Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le prix de l'hérésie

Le prix de l'hérésie

Titel: Le prix de l'hérésie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: S.J. Parris
Vom Netzwerk:
m’enquis-je, frappé par une idée.
    Thomas ne se laissa pas tromper par ma fausse désinvolture.
Je le vis se crisper.
    « Je le fais tous les jours, me dit-il d’un ton sec.
Pourquoi voulez-vous voir Gabriel ?
    — Je venais lui demander quand il avait porté son arc à
la salle forte. »
    Modérément surpris par ma question, Thomas haussa les
épaules avec indifférence avant de s’essuyer les mains sur sa chemise.
    « C’est moi qui l’ai apporté, samedi matin. Gabriel
était furieux. Il pestait contre le recteur qui lui a ordonné de s’en séparer
alors qu’il avait rendu service en abattant ce chien enragé.
    — Alors c’est vous qui l’avez porté
là-bas ? »
    Quelque chose dans mon ton le mit sur la défensive.
    « À vrai dire, non. J’ai croisé le docteur Coverdale et
le docteur Bernard en chemin. Ils m’ont demandé ce que je faisais avec une arme
pareille à l’intérieur du collège. Je leur ai expliqué la situation et le
docteur Coverdale m’a dit de déposer l’arc devant la porte de sa chambre, sur
le palier, en précisant qu’il le rangerait lui-même en lieu sûr.
    — Le docteur Bernard vous a-t-il entendu ?
    — Il était juste à côté du docteur Coverdale, donc je
présume que oui. »
    Il semblait déconcerté.
    « Quelqu’un d’autre pourrait-il vous avoir
entendu ?
    — Je ne sais pas. Il y avait quelques personnes qui
passaient dans la cour, mais je ne me rappelle pas que quelqu’un se soit arrêté
près de nous. Quel est le problème, docteur Bruno, si je peux me
permettre ? »
    Triturant le chiffon entre ses mains, il me scrutait avec
attention.
    « Oh, il n’y a pas de problème », répondis-je d’un
air dégagé.
    Nous nous regardâmes en silence un instant.
    « Docteur Bruno, me dit soudain Thomas en avançant d’un
pas et en baissant la voix, j’espère que vous ne me trouverez pas présomptueux,
mais j’aimerais vous parler de quelque chose de toute urgence. C’est une
affaire d’importance et je ne sais pas à qui d’autre je pourrais me
confier. »
    Je sentis un frisson me parcourir la nuque. Thomas savait-il
qui était le meurtrier ?
    « Je vous en prie, sentez-vous libre de me parler.
    — Pas ici. En privé, ailleurs.
    — Ne sommes-nous pas seuls ici ? »
demandai-je en balayant du regard la chambre vide.
    Il me fit signe que ça ne convenait pas et posa un doigt sur
ses lèvres en serrant le chiffon dans son poing.
    « Pas au collège, messire. Il ne faudrait pas qu’on
nous entende. »
    J’hésitai. Je n’avais pas de temps à perdre, ma priorité
était de retrouver le garçon qui était venu chercher Coverdale à la
disputation. Néanmoins, il attendait ma réponse avec une telle angoisse que je
me convainquis que quelque chose de sérieux pesait sur sa conscience.
    « Très bien, dans ce cas. Avez-vous pris votre petit
déjeuner ? Nous pourrions trouver une taverne et parler à notre
aise. »
    Je venais en effet de me souvenir que je n’avais encore rien
mangé et mon estomac me rappelait à l’ordre. Thomas accusa le coup.
    « Messire, malheureusement je n’ai pas les moyens de
fréquenter les tavernes.
    — Moi, si, le rassurai-je. Vous pouvez bien manger avec
moi si je vous invite ?
    — Je crains que si l’on vous voit avec moi, messire,
cela ne nuise à votre réputation à Oxford.
    — Pour être honnête, maître Allen, ma réputation à
Oxford ne vaut pas un clou à cette heure. Mais qu’ils aillent au diable !
Allons prendre un solide petit déjeuner, si c’est possible, nous aurons bien le
temps d’aviser aux conséquences. Et vous pourrez me raconter vos ennuis.
    — Vous êtes bien aimable, messire », dit-il en me
suivant et en fermant à clé derrière nous.
    Alors que nous approchions de la tour, je levai le nez pour
observer les fenêtres de la chambre de James Coverdale, mais elles étaient trop
hautes pour qu’on voie à l’intérieur. La pluie s’était calmée et la lumière
perçait çà et là entre les nuages.
    « Allez-vous bien, docteur Bruno ? me demanda
Thomas en suivant mon regard. Vous avez l’air distrait ce matin. Quelque chose
est arrivé ? »
    Je rassemblai mes pensées avant de répondre. Thomas n’était
pas encore au courant du meurtre de Coverdale mais, à notre retour, la rumeur
et les spéculations seraient déjà à l’œuvre au sein du collège. S’il avait des
informations, je pouvais tirer parti du fait qu’il n’était pas sur ses

Weitere Kostenlose Bücher