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Le prix de l'hérésie

Le prix de l'hérésie

Titel: Le prix de l'hérésie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: S.J. Parris
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sanctuaire du savoir n’est plus à l’abri de l’horreur,
dorénavant. » Sa voix s’éteignit et, tournant le dos au cadavre de James
Coverdale, il jeta un regard impuissant vers la fenêtre du fond.
    « Me demandez-vous de vous aider à démasquer le
meurtrier ? » m’enquis-je abruptement.
    Il se retourna vers moi et je vis une maigre lueur d’espoir
renaître dans ses yeux.
    « Dans des circonstances ordinaires, je ne songerais
pas à faire reposer sur un hôte… Mais on dirait que l’assassin veut vous
impliquer. Les papiers que vous m’avez montrés… Je croyais que quelqu’un jouait
avec vous, mais maintenant… Peut-être arriverez-vous à lui mettre la main
dessus avant qu’il ne fasse encore couler le sang.
    — Vous pensez donc qu’il y aura d’autres
victimes ? »
    Déconcerté, il adopta une attitude fuyante.
    « C’est juste… Il paraît évident que nous avons affaire
à un fanatique. Soit il est possédé, soit il est fou. »
    Au même moment, on entendit un bruit sourd. Du coin de
l’œil, j’aperçus un léger mouvement et, tournant la tête, je vis Coverdale
changer de position. Le recteur hurla et me saisit par le bras. Moi-même je
poussai un cri et, traversé d’un frisson d’horreur, me demandai un instant s’il
était possible qu’il fût resté aussi longtemps à souffrir les affres de
l’agonie. Le cœur battant, j’avançai d’un pas hésitant et me rendis compte que
c’était simplement le nœud de la corde qui avait commencé à glisser.
    « Tout va bien, recteur Underhill », dis-je
doucement.
    À en juger par la main crispée qui serrait mon bras, lui
aussi avait connu une belle frayeur et aurait bien eu besoin de la bière forte
de Cobbett.
    « Ce n’était que la corde. Mais il faut détacher le
corps.
    — Pourquoi est-il vêtu seulement de sa chemise ?
    — Eh bien, il paraît évident qu’il est venu sous la
contrainte. Le meurtrier l’a peut-être surpris alors qu’il se changeait. »
    Pendant que je lui répondais, mon attention avait été
attirée par quelque chose près de la fenêtre. À côté de l’arc, des vêtements
avaient été soigneusement pliés et posés à même le sol. Je m’approchai pour les
ramasser. C’était une longue robe d’enseignant, celle d’un docteur en théologie
d’après sa coupe, que le sang séché avait raidie, en particulier sur le devant
et les manches.
    « C’est la robe de James, dit Underhill.
    — Je pense que le meurtrier l’a portée par-dessus ses
propres vêtements pendant qu’il commettait son crime. Je me demandais comment
il avait pu traverser le collège avec des affaires souillées par une telle
quantité de sang. »
    Des bruits de pas se firent entendre dans l’escalier et
Slythurst ne tarda pas à réapparaître. Il m’adressa un regard enragé en tendant
une lanterne au recteur, qui continuait à trembler et à se tordre les mains. Le
trésorier interpréta l’inertie d’Underhill comme une invitation à prendre la
situation en main.
    « En premier lieu, il faut envoyer chercher le coroner
afin qu’il s’occupe du cadavre et que nous puissions nettoyer la salle forte.
Comme cela, l’enquête sera menée et ce pauvre James pourra avoir un enterrement
chrétien. Il faut aussi notifier son décès à sa famille. Je crois qu’il a un
frère quelque part dans les Fens. Vous vous en souvenez, recteur ? »
Il ne reçut pas de réponse et poursuivit, comme s’il ne s’était pas attendu à
en recevoir. « Je pense aussi qu’il serait plus sage, lorsque nous
annoncerons sa mort, de déclarer qu’il a été attaqué par un voleur qui essayait
de pénétrer dans la salle forte. Il ne faut pas laisser les élèves se livrer à
de vaines spéculations. »
    Son regard semblait me défier de le contredire.
    « C’est le mieux en effet, Walter, dit le recteur d’un
air distant et troublé, comme s’il peinait à le reconnaître. Ces dispositions
vous donneront un peu de temps, docteur Bruno, n’est-ce pas ? »
    Il tourna vers moi son visage anxieux, tandis que Slythurst
réagissait aussitôt.
    « Du temps pour quoi ?
    — Le recteur Underhill m’a demandé de m’intéresser aux
circonstances de ces deux morts et de voir si je peux découvrir des liens entre
elles », répondis-je en soutenant son regard.
    La fureur de Slythurst était telle qu’il blêmit et que ses
lèvres fines ne formèrent plus qu’un trait à peine visible.
    « Sans vouloir

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