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L'archipel des hérétiques

L'archipel des hérétiques

Titel: L'archipel des hérétiques Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mike Dash
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d'être capturé par Wiebbe Hayes.
Il fut condamné à passer trois fois sous la quille, puis à être sévèrement
fouetté. Il se vit en outre confisquer son salaire de la dernière année. Hans
Jacob Heijlweck, qui avait fendu le crâne de Frans Jansz d'un coup d'« étoile
du matin » fut lui aussi reconnu coupable de meurtre et condamné à une peine
similaire, de même que le marin Cornelis Janssen, qui n'avait pourtant aucun
meurtre sur la conscience, et dont le seul crime était d'avoir participé à la
conjuration des mutins sur le Batavia , à l'agression contre Lucretia
Jans, et au pillage de la cabine du commandeur , après le naufrage.
    Trois des mutins ayant signé le pacte avec Jeronimus -
Andries Liebent et Hans Fredericx, soldats, et Isbrant Isbrantsen, assistant -
furent déclarés complices de meurtre, bien que les deux premiers aient tué de
façon délibérée, alors que le troisième ne l'avait fait que sous la menace. On
les condamna à être précipités par trois fois de la grand-vergue, puis
fouettés. Liebent et Fredricx durent renoncer à six mois de salaire en guise
d'amende. Quant à Jean Thirion, ce soldat qui avait forcé l'un des coffres de
Pelsaert pendant le naufrage, il fut condamné à passer sous la quille, au fouet,
et à une amende du même montant.
    Restait deux prisonniers. Olivier Van Welderen, le dernier
des mutins, fut semble-t-il soupçonné d'un certain nombre de méfaits, y compris
d'avoir fait partie de la conjuration du Batavia. Mais il était tombé
malade sur l'île, et n'avait pu quitter sa tente de plusieurs semaines - ce qui
l'avait empêché de prendre directement part aux événements. Pelsaert semble
avoir été convaincu qu'il avait gardé un grand ascendant sur son frère Gysbert,
mais Olivier résista aux interrogatoires et ne confessa rien de plus grave que
d'avoir abusé de Zussie Fredericx 19 , l'une des femmes mariées qui
étaient « à la libre disposi-tion de tous ». Cela ne l'avança guère, puisqu'il
fut condamné, comme d'autres qui en avaient bien plus sur la conscience, « à
être jeté par trois fois du haut du mât et à recevoir cent coups de fouet ».
    Le septième condamné fut un soldat français, un certain
Jean Renou, de Miombry. Il n'avait jamais fait partie du gang de Jeronimus et
s'était, au contraire, illustré aux côtés de Wiebbe Hayes, pendant le siège de
l'île. Son crime était surprenant : il ne s'agissait ni de meurtre, ni de
mutinerie, ni de pillage, mais de diffamation - ce qui, vu l'importance que
l'on attachait à l'honneur, constituait une offense tout aussi grave. Pelsaert
reprochait à Renou d'avoir calomnié Zussie Fredericx en racontant en public
qu'elle avait délibérément accordé ses faveurs à trois hommes, dont lui-même et
Wiebbe Hayes, lors d'une brève visite qu'elle avait faite sur l'île des Défenseurs.
Ces allégations, décréta le commandeur, constituaient « une offense très
lourde de conséquences ». D'autant plus que Renou avait ensuite précisé que
Zussie « ne lui avait pas fait que du bien » -sous-entendant qu'elle lui avait
aussi refilé quelques microbes indésirables. Le Français méritait donc d'être
châtié avec la dernière rigueur pour avoir attenté à l'honneur d'une femme
mariée.
    On peut s'étonner de ce que Pelsaert ait accordé une telle
importance à la réputation d'une seule femme, qui était en outre l'épouse d'un
simple matelot, en des circonstances aussi dramatiques. Mais le vrai motif de
Pelsaert devait être tout autre. Sans doute voulait-il défendre la réputation
de Hayes, le héros du jour - ce qui expliquerait la sévérité de la sentence. L'indiscret
Renou fut condamné à être précipité trois fois du haut du mât et fouetté, tout
comme Liebent et Fredricx, qui avaient assassiné deux personnes - à la
différence, toutefois, que Renou ne se vit pas confisquer son salaire.
    Bien des choses avaient changé à Batavia, depuis que
Pelsaert avait quitté la ville. C'était la saison des moussons et le climat,
jamais très propice au tempérament européen, était devenu franchement
insupportable. Toujours aussi torride, Batavia s'était de surcroît gorgée d'eau,
sous les pluies incessantes. Il tombait en moyenne presque cent quatre-vingts
centimètres d'eau dans ses murs et, entre deux orages, l'atmosphère restait
saturée d'une humidité malsaine, réunissant les conditions idéales pour la
prolifération des maladies. La cité était devenue un

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