir.
    Et il rendit la pivoine à Otsū.
    — Elle ne vous plaît pas ?
Il croyait que peut-être elle vous réconforterait en route. Il a dit que vous
pourriez la suspendre à l’angle de votre palanquin, ou, si vous êtes à cheval,
l’attacher à votre selle.
    — Il me l’envoie comme
souvenir ?
    Denshichirō baissa les yeux,
comme insulté, puis, l’expression revêche, s’écria :
    — ... Mais c’est ridicule !
Vous pouvez lui dire que nous avons aussi des pivoines, à Kyoto !
    Dans ce cas, conclut Otsū,
inutile d’insister. En promettant de transmettre son message, elle prit congé
aussi délicatement qu’elle eût retiré le pansement d’une plaie ouverte. Ses
hôtes, de méchante humeur, la saluèrent à peine.
    Une fois dans le couloir, Otsū
se mit à rire doucement toute seule, jeta un coup d’œil au plancher noir et
luisant qui menait à la chambre qu’habitait Musashi, et prit la direction
opposée.
    Kocha sortit de la chambre de
Musashi, et courut après elle.
    — Vous partez déjà ?
demanda-t-elle.
    — Oui, j’ai fini ce que j’étais
venue faire.
    — Eh bien, c’était du rapide,
hein ?
    Abaissant les yeux sur la main d’Otsū,
elle demanda :
    — ... C’est une pivoine ?
Je ne savais pas qu’il y en avait des blanches.
    — Si. Elle vient du jardin du
château. Je vous la donne, si vous voulez.
    — Oh ! merci, dit Kocha,
les mains tendues.
    Après avoir dit au revoir à Otsū,
Kocha se rendit aux cuisines, et montra la fleur à tout le monde. Nul ne l’ayant
admirée, elle retourna, déçue, à la chambre de Musashi.
    Ce dernier, assis à la fenêtre, le
menton dans les mains, regardait en direction du château en méditant sur son
objectif : comment parvenir, d’abord à rencontrer Sekishūsai, et
ensuite à le vaincre au sabre ?
    — Vous aimez les fleurs ?
demanda Kocha en entrant.
    — Les fleurs ?
    Elle lui montra la pivoine.
    — Euh... Elle est belle.
    — Elle vous plaît ?
    — Oui.
    — Il paraît que c’est une
pivoine, une pivoine blanche.
    — Vraiment ? Pourquoi ne
la mets-tu pas dans ce vase, là-bas ?
    — Je ne sais pas arranger les
fleurs. Faites-le, vous.
    — Non, toi, fais-le. Mieux
vaut le faire sans réfléchir à l’aspect que ça aura.
    — Eh bien, je vais chercher
de l’eau, dit-elle en emportant le vase.
    L’œil de Musashi se posa par
hasard sur l’extrémité coupée de la tige de la pivoine. Il inclina la tête,
surpris, mais sans comprendre ce qui avait attiré son attention.
    L’intérêt superficiel était devenu
examen approfondi

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