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Le prix de l'hérésie

Le prix de l'hérésie

Titel: Le prix de l'hérésie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: S.J. Parris
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telle liberté à ma fille, si j’en avais
une. L’esprit des femmes n’est pas fait pour apprendre et j’avoue que je crains
pour sa santé. Néanmoins, je lui suis reconnaissant de ne l’autoriser à venir
qu’à des heures où il est peu probable qu’elle croise des élèves. Sinon, ils
deviennent pires que des chiens en rut, docteur Bruno, et je ne veux pas que
des scènes de ce genre aient lieu dans ma bibliothèque. Avec cette clé, au
moins, elle peut entrer quand les étudiants assistent à leurs cours.
    — Vient-elle à la bibliothèque quand vous n’êtes pas là
pour la surveiller ?
    — Oh, j’imagine, répondit Godwyn d’un air impuissant.
Si son père le lui permet, je peux difficilement m’y opposer. D’ailleurs, elle
ne risque pas de voler des livres. »
    Non, pensai-je, mais elle pouvait avoir utilisé la clé pour
entrer la veille, sachant que tout le collège se trouverait à Divinity School
pendant une heure. Elle n’avait pas trahi la moindre surprise lorsque je lui
avais répété la citation la veille au soir, mais ce n’était pas en soi une
preuve d’innocence. Cependant, pourquoi diable Sophia m’aurait-elle contacté
anonymement pour feindre ensuite l’ignorance alors que nous avions l’occasion
de discuter ? La personne qui m’avait écrit avait visiblement à cœur de ne
pas être identifiée comme la source de l’information, si étrange que ce fût.
Peut-être Sophia savait-elle quelque chose à propos d’un membre du collège mais
qu’elle ne pouvait pas ouvertement le dénoncer. Peut-être cela concernait-il
directement son père.
    « Merci, maître Godwyn, dis-je en me levant pour
prendre congé.
    — Oh, mais je ne vous ai pas encore montré notre
manuscrit enluminé des lettres de saint Cyprien que Dean Flemyng a aussi
rapporté de Florence. »
    Il avait l’air déçu. Je lui fis mes excuses en me disant que
ses grands yeux mélancoliques lui donnaient un air de candeur désarmante. Mais
je savais dorénavant que Godwyn était aussi un homme qui cachait ses propres
secrets, et je me fis cette réflexion que je ne devais plus me fier à aucun
d’entre eux, quel que fut le visage qu’il montrait au monde ou à moi. Comme me
l’avait clairement fait remarquer William Bernard le premier soir, personne à
Oxford n’était vraiment ce qu’il avait l’air d’être.

 
CHAPITRE 9
    Tout en essayant de rassembler mes pensées, je descendis
dans la cour égayée par les premiers maigres rayons de soleil que j’avais vus
depuis mon départ de Londres. Des traînées nuageuses flottaient encore dans le
ciel, mais la pluie qui était tombée presque sans interruption les trois
derniers jours semblait momentanément éloignée. En haut de sa tour, l’horloge
indiquait huit heures et demie légèrement passées. Dans le collège régnait un
calme inquiétant.
    Je m’arrêtai pour regarder les fenêtres des appartements du
recteur en me demandant lesquelles donnaient sur la chambre de Sophia et
comment je pourrais faire en sorte de la revoir ce jour-là, en dépit de
l’interdiction formelle de son père. Je me souvins alors que j’avais promis à
Sidney de l’accompagner chasser avec le palatin Laski dans la forêt de
Shotover. Je maudis cette promesse faite à contrecœur. Il fallait maintenant
que j’aille à Christ Church m’excuser en personne auprès de Sidney. Il serait
en colère, je le savais, et j’avais de la compassion pour lui qui allait
chevaucher avec le Polonais de l’aube au crépuscule. Mais même lorsque je
n’avais pas l’esprit préoccupé par la traque d’un meurtrier, je constituais un
fardeau pour n’importe quelle partie de chasse : mes talents pour cet
exercice étaient nuls et je n’avais pas eu comme lui l’occasion d’apprendre dès
ma jeunesse. Sidney pourrait profiter de sa sortie pour obtenir les
renseignements nécessaires à propos des chiens de chasse. Quant à moi, je
ferais des progrès plus substantiels en restant en ville. Il y avait deux
personnes dont j’avais absolument besoin de gagner la confiance : Thomas
Allen et William Bernard. Tous deux, je le subodorais, connaissaient au moins
un peu les réseaux catholiques d’Oxford, lesquels avaient peut-être un lien avec
la mort de Mercer. Bien entendu, s’ils étaient en contact avec eux, je
n’ignorais pas qu’ils ne l’admettraient pas volontiers.
    Pour l’heure, je décidai de retourner à ma chambre où je me
lavai à l’eau froide, puisque

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