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Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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qu'elle l'avait bien mérité.
    Un moment se passa où elle donna libre cours à la jalousie qu'elle cachait à tous, Alaïs exceptée, sous le masque indéchiffrable de sa beauté parfaite. À son ressentiment face à son impuissance, son absence d'influence, son immense désillusion. Quel crédit accorder à sa jeunesse et à sa beauté, quand elle était liée à un homme dénué d'ambitions et de projets, un homme qui jamais de sa vie n'avait tenu d'épée ? Il était parfaitement injuste qu'Alaïs obtînt tout ce qu'elle désirait, et cependant qu'on le niât. C'est un droit qui aurait dû lui revenir.
    Oriane tritura l'étoffe entre ses doigts, imaginant le bras frêle d'Alaïs qu'elle s'amusait à pincer. Alaïs si simple et tant choyée. Elle serra le tissu plus fort, et vit en pensée la marque rouge s'imprimer sur la peau de sa sœur.
    « Vous ne devriez point le provoquer. »
    La voix de son amant venait de rompre le silence, dont elle avait presque oublié la présence.
    « Pourquoi m'en priverais-je ? Il me plaît simplement de me jouer de lui. »
    Se glissant de derrière le rideau, il vint lui effleurer la joue.
    « Souffrez-vous ? il vous a fait une marque.
    — Ce n'est rien », lâcha-t-elle.
    La chaîne qu'il portait au cou effleura la peau d'Oriane quand il se pencha pour l'embrasser. L'odeur du désir qu'il concevait pour elle monta jusqu'à la jeune femme. Elle changea de position, laissant la cape refluer comme une vague sur son corps dénudé. Ses mains parcoururent les cuisses de son amant, douces et pâles comparées au hâle du torse et des bras qui se tendaient vers elle. Levant les yeux, elle sourit. Il avait attendu suffisamment longtemps.
    Elle approcha ses lèvres pour le caresser mais, la repoussant doucement, il s'agenouilla auprès d'elle.
    « À présent, à quelle sorte de jeu entendez-vous vous livrer avec moi, madame ? demanda-t-il en lui écartant lentement les jambes. À celui-ci ? »
    Elle murmura, alors qu'il se baissait pour l'embrasser.
    « Ou cela ? »
    Les lèvres de l'homme errèrent jusqu'à descendre vers la part la plus intime de sa féminité. Oriane retenait son souffle, pendant que la langue jouait sur sa peau, mordant, léchant, titillant.
    « Ou alors ceci, peut-être ? »
    Les mains puissantes et rudes la saisissaient par la taille pour l'attirer contre lui. En réponse, elle noua ses jambes autour des reins de son amant.
    « Mais c'est sans doute ceci que vous souhaitez vraiment », conclut-il d'une voix tendue, alors qu'il entrait profondément en elle.
    Elle répondit par un grognement de plaisir, en lui labourant le dos de ses ongles.
    « Ainsi, votre époux vous traite de catin, dit-il. Nous allons voir si nous pouvons lui donner raison. »

10
    L'intendant Pelletier arpentait sa chambre en attendant la venue d'Alaïs.
    Malgré la fraîcheur du soir, son visage était congestionné et son front dégarni moite de sueur. Il aurait dû être aux cuisines, supervisant le domestique, veillant à la bonne marche des tâches qui lui étaient imparties. Mais la gravité de l'instant le submergeait, hanté comme il l'était par l'impression de se trouver à la croisée de chemins qui, quel que soit son choix, conduisaient vers un avenir incertain. Tout ce qu'il avait entrepris dans sa vie, tout ce qu'il lui resterait à entreprendre dépendait de sa décision d'aujourd'hui.
    Pourquoi Alaïs tardait-elle tant à venir ?
    À peine s'était-il détourné de la fenêtre qu'un objet luisant, non loin de la porte, attira son attention. L'ayant ramassé, il vit que c'était une boucle d'argent ciselé, incrusté de laiton. Assez grande pour retenir une cape ou un grand manteau.
    Il sourcilla : cette boucle ne lui appartenait pas.
    Il alla l'observer plus attentivement à la lueur de la chandelle, sans y voir de signe particulier. Des boucles comme celle-là, il en avait vu des centaines sur la place du marché. Il la retourna plusieurs fois dans ses mains. L'objet était de facture acceptable, laissant suggérer qu'elle appartenait à une personne de condition moyenne plutôt qu'aisée.
    Elle ne pouvait non plus être là depuis bien longtemps, attendu que François rangeait la chambre tous les matins. Si elle s'y était trouvée ce matin-là, il l'aurait forcément aperçue. En outre, aucun autre serviteur n'était autorisé à y entrer, et la chambre était demeurée close toute la journée.
    Pelletier parcourut les lieux du regard afin d'y

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