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La Volte Des Vertugadins

La Volte Des Vertugadins

Titel: La Volte Des Vertugadins Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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garçonnet de six ans qui puisse exécuter
sans faute sur un tambour « l’appel aux armes » ou « l’ordre de
bataille » : c’est le dauphin Louis.
    — Le Dauphin ! dis-je, béant. Mais pourquoi ne
l’a-t-il pas dit ?
    — Mon mignon, dit Bassompierre, le Dauphin jouait,
quand vous l’avez rencontré, le rôle de capitaine. Il a tout simplement
continué avec vous. Preuve qu’il ne manque pas d’esprit de suite.
    — Ni, d’après ce qu’on dit, d’opiniâtreté, dit le
Chevalier. Raison pour laquelle, à ce qu’on dit, il est fouetté tous les jours.
    — Sauf en été, dit mon père.
    — Comment ça, sauf en été ? dit Bassompierre, qui
parut surpris de ne pas tout savoir de ce qui se passait à la cour.
    — Héroard a réussi à convaincre la Reine que le
fouetter par temps chaud mettrait sa santé en danger…
    On fit de grands rires à cela et de grandes louanges sur
l’humanité d’Héroard, puis mon père requit promesse de Bassompierre de ne pas
répéter ce propos – « et surtout pas », ajouta-t-il avec un
petit sourire, « à la fille d’une haute dame qui est fort mon amie ».
    — Je ne sais pas qui vous désignez par là, dit
Bassompierre qui parut le savoir très bien, mais je promets.
    La Surie échangeant un coup d’œil avec mon père, je ne fus
pas sans apercevoir que j’étais le seul à ne pas entendre ce que tous trois
entendaient si bien, et je m’en sentis piqué. Fallait-il donc qu’on parlât
toujours devant moi par-dessus ma tête ? Testebleu ! serai-je donc à
jamais, comme avait dit la dame de mon cauchemar, un faucon niais ? Et
n’était-ce pas justement la tâche de l’oiseleur de me déniaiser, au lieu de me
garder sur la tête un éternel capuchon ?
    — Mais d’où vient, dis-je, que le Dauphin était seul
dans ce jardin, alors qu’on dit que du matin au soir il est suivi et
surveillé ?
    — Il l’est, dit Bassompierre, mais très à la
discrétion, pour ne point le fâcher. Soyez bien assuré qu’il y avait des gens
dans cette charmille où vous n’êtes pas entré, et qu’ils ne vous ont pas perdu
de vue tout le temps que vous avez joué avec lui.
    — Mais, dis-je, si c’était bien là le Dauphin, d’où
vient que cette petite arbalète lui ait fait tant plaisir ?
    — Le Dauphin, qui aime les armes, dit mon père, possède
des dizaines d’arcs, d’arbalètes et d’arquebuses… C’est le don qui l’a touché,
et surtout venant de quelqu’un qui ne connaissait pas sa qualité. Le Dauphin
est avide d’affection.
    — N’en est-il pas entouré ? dis-je.
    — En effet, dit Bassompierre, il est aimé de tous sauf
de la seule personne dont il lui importerait tant d’être aimé.

 
CHAPITRE III
    Le dimanche qui suivit notre voyage en gabarre sur la
rivière de Seine, nous fûmes ouïr le père Cotton, jésuite et confesseur du Roi,
prêcher à Saint-Germain-l’Auxerrois, en présence de Sa Majesté qui avait amené avec
Elle Madame [8] et son ministre Sully,
entêtés huguenots, afin, disait-il, de les convertir à la religion catholique.
Le père Cotton commenta la parabole du bon Samaritain et, notamment, le passage
où il est dit qu’ayant mené le voyageur blessé et dépouillé dans une auberge,
il donna à l’aubergiste deux deniers pour soigner le malheureux en lui
disant :
    — Prends soin de lui, et ce que tu auras dépensé en
plus, je te le rembourserai moi-même à mon retour.
    Ce en plus, argua le père Cotton, justifiait le
trésor que le Pape amassait par la vente des indulgences, grâce auxquelles il
pouvait nourrir les bonnes œuvres qu’il n’eût pu, sans elles, étoffer.
    Le prêche eut lieu à onze heures. Il y eut grande foule pour
l’ouïr en raison de la présence du Roi et des prières qui se faisaient partout
pour la conversion de Madame et de Sully. À la sortie de la messe, mon père
aperçut le Révérend abbé Fogacer, médecin du cardinal Du Perron, en
conversation avec le Roi et fut assez heureux, malgré la presse, pour
l’atteindre dès lors que Sa Majesté le quittait et l’inviter à la volée à
déjeuner dans notre logis du Champ Fleuri.
    Fogacer accepta avec la joie la plus vive et, sur le porche
de l’église, nous bailla, à mon père, au Chevalier et à moi-même
(particulièrement à moi-même), de fortes et chaleureuses brassées. Après quoi,
il demanda à mon père s’il pouvait recevoir, avec lui à sa table, le jeune
acolyte qu’il avait

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