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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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Insoucieux de sa nudité, il déclara :
    — Vous êtes la dame à la
flûte. Vous séjournez encore ici ?
    Ayant considéré le cheval avec
répulsion, il regardait Otsū droit dans les yeux.
    — C’est donc toi ! s’exclama-t-elle
avant de détourner des yeux gênés. Le petit garçon qui pleurait sur la
grand-route de Yamato...
    — Qui pleurait ? Je ne
pleurais pas !
    — Peu importe. Tu es ici
depuis combien de temps ?
    — Seulement depuis
avant-hier.
    — Seul ?
    — Non ; avec mon
professeur.
    — Ah ! oui, je me
souviens. Tu as bien dit que tu étudiais l’escrime, n’est-ce pas ? Que
fais-tu là, sans vêtements ?
    — Vous ne croyez tout de même
pas que je plongerais dans la rivière habillé, hein ?
    — Dans la rivière ? Mais
l’eau doit être glacée. Les gens de par ici riraient à l’idée d’aller nager à
cette époque de l’année.
    — Je ne nageais pas ; je
prenais un bain. Mon professeur a dit que je sentais la sueur ; aussi je
suis allé à la rivière.
    Otsū pouffa.
    — Où demeures-tu ?
    — Au Wataya.
    — Quoi ? J’en arrive.
    — Quel dommage que vous ne
soyez pas venue nous voir ! Et si vous reveniez avec moi maintenant ?
    — Impossible maintenant. J’ai
une commission à faire.
    — Alors, salut ! dit-il
en se détournant pour partir.
    — Jōtarō, viens
donc me voir un jour au château.
    — Vraiment ? C’est
possible ?
    A peine eut-elle parlé qu’Otsū
commença de regretter ses paroles ; mais elle dit :
    — Oui, mais veille à ne pas
venir habillé comme tu l’es maintenant.
    — Si c’est comme ça, je ne
veux pas y aller. Je n’aime pas les endroits où on fait des chichis.
    Otsū se sentit soulagée ;
elle souriait encore en retraversant à cheval le portail du château. Ayant
remis son cheval à l’étable, elle alla rendre compte de sa mission à Sekishūsai.
    Il dit en riant :
    — Alors, ils étaient en
colère ! Très bien ! Qu’ils le soient. Ce n’est pas leur faute.
    Au bout d’un moment, il parut se
rappeler autre chose :
    — ... Avez-vous jeté la
pivoine ? demanda-t-il.
    Elle expliqua qu’elle l’avait
donnée à la servante de l’auberge, et il approuva de la tête.
    — Le fils Yoshioka a-t-il
pris en main la pivoine pour la regarder ? demanda-t-il.
    — Oui. Quand il a lu la
lettre.
    — Et alors ?
    — Il s’est contenté de me la
rendre.
    — Il n’a pas regardé la tige ?
    — Pas que je sache.
    — Il ne l’a pas examinée ?
Il n’en a rien dit ?
    — Non.
    — J’ai bien fait de refuser
de le rencontrer. Il ne le mérite pas. La Maison de Yoshioka aurait mieux fait
de finir avec Kempō.
     
    L’on pourrait à bon droit
qualifier de grandiose le dōjō de Yagyū. Situé en dehors du
château, il avait été reconstruit vers la quarantième année de Sekishūsai,
et le bois robuste employé à sa construction lui donnait l’air indestructible.
Le poli du bois, acquis au cours des ans, semblait évoquer l’austérité des
hommes qui s’étaient entraînés là, et le bâtiment était assez vaste pour avoir
servi de caserne de samouraïs en temps de guerre.
    — Légèrement ! Pas avec
la pointe de ton sabre ! Avec tes tripes ! Tes tripes !
    Shōda Kizaemon, assis sur une
petite estrade, vêtu de la sous-robe et du hakama , rugissait des
instructions à deux aspirants escrimeurs.
    — ... Recommencez ! Ce n’est
pas ça du tout !
    Les remontrances de Kizaemon s’adressaient
à deux samouraïs de Yagyū qui, bien qu’étourdis et en nage, continuaient
de se battre avec obstination. Tous deux se remirent en garde, et s’affrontèrent
de nouveau comme flamme contre flamme.
    — A-o-o-oh !
    — Y-a-a-ah !
    A Yagyū, les débutants n’étaient
pas autorisés à se servir de sabres de bois. A la place, ils utilisaient un
bâton spécialement conçu pour le style Shinkage. Ce long et mince sac de cuir,
bourré de segments de bambou, était en fait un bâton de cuir, sans poignée ni
garde. Bien que moins dangereux qu’un sabre de bois, il pouvait tout de même
arracher une oreille ou mettre un nez en marmelade. Le combattant avait le
droit de s’attaquer à n’importe quelle partie du corps. Abattre un adversaire d’un
coup horizontal aux jambes était permis, et aucune règle n’interdisait de frapper
un homme à terre.
    — Allez ! Continuez !
Comme la dernière fois ! ordonnait Kizaemon.
    L’usage, ici, voulait qu’un homme
ne fût pas

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