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Le prix de l'hérésie

Le prix de l'hérésie

Titel: Le prix de l'hérésie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: S.J. Parris
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Peut-être
aurai-je l’occasion de tout vous expliquer, mais vous feriez mieux d’y aller ou
mon père va envoyer quelqu’un vous chercher. »
    Je posai délicatement ma main sur son épaule, et elle se
dressa sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur ma joue.
    « Vous êtes certaine que tout ira bien ? »
lui demandai-je sur le seuil.
    Elle acquiesça.
    « Je vais attendre un moment avant de partir. Ils
seront tous dans le réfectoire.
    — Je parlais de ce danger que vous avez évoqué. »
    Elle mit un doigt en travers de sa bouche pour m’intimer le
silence et me fit signe de m’en aller. Je la regardai une dernière fois avant
de fermer derrière moi, furieux contre Florio qui nous avait interrompus au
plus mauvais moment.
    Dehors, la cloche avait cessé de sonner et la cour était
vide. Je percevais le murmure de la conversation à travers les fenêtres de la
grande salle, éclairée par de nombreuses bougies. Je suivis Florio comme une
âme en peine, toutes mes pensées tournées vers Sophia.
     
    Après le repas, je retournai à ma chambre dans l’idée de
décider d’un plan afin de revoir Sophia. Ses pleurs m’avaient profondément
troublé. Si, comme je le suspectais, elle en savait plus qu’elle ne voulait
bien le dire sur les circonstances entourant la mort de Roger Mercer, il était
plus que probable qu’elle se trouvait en grand danger, surtout si on avait tué
le sous-recteur pour le faire taire. Mais qui était cette mystérieuse personne
à qui elle était censée confier sa propre vie ? Et puis il y avait ce
baiser. Debout devant la cheminée, je regardai mon reflet dans le miroir, mon
menton mal rasé et mes cheveux en bataille. Une moue dubitative me répondit. Je
m’étais comporté comme un mufle. Elle était venue me faire part de sa détresse
parce qu’elle me pensait capable de l’écouter, et je m’étais jeté sur elle
comme un animal en rut. Dans le reflet, les yeux noirs et profonds que
j’observais semblaient me proposer un contre-argument : elle désirait que
je la serre dans mes bras, elle s’était abandonnée un instant à mon baiser
avant que sa conscience ou son honneur ne l’obligent abruptement à se
rétracter. Elle m’avait dit se sentir attirée par moi et elle avait pourtant
refusé de m’expliquer son soudain revirement. L’obstacle qui me restait
incompréhensible était-il donc son affection préalable pour quelqu’un
d’autre ? Et cela avait-il un lien avec ses craintes ? Maudit Florio,
songeai-je avec amertume, bien que j’eusse apprécié les manières amicales et la
conversation animée du jeune homme au cours du dîner, quand les autres
professeurs paraissaient tous plongés en pleine introspection et qu’ils avaient
passé le repas à jeter des regards pleins d’appréhension à la chaise vide de
Mercer.
    Je me contemplais sombrement dans le miroir lorsque la porte
de ma chambre s’ouvrit sans cérémonie. Je me tournai en sursautant et découvris
Sidney dans l’encadrement de la porte, une courte cape verte pendue à l’épaule
et un pichet de vin à la main.
    « J’ai échappé au Polonais pour ce soir ! »
annonça-t-il triomphalement.
    Après avoir claqué la porte, il arracha aussitôt le bouchon
de liège avec ses dents et entreprit de fouiller la chambre pour mettre la main
sur des gobelets. N’en trouvant pas, il finit par s’asseoir sur la chaise à
côté de la table de travail et but une longue gorgée au goulot.
    « Comme si nous étions de nouveau étudiants, Bruno,
dit-il en levant le pichet vers moi, tout sourires. Comme ça, tu m’as laissé
seul avec Laski toute la journée. Tu as intérêt à avoir découvert quelque chose
d’important, Bruno, ou je serai obligé de mal le prendre. À quoi donc étais-tu
occupé ? »
    Il me tendit le pichet et je bus à longs traits avant de lui
faire un bref résumé de tout ce qui m’était arrivé depuis la veille. Je lui
montrai les papiers glissés sous ma porte, puis lui racontai ma visite à la
bibliothèque, ma découverte inattendue de La Roue de Catherine, la
malédiction de Rowland Jenkes selon Cobbett, les menaces de Coverdale à mon
encontre et sa soudaine disparition. Je finis par le danger que disait courir
Sophia, en essayant de garder pour moi l’intérêt que je lui portais ainsi que
ma tentative inconsidérée pour l’embrasser. Néanmoins, à ce moment de mon
récit, un sourire malicieux apparut sur le visage de Sidney et je reconnus

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