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La pierre et le sabre

La pierre et le sabre

Titel: La pierre et le sabre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eiji Yoshikawa
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le moine.
    — Cet assassin a ruiné la vie
de mon fils.
    Toute tremblante, elle cria :
    — ... Et sans Matahachi, il n’y
a personne pour perpétuer le nom de notre famille !
    — Mon Dieu, répliqua Takuan,
permettez-moi de vous dire que de toute façon Matahachi n’a jamais valu
grand-chose. Ne feriez-vous pas mieux, en fin de compte, de prendre pour héritier
votre gendre ? De lui donner l’honorable nom de Hon’iden ?
    — Comment osez-vous dire une
chose pareille ? Soudain, la fière douairière éclata en sanglots.
    — ... Peu m’importe ce que vous
pensez. Personne ne le comprenait. Il n’était pas vraiment mauvais ; c’était
mon petit.
    Sa fureur reparut, et elle désigna
Takezō.
    — ... C’est lui qui l’a
dévoyé, qui en a fait un bon à rien comme lui-même. J’ai le droit de me venger.
    S’adressant à la foule, elle la
supplia :
    — ... Laissez-moi décider.
Reposez-vous-en sur moi. Je sais quoi faire de lui !
    En cet instant, un cri de colère
jailli des derniers rangs interrompit la vieille. La foule s’écarta comme une
étoffe déchirée, et le nouveau venu s’avança rapidement vers le devant de la
scène. C’était « Barbe hirsute » en personne, au comble de la fureur.
    — Que se passe-t-il ?
Ceci n’est pas une amusette ! Fichez-moi le camp, tous. Retournez
travailler. Rentrez chez vous. Tout de suite.
    Il y eut une hésitation, mais nul
ne s’en alla.
    — ... Vous m’avez entendu ?
Filez ! Qu’est-ce que vous attendez ?
    Il s’avança vers eux d’un air
menaçant, la main au sabre. Ceux du premier rang reculèrent, les yeux
écarquillés.
    — Non ! interrompit
Takuan. Ces bonnes gens n’ont aucune raison de partir. Je les ai fait venir
pour discuter du sort de Takezō.
    — Silence ! commanda le
capitaine. Vous n’avez rien à dire en cette affaire.
    Se dressant de toute sa taille et
considérant d’un œil furibond d’abord Takuan, puis Osugi et enfin la foule, il
tonna :
    — ... Ce Shimmen Takezō
n’a pas seulement commis de graves crimes contre les lois de cette province ;
il est aussi un fugitif de Sekigahara. Son châtiment ne saurait être décidé par
le peuple. Il doit être déféré au gouvernement !
    Takuan secoua la tête.
    — Sottise !
    Voyant que « Barbe hirsute »
se disposait à répliquer, il leva le doigt pour le faire taire.
    — ... Ce n’est pas là ce que
vous avez accepté !
    Le capitaine, dont la dignité se
trouvait gravement en péril, commença d’ergoter :
    — Ne doutez pas, Takuan, que
vous recevrez la somme offerte en récompense par le gouvernement. Mais en
qualité de représentant officiel du seigneur Terumasa, il est de mon devoir de
me charger ici du prisonnier. Son sort ne vous concerne plus. Cessez de vous en
inquiéter.
    Takuan, sans faire le moindre
effort pour répondre, éclata d’un rire inextinguible. Chaque fois que ce rire
avait l’air de se calmer, il repartait de plus belle.
    — ... Un peu de tenue, moine !
fit le capitaine, menaçant.
    Il se mit à tempêter :
    — ... Qu’est-ce qu’il y a de
si drôle ? Hein ? Vous croyez que tout ceci est une blague ?
    — De la tenue ? répéta
Takuan, repris par le fou rire. De la tenue ? Dites donc, « Barbe
hirsute », songeriez-vous à rompre notre accord, à revenir sur votre
serment ? Si oui, je vous en avertis, je libère sur-le-champ Takezō.
    Avec un haut-le-corps général, les
villageois se mirent à reculer tout doucement.
    — ... Prêt ? demanda
Takuan en tendant la main vers la corde qui ligotait Takezō.
    Le capitaine était sans voix.
    — ... Et c’est sur vous que
je le lâcherai d’abord. Vous pourrez vider votre querelle entre vous. Alors,
arrêtez-le si vous en êtes capable !
    — Allons... attendez... un
instant !
    — J’ai tenu ma parole dans le
contrat.
    Takuan continuait de faire comme s’il
allait dégager le prisonnier de ses liens.
    — Arrêtez, je vous dis.
    La sueur perlait au front du
samouraï.
    — Et pourquoi donc ?
    — Eh bien, parce que... parce
que...
    Il en bégayait presque.
    — ... Maintenant qu’il est
ligoté, à quoi bon le délivrer ? Il ne fera que provoquer d’autres
dégâts... n’est-ce pas ? Je vais vous dire ce que vous allez faire !
Vous pouvez tuer vous-même Takezō. Tenez... voici mon sabre. Seulement,
laissez-moi rapporter sa tête. C’est équitable, hein ?
    — Vous donner sa tête ?
Vous n’y songez pas ! C’est

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