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L'archipel des hérétiques

L'archipel des hérétiques

Titel: L'archipel des hérétiques Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mike Dash
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quitter l'archipel.
    Il s'agissait de Wooter Loos, Lucas Gellisz, Rogier
Decker, Abraham Gerritsz, Claes Harmansz et Salomon Deschamps, le clerc de
Pelsaert dont le rôle dans la mort du bébé de Mayken Cardoes avait finalement
été percé à jour. Loos, qui était le seul mutin de quelque envergure du groupe,
fut accusé d'avoir pris la tête d'une bande d'assassins et d'avoir attaqué
Wiebbe Hayes et ses hommes - quoique, dans un premier temps du moins, sans
commettre de crime de sang. Les cinq hommes avaient tous avoué avoir tué mais,
dans chaque cas, Pelsaert et les membres du Conseil élargi consentirent à leur
reconnaître des circonstances atténuantes.
    Deschamps, Gerritsz et Harmansz, que Zevanck et ses hommes
avaient contraints à tuer, furent considérés comme ayant agi sous la menace et
échappèrent à la peine de mort. Decker et Gellisz s'en tirèrent encore mieux,
bien que l'un et l'autre aient pourtant tué de sang-froid et « sans élever la
moindre protestation », comme le note le commandeur , dans le cas de
Decker - ou « pour apporter la preuve de sa loyauté », comme il le souligne, à
propos du rôle de Gellisz dans le meurtre sanglant de Frans Jansz. Decker fut
cependant épargné, compte tenu de son jeune âge, ainsi que Gellisz, et tout
bonnement, semble-t-il, parce que le Conseil souhaitait faire preuve de
clémence envers lui. Les cinq mutins furent condamnés à être précipités du haut
de la vergue, ou à passer sous la quille puis à recevoir « cent coups de fouet
devant le mât » avec, pour Lucas Gellisz, confiscation de six mois de salaire.
    Ces peines étaient légères, en regard de ce qui avait été
infligé à Jeronimus. Wooter Loos, qui était tout de même le successeur en titre
de Cornelisz à la tête des mutins, fut traité avec encore plus de
mansuétude". Tout acte de rébellion contre la VOC aurait dû entraîner de facto une sentence de mort. Mais, pour une raison qui nous échappe,
Pelsaert semble n'avoir accordé qu'une importance toute relative au rôle joué
par Wooter Loos en sa qualité de successeur de Cornelisz. Le commandeur passe très rapidement sur les charges qui pèsent sur lui, notant simplement
qu'il s'est rendu coupable de « plusieurs meurtres », alors qu'il avait, de
fait, tué de sa main deux personnes (Bastiaensz Gijsbert, le fils du pasteur,
et Mayken Cardoes), ligoté au moins deux autres avant de les noyer et qu'il
avait été en grande partie responsable de la mort du Défenseur Jan Dircxsz, lors
de l'assaut final sur l'île de Hayes. Et le Conseil passe sous silence le rôle
prépondérant de Loos dans le complot visant à attirer à terre les hommes du Sardam pour les assassiner. Pelsaert jugeait que Loos avait « fait plus de
mal par ses paroles et ses mauvais conseils que de ses propres mains ».
Certains éléments durent plaider en faveur du soldat : il avait sauvé la vie de
Jan Willemsz Selyns, avait refusé d'attaquer le Sardam et, du jour où il
avait pris la tête des mutins, plus personne n'avait été massacré sur le
Cimetière du Batavia.
    Il paraît cependant difficile d'éviter la conclusion que
Loos n'a bénéficié de l'indulgence de ses juges que parce qu'il n'était pas
Jeronimus. Il fut condamné non pas à la peine capitale, mais à être abandonné
quelque part sur la côte de la Terre Australe, en compagnie de Jan Pelgrom.
    Le Sardam appareilla pour les Indes le 15 novembre
1629, avec à son bord quatre-vingt-sept survivants du Batavia 12 .
Parmi eux, quarante-cinq avaient combattu aux côtés de Wiebbe Hayes ; trois,
dont Pelsaert lui-même, étaient partis pour Java dans la chaloupe du Batavia et en était revenus à bord du Sardam. Quant aux trente-neuf autres, ils
avaient compté au nombre des mutins du gang de Cornelisz, ou de leurs associés
involontaires. Un seul des enfants avait survécu, ainsi que cinq jeunes femmes,
dont Creesje Jans. Parmi les hommes, moins d'une demi-douzaine avaient réussi à
rester en vie sur l'île des mutins sans s'allier à la bande de Cornelisz ni
signer l'un de ses pactes. Ces survivants, dont nous n'avons pas conservé les
noms, étaient probablement charpentiers, cuisiniers ou tonneliers, ce qui
explique que Cornelisz lui-même, conscient de la valeur de leur savoir-faire,
ait jugé préférable de les épargner. Du 3 juillet au 6 août, soit en six
semaines, la moitié des hommes, des femmes et des enfants rescapés du naufrage
avaient été massacrés, et le carnage

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