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Le livre du cercle

Le livre du cercle

Titel: Le livre du cercle Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robyn Young
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longs doigts fins de la femme dénouer les lacets de son maillot
de corps. La lumière des bougies jouait sur le corps gracile d’Adela, faisant
resplendir sa peau d’albâtre. Il l’observa tandis qu’elle lui ôtait son maillot
et que ses mains froides caressaient son torse. À travers les lattes du
plancher leur parvenaient le bruit de conversations animées et la mélodie mal
assurée d’un violon. Un grognement d’homme, basse profonde et rauque, se fit
entendre dans la chambre mitoyenne, suivi par un rire de fille. Une entêtante
odeur d’encens régnait autour du lit mais son parfum doux-amer ne dissimulait pas
complètement les remugles de la taverne, faits de sueur et de plats brûlés, qui
se répandaient dans tout le bâtiment. Adela se coula contre lui avec une
langueur de serpent et l’embrassa dans le cou. Ses épais cheveux noirs lui
tombaient sur les épaules. De la pointe de la langue, elle fit de petits
va-et-vient dans le creux de son oreille.
    -—
Pourquoi gardes-tu les yeux ouverts ? susurra-t-elle, son haleine chaude
envoyant une décharge dans l’échine de Garin.
    Il
avait remarqué qu’elle parlait toujours à voix basse quand elle était dans la
chambre, peut-être pour faire oublier son timbre grave presque masculin.
    Il
ne répondit pas. Elle se rassit lentement et étudia son visage impassible.
    — Tu
es étrange.
    — Je
ne te paie pas pour parler, dit Garin en relevant les cheveux qui lui tombaient
sur le visage.
    Ses
yeux l’envoûtaient complètement. Ils étaient larges, brillants et d’un
bleu-gris si sombre qu’on aurait pu les croire violets.
    — Et
pourquoi me payes-tu, alors ? murmura Adela en écrasant ses seins contre sa
poitrine.
    — Tu
le sais bien.
    — Oui,
répondit Adela en descendant le long de son estomac et en lui défaisant les
lacets de ses hauts-de-chausses. C’est vrai, je le sais.
    Comme
Adela se penchait, ses cheveux s’épanchant sur l’estomac de Garin, celui-ci vit
le coin de la pièce derrière elle. C’était la plus grande chambre qu’il y avait
dans la maison. Un paravent en osier cachait en partie la table et le tabouret
- l’atelier d’Adela. Sur les étagères qui garnissaient le mur, il pouvait
distinguer les formes arrondies des bocaux et des pots à côté des grandes
cruches en argile. Pour les avoir étudiés la première fois qu’il était venu,
deux mois plus tôt, il savait que tous ces récipients étaient remplis d’herbes
diverses. Entre autres talents, Adela était guérisseuse. Une onde de plaisir le
traversa quand elle accéléra ses mouvements, et il agrippa le matelas déchiré
d’où sortaient par endroits des brins de paille.
    A
dix-neuf ans, Adela était la propriétaire de l’une des maisons les plus
réputées du Quartier latin. C’était aussi la première femme que connaissait
Garin, et il n’en revenait pas de constater à quel point tout semblait toujours
simple quand il était dans son lit. Il était à Paris depuis trois mois et il
n’avait fait que deux choses : passer un entretien avec le visiteur, entretien
durant lequel celui-ci lui avait expliqué que le seul moyen de devenir
commandeur consistait à se rendre en Terre sainte; et rompre son vœu de
chasteté. En partant de Londres, il pensait pouvoir commencer une nouvelle vie,
loin du souvenir de son oncle, qui ne cessait de le hanter, et des liens qui
l’entravaient de toutes parts.
    Après
la mort de Jacques, Garin avait été confié à un vieux chevalier qui quittait
rarement la commanderie. Il s’était jeté à corps perdu dans l’entraînement et
avait gagné tous les tournois du Nouveau Temple. Mais rien ne le satisfaisait
jamais. Il ne connaissait plus le repos. Tout ce qui l’avait contrarié
jusque-là, la vie que son oncle et sa mère voulaient qu’il ait à la place de
son père et de ses frères, tout cela avait fait son chemin en lui et il avait
fini par s’apercevoir que désormais il ne désirait plus rien d’autre. Puis la
guerre civile avait éclaté. Au début, il l’avait vécue comme une bénédiction;
il ne doutait pas un instant que sans cet événement, il aurait été obligé de
remplir des missions beaucoup plus importantes que les menues tâches pour
lesquelles Édouard l’employait, et qui consistaient généralement à porter des
messages. L’incarcération du prince l’empêcha d’utiliser Garin à sa guise, ce
qui le soulageait. Mais elle l’empêchait également de lui verser les
récompenses

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