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La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)

La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)

Titel: La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition) Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: JACQUES GERNET
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s’explique
aussi qu’à l’inverse de ce que l’on constate dans
nos sociétés bourgeoises, ce sont les familles
pauvres qui ont le moins d’enfants : la mortalité
infantile doit y être plus grande, et ces familles
ne peuvent pas, comme celles des hautes classes,
entretenir de nombreuses concubines. Mais surtout, la misère les oblige à se séparer assez tôt de
leurs enfants ou les pousse parfois à l’infanticide.
    La naissance d’un enfant en surnombre, chez
les familles du peuple dans la gêne, est ressentie
en effet comme une catastrophe. C’est une
bouche de plus à nourrir et, à la campagne, où
les terres sont rares, c’est l’annonce d’une nouvelle division du patrimoine. Aussi un auteur de
la fin du XII e siècle nous apprend-il qu’au Fujian
« si un homme a de nombreux fils, il n’en élève
pas plus de quatre et il ne garde pas plus de trois
filles. Il prétend qu’il n’aurait pas le moyen d’en
élever plus. » Dès la naissance, on tient prêt un
baquet plein d’eau où l’on noie l’enfant immédiatement. Cela s’appelle « baigner l’enfant ».
Cette pratique est surtout fréquente à l’époque
dans les régions de l’intérieur, au nord-ouest de
Fuzhou 5 . Ailleurs, cette coutume est appelée
« herser la progéniture » : tous les enfants quinaissent aux parents après le partage du patrimoine entre les fils sont noyés 6 . Mais la noyade
paraît avoir été surtout pratiquée à la campagne.
A Hangzhou, on préfère abandonner les nouveau-nés dans les rues. Quant aux drogues abortives,
qui étaient si répandues dans les villes chinoises
à la fin de l’époque mandchoue 7 , on n’y a
recours qu’assez rarement et en cas de force
majeure, car elles sont dangereuses. La mère du
prince Shaoling qui était de naissance vile avait
été obligée de se faire avorter par ce moyen.
L’enfant était né pourtant, mais il resta toute sa
vie malingre et débile 8 .
    L’abandon des enfants était au contraire si fréquent que la cour dut interdire cette pratique dès
1138 et elle accompagna cette défense de la
création d’hospices pour les enfants trouvés 9 .
« En ces provinces (de la Chine du Sud), dit
Marco Polo, le menu peuple qui ne peut les
nourrir jette les enfants aussitôt qu’ils sont nés.
Le roi les faisait tous recueillir, faisait écrire
pour chacun sous quel signe du zodiaque 10  et
quelle planète il était né ; puis il les faisait nourrir en plusieurs endroits. Et quand un homme
riche n’avait point d’enfants, il allait au roi et
s’en faisait donner tant comme il voulait. Quand
ils étaient grands, le roi mariait le mâle à la
femelle et leur donnait tant du sien qu’ils pouvaient vivre bien à leur aise. En cette manière, il
en élevait bien tous les ans vingt mille, soitmâles, soit femelles 11 . » Ce témoignage de Marco
Polo est confirmé par un auteur chinois du temps
des Mongols. « A l’époque des Song, dit-il, il y
avait dans toutes les préfectures des bureaux de
protection de l’enfance. Si une famille pauvre
avait un enfant qu’elle ne pouvait pas élever, les
parents étaient autorisés à le donner à cette administration. On relevait la date exacte de la naissance, et l’enfant était confié à une nourrice. Les
familles qui, au contraire, voulaient adopter des
enfants pouvaient venir en chercher dans ces hospices. Dans les mauvaises années, une foule de
bébés y étaient amenés. Ainsi, il n’y avait pas de
nouveau-nés abandonnés dans les rues 12 . »
    Les familles pauvres ont encore un autre
moyen pour se débarrasser des enfants qu’elles
ne peuvent nourrir : elles les placent dans des
familles plus aisées qui s’occupent de leur éducation ou s’en servent comme domestiques.
C’est cette forme très répandue d’adoption et qui
s’accompagne souvent d’un achat que note à sa
façon une relation arabe du XIV e siècle : « Je
peux faire remarquer… que les jeunes esclaves
des deux sexes en Chine sont à très bon marché.
Et, effectivement, tous les Chinois veulent
vendre leurs fils et leurs filles comme esclaves,
et cela n’est pas mal considéré. Cependant, ceux
qui sont achetés ne peuvent l’être contre leur
volonté et on n’empêche pas non plus les
enfants de se vendre s’ils le désirent 13 . »
    On présume que les cérémonies qui accompagnent et suivent la naissance chez les gens du
peuple à Hangzhou sont assez simples. Mais il
n’en va pas de même dans les

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