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Le roi d'août

Le roi d'août

Titel: Le roi d'août Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Pagel
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faut bien admettre que… commença-t-il.
    — Eh bien, vous êtes donc un sot et un imbécile, puisque c'est vous qui l'avez prononcé. Disparaissez !
    — Mais sire…
    Guillaume aux Blanches Mains n'acheva pas. Rappeler qu'il avait agi pour complaire au roi n'eût servi à rien : il faisait un bouc émissaire tout désigné. Ne l'avait-il pas toujours su ? La tête basse, il salua Philippe et quitta la pièce pour s'en retourner en son diocèse, d'où il ne devait plus sortir avant sa mort. Laquelle ne tarda pas : les grands politiques, semblait-il, avaient de la peine à survivre loin du pouvoir.
    La haute noblesse avait à présent bel et bien déserté le conseil royal.
    Son honnêteté garantie – n'avait-il pas agi avec la caution morale du plus grand archevêque de France ? – le roi écrivit une nouvelle lettre au pontife, dont il fit mine d'accepter les conditions. Innocent, soupçonnant que Pierre de Capoue ne serait plus le bienvenu en France, envoya un nouveau légat, le cardinal Octavien, évêque d'Ostie, qui fut reçut à Sens par Philippe. À la surprise générale, ce dernier accepta toutes les conditions posées par le pape : Isambour serait conduite au château de Saint-Léger-en-Yvelines, pour y être traitée selon son rang. Quant à Agnès, elle serait provisoirement exilée à Poissy.
    — C'est la fin, Philippe, déclara-t-elle tristement, lorsqu'il le lui annonça.
    — Bien sûr que non ! Je feins d'obtempérer pour obtenir la réunion d'un nouveau tribunal ecclésiastique. Octavien m'a promis qu'elle aurait lieu le plus rapidement possible.
    — Que pourra bien nous apporter un autre tribunal ? soupira Agnès. Celui-là ne sera pas de mauvaise foi : il statuera en faveur d'Isambour.
    — Le pape n'est pas idiot : il sait que je ne saurais m'accommoder d'elle ; il trouvera le moyen de m'en débarrasser. Tout ce qu'il désire, c'est avoir le dernier mot. Nous allons être séparés quelques mois, mais ensuite, nous ne nous quitterons plus. (Il tenta de prendre un ton léger.) Puisque notre mariage n'est décidément pas valable, nous n'aurons qu'à en célébrer un deuxième.
    La jeune femme secoua doucement la tête.
    — Tu y crois vraiment ? interrogea-t-elle.
    Philippe soutint son regard un instant puis détourna les yeux.
    — L'important est que l'Interdit soit levé, dit-il.
    — Bien sûr, oui, c'est cela qui est important, acquiesça-t-elle, d'autant plus résignée qu'elle le pensait vraiment.
    Aux premiers jours de septembre, Isambour reçut à Saint-Léger la visite du légat Octavien qu'accompagnait en grande pompe un essaim d'évêques. Elle l'accueillit avec humilité, trop habituée à être traitée en captive pour se conduire en reine. Pourtant, depuis son arrivée au château, elle ne manquait de rien. Pour la première fois depuis des années, elle portait de riches vêtements, dormait dans un lit digne de ce nom et goûtait les mets les plus délicieux.
    Son enthousiasme tomba quand le légat lui annonça que ces dispositions n'étaient que provisoires : Philippe ne renonçait pas à l'idée de se séparer d'elle.
    — J'approuve entièrement la réunion d'un nouveau tribunal ecclésiastique, affirma-t-elle néanmoins. Puisqu'il n'est aucun motif d'annuler mon mariage, le verdict ne saurait que me satisfaire.
    — Votre confiance à cet égard, madame, plaide d'ores et déjà en votre faveur, répondit le légat. À présent, la question se pose de savoir oû et quand auront lieu les délibérations. En ce qui concerne le second point, il nous semble que sept mois à dater d'aujourd'hui suffiront à votre frère pour envoyer toutes les pièces susceptibles de servir votre cause. Quant au lieu, le roi suggère Lyon ou Cambrai.
    Isambour faillit signifier son indifférence puis elle se ravisa. Les deux villes dépendaient de l'Empire, avec lequel Knut VI n'était pas dans les meilleurs termes. Des ambassadeurs danois risqueraient fort d'être interceptés comme par hasard, et sans qu'on pût reprocher quoi que ce fût à Philippe.
    — Pourquoi pas Soissons ? proposa-t-elle après avoir fait part de ses craintes à Octavien. C'est en terre de France et l'évêque m'y a naguère témoigné quelque bonté.
    La suggestion, dûment transmise, fut acceptée par tous les partis en présence, ce qui donna à la jeune femme un avant-goût de victoire.
    Le lendemain de sa première visite, le légat revint la voir, accompagné cette fois du roi en

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