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Le Temple Noir

Le Temple Noir

Titel: Le Temple Noir Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Eric Giacometti
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s’approcha en slalomant entre les groupes et arriva devant le frère obèse qui lapait goulûment un long cône surmonté de trois boules noires. Le directeur du Rucher 1 se contorsionnait avec son cornet pour éviter que la glace ne coule sur son complet-veston. La dernière fois qu’il l’avait vu c’était au Sacré-Cœur 2 . Le trésor découvert, il l’avait prévenu directement. Le frère obèse était arrivé aussitôt avec une équipe de policiers triés sur le volet. Ils avaient emporté le corps brisé du père Hemler et renvoyé la religieuse de permanence, un peu trop curieuse. Avec Gabrielle et le père da Silva, ils avaient passé trois heures de débriefing dans un appartement anonyme avant d’être raccompagnés chez Antoine au petit matin. Le directeur du Rucher avait pris l’affaire en main.
    Le frère obèse avala un morceau de glace.
    — Un délice. Tu en veux une ?
    — Non, merci ; c’est pas bon pour ta ligne. Est-ce qu’une fois au moins dans ta vie tu as fait un régime ?
    — Oui, il y a trente ans à l’armée, je ne m’en suis jamais remis. Il paraît que tu étais complètement bourré quand le DGPN t’a appelé. Il a failli faire un arrêt cardiaque. Marcas ivre mort, je n’arrive pas à y croire. Pas mal, ton nouveau nez…
    — Va au diable.
    Le directeur du Rucher gloussa.
    — Ça tombe bien, mon chauffeur nous attend. Je t’emmène faire un tour aux Enfers.
    1 - Voir In Nomine , Pocket, 2010.

    2 - Voir Le Septième Templier , Fleuve Noir, 2011.

7
    Al Kilhal
Veille de Toussaint 1232
    Un vent, chargé de cendres, s’engouffra dans la maison du rabbin. Khatani ferma la porte derrière lui pendant que le vieil homme se relevait péniblement, se maudissant d’avoir introduit ce fou dans sa maison. Il avait déjà écouté les prêches haineux de l’imam sur la place du marché. Il n’était question que de purification et de vengeance.
    Khatani se dressa devant lui, un couteau à la main. Il persifla :
    — Et dire qu’Allah m’a conduit dans ta demeure. Misérable hébreu, toi qui as toujours cru que ton Dieu t’avait élu parmi les hommes…
    Le souffle court, Maïmonès ne répondit pas. Dans le silence de son cœur, il se mit à réciter un psaume d’Isaïe :
     
    Les pauvres et les affligés cherchent de l’eau
    Et ils n’en trouvent point ;
    Leur langue est brûlée par les ardeurs de la soif.
    Mais je suis le Seigneur et je les exaucerai :
    Je suis le Dieu d’Israël
    Et je ne les abandonnerai point.
     
    Quand il releva son visage, plus aucune crainte n’entachait ses traits. Désormais, il était dans la main protectrice de Dieu. La violence ne le ferait pas plier. Kathani s’approcha du rabbin en souriant. Il se plaça derrière lui et glissa sa lame sous la gorge.
     
    Maïmonès ferma les yeux, chercha le battement de son cœur et, suivant le rythme, psalmodia les versets sacrés. Le coup le prit par surprise. Le talon nu de l’imam le frappa entre les reins. Subitement, ses jambes se dérobèrent, il chuta lourdement sur le carrelage. Le choc manqua de le tuer. Il roula sur le pavement, achevant sa course le long d’un balustre. Une écharde lui cisailla l’arcade. Immédiatement, le sang l’aveugla. Il tenta de se relever, mais sa main fut plaquée au sol. Le pied de Khatani pivota lentement, disloquant les os et laminant l’épiderme. La voix haineuse de Khatani retentit :
    — Maudit Juif, qui as fait des serviteurs du Prophète des esclaves sur leur propre terre.
    Maïmonès ouvrit la bouche, mais le sang l’étouffa. Plié en deux, il se mit à hoqueter et cracher sur le sol. L’imam s’approcha.
    — Relève-toi. Mon Dieu, l’Unique et le Véritable, est désormais le maître de cette maison et tu es mon esclave…
    Un sifflement aigu perfora le silence. Khatani bondit en arrière. Hachant sa côte, une flèche venait de le clouer contre le mur.
    — … ou le mien, ajouta une voix en arabe.
    Le Devin, un arc tendu entre les mains, apparut dans l’encadrement de la porte.
     
    Khoubir, le chef des gardes, fut le premier à se rendre. Mieux valait arrêter le massacre et éviter de nouveaux morts. Les derniers combattants, eux aussi, déposèrent les armes. Rassemblés devant eux sur la place, les démons avaient retiré leurs masques et les tenaient en respect, l’épée au poing. Ce n’étaient que des hommes. C’était presque rassurant pour Khoubir qui chercha à identifier le chef des pillards afin de

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