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L'archipel des hérétiques

L'archipel des hérétiques

Titel: L'archipel des hérétiques Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mike Dash
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adaptés au corps à corps, dans un lieu si
exigu.
    Pietersz et Andries Jonas furent les derniers arrivés au
campement. Ils y retrouvèrent Zevanck et Jan Hendricxsz, qui les attendaient
avec Lenert Van Os, Mattys Beer, Comelis Pietersz, Andries Liebent et un soldat
hollandais du nom de Wooter Loos. Dans la tente, la famille du pasteur
s'apprêtait à dîner d'un ragoût d'otarie qui mijotait sur le feu. Zevanck et
Hendricxsz, les tueurs les plus endurcis, furent les premiers à intervenir.
Zevanck se posta à l'entrée de la tente et appela Wybrecht Claasen. La jeune
servante accourut un instant plus tard et vint littéralement s'empaler sur le
poignard de Hendricxsz, qui la laissa choir à terre, agonisante. Pendant ce
temps, Zevanck, suivi de ses acolytes, avait fait irruption dans la tente qui
était si bondée que Pietersz et Jonas, qui furent les derniers à arriver sur
les lieux, durent attendre leur tour à l'entrée.
    A la seconde où ils découvrirent la hache que David
Zevanck tenait à la main, Maria Schepens et ses enfants durent comprendre que
leur dernière heure était arrivée, mais même dans ces circonstances extrêmes,
le jeune commis dut ressentir le besoin de se justifier, car il saisit la
lanterne qui éclairait la tente, et la brandit en disant : « On nous a dit que
vous cachiez ici des biens volés à la Compagnie. Nous allons les chercher... »
- il acheva, après une pause : « Et nous les trouverons. » A ces mots, les
autres mutins se mirent à fouiller les quelques objets rassemblés dans la
tente. Mais là s'arrêtèrent les formalités. La lanterne s'éteignit -sans doute
parce que Zevanck l'avait soufflée - et, dans l'obscurité quasi totale, le
carnage commença.
    Ils étaient quinze dans la tente. Sept mutins, et les huit
membres de la famille du pasteur, soit à peu près une victime pour chaque
tueur. Les exécuteurs se ruèrent sur eux avec des hachettes. Lenert Van Os
frappa Maria à la tête de plusieurs coups, tandis que Mattys Beer s'attaquait à
Willemijntgie. Wooter Loos jeta Bastiaen à terre et « frappa l'aîné, qui gisait
à ses pieds, avec une herminette de tonnelier, jusqu'à ce que mort s'ensuive ».
Zevanck, Van Os et Beer se chargèrent de Pieter, Johannes et Agnete. Le seul à
échapper à cette première vague fut Roe-lant, le benjamin, qui grâce à sa
petite taille parvint à se glisser entre les jambes de son agresseur, Mattys
Beer, et à filer en direction de la sortie. Il fut à deux doigts de parvenir à
prendre la fuite, car Beer renonça à se retourner pour frapper le garçon dans
le noir, de peur de blesser l'un de ses complices. Mais Zevanck et Cornelis
Pieters se trouvaient à proximité. Ce fut l'un d'eux qui tua l'enfant d'un coup
de hache.
    Tout cela n'avait duré que quelques instants. Dans le
silence qui suivit, les assassins entendirent des gémissements. L'une de leur
victimes respirait encore. C'était Maria Schepens, « qui n'était pas tout à
fait morte ». Mattys Beer se pencha sur elle et lui porta plusieurs autres
coups à la tête. Les gémissements cessèrent. C'était fini 101 .
    Ils remirent un peu d'ordre dans la tente. Andries
s'empara de la marmite de la défunte famille, et l'emporta dans ses propres
quartiers. Les autres mutins traînèrent les corps et les jetèrent dans la
fosse, où ils s'empilèrent en une masse sanglante.
    Mais la soirée commençait à peine, et les tueurs se
sentaient en pleine forme. Le groupe se scinda pour se mettre en quête d'une
autre proie. Jan Hendricxsz mit le cap sur la tente de Hendrick Denys 102 ,
l'un des comptables de la Compagnie. Il l'invita à sortir et, quand il se
montra, le mutin « le frappa à la tête de sa hachette devant sa tente, et il
mourut sur le coup ». Zevanck avisa Andries Jonas qui, ce soir-là, n'avait pas
encore de sang sur les mains.
    — Va appeler Mayken Cardoes, lui dit-il. Tu la feras
sortir de sa tente et tu lui trancheras la gorge 103 .
    La jeune femme comprit immédiatement ce qui l'attendait,
en voyant arriver Jonas.
    — Mayken, lui dit-il, est-ce que tu dors ? Viens, je
t'emmène faire une promenade.
    L'invitation n'en n'était pas une, et elle ne pouvait s'y
dérober. Elle émergea de sa tente, hésitant à obéir.
    — Andries, le supplia-t-elle. Tu veux me faire du mal
?
    — Non, non... Pas le moins du monde, répondit-
    il.
    Mais à peine avaient-ils fait quelques pas le long du
rivage, qu'il l'empoigna sans crier gare et la fit trébucher. Elle

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