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Le prix de l'hérésie

Le prix de l'hérésie

Titel: Le prix de l'hérésie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: S.J. Parris
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les collèges d’Oxford ne semblaient pas disposer
de bains publics. Je me promis aussi de demander à Cobbett que le barbier
vienne me tailler la barbe et que la lingère s’occupe de mes chemises,
maintenant que j’étais certain d’être encore là pour au moins trois jours. Mon
estomac gargouilla bruyamment pendant que je m’habillais ; la faim me
tenaillait depuis le début de ma toilette. Je pris la bourse de Walsingham au
fond de mon sac de voyage, l’attachai à ma ceinture et décidai d’aller voir en
ville s’il y avait un endroit qui servait à manger à cette heure un dimanche.
    La cour était toujours vide lorsque j’arrivai au bas de
l’escalier. Le silence paraissait presque irréel. Apparemment, les élèves se
faisaient discrets le dimanche. J’allais me diriger vers la grille quand
j’aperçus Norris qui arrivait à son tour par l’escalier du bâtiment ouest, un
sac en cuir passé sur l’épaule. Je reculai instinctivement d’un pas pour me
cacher dans l’ombre. Je ne souhaitais pas me relancer avec lui dans un débat
sur ce qu’il fallait dire ou pas pendant l’enquête. Il était habillé tout de
noir, mais malgré la distance je vis qu’il portait un pourpoint et des chausses
en satin, ainsi qu’une courte cape de velours qui scintillait dans la clarté du
jour. Il balaya rapidement la cour du regard sans m’apercevoir, puis partit
d’un bon pas vers la sortie. Quelque chose dans sa hâte attira mon attention.
Je me souvins qu’il avait décliné l’invitation de Sidney à prendre part à la
chasse, et je me demandai quel autre engagement pouvait être plus attrayant aux
yeux d’un jeune homme. Je me dis qu’il serait amusant de le suivre, puisque de
toute façon j’avais prévu de me rendre en ville. Après les expéditions
nocturnes qu’il m’avait avouées et la rumeur sur ses préférences, j’espérais à
moitié le surprendre dans une situation illicite et confirmer la théorie de
Lawrence Weston. Ensuite, si l’occasion propice se présentait, je pourrais
faire éclater la vérité et éloigner Sophia de lui une fois pour toutes. Bien
entendu, il me faudrait d’abord acquérir la certitude qu’il était bien l’homme
dont elle s’était vainement entichée.
    Je lui laissai prendre un peu d’avance pour qu’il ne me
remarque pas derrière lui. Puis je saluai Cobbett par sa petite fenêtre et
franchis discrètement le portail de St Mildred Lane. Norris était déjà à bonne
distance, il marchait à grandes enjambées vers le nord, en direction de Jesus
College. Collé à l’enceinte d’Exeter College, je courais à moitié pour suivre
le rythme de ses longues foulées, mais en faisant attention à ce que ma
démarche reste naturelle au cas où il se serait retourné et m’aurait aperçu.
    La rue était boueuse à cause de la pluie des jours passés et
Norris faisait de petits sauts pour éviter les flaques. À un moment, il
s’arrêta pour nettoyer d’un geste irrité une éclaboussure sur ses bottes de
cuir. Au croisement de St Mildred et Sommer Lane, il prit à droite sans
hésiter. Je laissai passer quelques secondes avant de le suivre dans l’ombre
des murs de la vieille ville dont la masse s’élevait autour de moi comme une
forteresse. Les rues étaient pratiquement désertes, hormis un ou deux couples
bien mis qui se rendaient sans doute dans l’une des nombreuses églises de la
ville. Les cloches sonnaient quelque part au loin, annonçant le service.
    Mon homme se déplaçait à vive allure, il avait sans doute
hâte de retrouver quelqu’un, mais il n’y avait rien de suspect dans sa
démarche, rien qui suggérât que sa destination sortait de l’ordinaire ou qu’il
préférait ne pas être vu. Malgré sa taille, le sac qu’il portait n’avait pas
l’air lourd. Je réprimai un frisson en contournant Divinity School et droit
devant nous, face à l’entrée d’une rue dont le panneau indiquait CATTE STREET,
il s’engouffra dans une poterne courant sous les remparts, près d’une petite
chapelle. Je commençais à trouver ma poursuite un peu stupide.
    De l’autre côté de l’enceinte s’étirait une rue bordée de
maisons basses et décrépites, avec de grands lopins de terre et des jardins mal
entretenus qui s’étiraient plus loin que l’œil ne portait. Les roues et les
sabots avaient creusé des ornières. Je vis Norris traverser, le sac oscillant
dans son dos, et longer à droite des habitations plus misérables

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