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Le prix de l'hérésie

Le prix de l'hérésie

Titel: Le prix de l'hérésie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: S.J. Parris
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rencontre à la communauté secrète des catholiques d’Oxford, il
s’ensuivait nécessairement que Roger Mercer connaissait l’existence de ce
groupe. Et les jours marqués du symbole de la roue dans son almanach
indiquaient des rendez-vous à la taverne. Mercer avait-il l’intention de les
dénoncer, comme il avait témoigné contre son ami et collègue Edmund Allen, cela
expliquant pourquoi il fallait le faire taire ? Si tel était le cas, sa
chambre avait été fouillée dans le but de récupérer les preuves qu’il avait
amassées contre ces gens. Mais il y avait aussi Richard Godwyn, l’affable
bibliothécaire ; tout indiquait qu’il était impliqué dans la contrebande
de livres catholiques, mais avait-il un lien avec Rowland Jenkes, et donc avec La
Roue de Catherine  ? Mercer l’avait-il percé à jour ?
    Résolu à observer les élèves et les professeurs d’un regard
d’aigle au dîner, j’enfilai mon pourpoint et m’apprêtais à sortir quand on
frappa du poing à ma porte. J’entrouvris prudemment et par l’entrebâillement je
découvris Sophia Underhill qui regardait avec inquiétude par-dessus son épaule.
    « Laissez-moi entrer avant qu’on me voie ici, Bruno,
j’ai besoin de vous parler ! me murmura-t-elle d’une voix de conspiratrice
en continuant à surveiller derrière elle.
    — Bien sûr », fis-je, décontenancé.
    J’ouvris la porte en grand pour lui permettre de pénétrer
dans la chambre. Elle referma sans perdre un instant et s’adossa au chambranle,
haletante, le visage décomposé. Au lieu d’arborer son habituel sourire cynique,
elle luttait pour maîtriser le tremblement de ses lèvres et ses yeux brillants
me donnèrent l’impression qu’elle était sur le point de fondre en larmes.
    « Pardonnez-moi, Bruno. Mon père m’a interdit de vous
parler mais je dois lui désobéir. Je n’ai personne d’autre à qui parler. »
    Elle s’interrompit le temps de reprendre sa respiration.
    « Pardonnez-moi », répéta-t-elle. Et elle
chancela, au bord de la défaillance, comme la veille au soir. Cette fois,
j’arrivai à temps pour la soutenir et elle se laissa aller contre mon épaule,
secouée soudain par un profond sanglot. Je passai mes bras sur ses épaules et
lui caressai doucement les cheveux pour l’aider à se reprendre. Je n’avais pas
la moindre idée de ce qu’elle était venue me dire, mais elle ne m’avait pas
jusque-là fait l’effet d’être de ces femmes que n’importe quelle sottise plonge
dans la détresse. Je ne pouvais que supposer qu’un motif grave l’avait poussée
à venir me trouver.
    Quand elle fut assez remise pour se détacher de moi, ses
yeux croisèrent les miens et j’y lus une terreur d’une telle intensité qu’elle
me donna l’impression de vouloir fouiller jusqu’au tréfonds de mon âme. Sans
même en avoir conscience, je me penchai vers elle et l’embrassai. Pendant un
court instant, j’eus l’impression qu’elle répondait à mon baiser. Son corps
chaud s’apaisa, se colla au mien et ses mains se posèrent sur ma poitrine, mais
tout aussi subitement elle se rejeta en arrière et, confuse, me fixa avec
horreur.
    « Non… Oh, non… Je ne peux pas… Vous ne comprenez pas…
bafouilla-t-elle en ramenant ses mains sur son ventre, comme si son malheur
s’était encore accru.
    — Je suis désolé… »
    Elle secouait frénétiquement la tête.
    « Non, c’est moi qui suis désolée, Bruno… Je n’aurais
jamais dû… Mais je ne savais pas vers qui me tourner. »
    Elle se tordit les mains et posa sur moi un regard
implorant.
    « Je crois que je suis en danger. »
    Mon cœur s’arrêta net. D’une main tremblante, je lui
désignai la chaise près de la table puis rangeai au plus vite l’almanach de
Roger Mercer et mes notes sous un livre.
    « Dites-moi tout. Quel genre de danger ? Est-ce en
rapport avec le docteur Mercer ? »
    Elle prit une profonde inspiration. Alors qu’elle allait
commencer à parler, on frappa de nouveau à ma porte. Sophia se tourna d’un bond
et fixa la porte d’un air apeuré en mettant la main devant sa bouche. Je
laissai s’écouler quelques secondes. Je craignais que son père ne l’ait vue
emprunter l’escalier et n’ait décidé de la suivre. Au bout d’un moment, on
entendit quelqu’un s’éclaircir la gorge.
    « Docteur Bruno ? Vous êtes là ? »
    C’était une voix de jeune homme, pas celle du recteur. Quoi
qu’il en fût, il n’était pas

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