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Le temps des illusions

Le temps des illusions

Titel: Le temps des illusions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Evelyne Lever
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qu’il ne lui parlait pas. « Monsieur, ne trouvez-vous pas que cela est beau ? », lui dit-elle. « Oui », a-t-il répondu d’un air las. Ravie, la petite princesse appela ceux qui étaient autour d’elle et clama : « Il m’a parlé ! Il m’a parlé ! » De toute évidence, le roi n’aime pas sa petite infante.

    Cartoucheet sa bande
    Au cours des derniers mois, les Parisiens ont sans doute été plus préoccupés par leur sécurité que par le mariage du roi. La peur régnait sur la ville. Une bande de voleurs d’une audace incroyable perpétrait ses forfaits. On ne dormait plus tranquille. Toujours armés, les malfaiteurs passaient par la cheminée, par la porte, par la fenêtre, de jour comme de nuit. Leur chef s’appelaitCartouche. Leurs exploits criminels défrayaient la chronique. Plusieurs archers étaient tombés sous leurs coups et les malfaiteurs avaient toujours échappé à la vigilance de la police pourtant aux aguets. Une récompense était promise à celui qui dénoncerait Cartouche et défense était faite aux armuriers de vendre des pistolets. Cartouche et ses acolytes restaient introuvables. Le 22 juillet 1721, les brigands exercèrent leurs talents à l’Opéra, mais les grenadiers de la garde ne parvinrent pas à en saisir un seul. On attribuait à ces bandits tous les crimes de Paris. Pendant l’été, il y eut comme un répit. Les malfrats prenaient-ils quelque repos pour mieux jouir de leurs larcins ? On ne sait. Il faisait une chaleur incroyable et les fenêtres restaient fermées, mais il en aurait fallu davantage pour décourager ce genre de cambrioleurs. On les oublia. Les bourgeois reprenaient confiance.
    Le 14 octobre, une nouvelle se répandit comme un éclair : Cartouche venait d’être arrêté. Jamais le lieutenant de police et ses hommes n’avaient abandonné leurs recherches. Un des proches de Cartouche, un bon gentilhomme nomméDu Chatêlet l’avait dénoncé etM. Le Blanc, secrétaire d’État à la Guerre, avait chargé une brigade de grenadiers et quatre exempts de s’en emparer mort ou vif. Dans le plus grand secret, ces hommes avaient cerné le cabaret de La Grande Motte à La Courtille et envahi les lieux où Cartouche dormait paisiblement sous la garde de ses complices. Ayant mis ces derniers hors d’état de nuire, ils s’emparèrent de leur chef, nu comme un ver. On le laissa revêtir une culotte et chausser ses pantoufles afin de le conduire chez M. Le Blanc et, de là, jusqu’à la prison du Châtelet, à pied, de façon que le peuple vît bien qu’on l’avait arrêté. Paris respira.
    Une semaine plus tard, malgré les fers qui l’entravaient aux pieds, Cartouche s’évada avec un autre détenu. Au moyen d’une lime, ils avaient descellé une pierre et sauté au fond des lieux d’aisance, d’où ils rampèrent jusqu’à une fosse voisine ; ils poussèrent la pierre qui la fermait et parvinrent dans la cave d’une fruitière où une chienne allaitait ses petits. L’animal aboya, réveilla ses maîtres qui appelèrent le guet.Cartouche et son complice furent repris quelques minutes plus tard. On les menotta, ce qui n’empêcha pas le chef des voleurs de fanfaronner : il avait eu l’intention d’aller applaudir au théâtre une pièce inspirée par son épopée et qui faisait fureur. Intitulée Cartouche ou les voleurs , elle fait salle comble chaque soir et le héros voulait juger de la qualité du travail de son auteur, un certain Le Grand !
    Cartouche a réintégré sa geôle où il est bien nourri sur ordre duRégent. Plusieurs grandes dames vont le voir et s’apitoient sur son sort en le voyant attaché sur sa paillasse. Il passe pour sorcier. On le croit doué de pouvoirs magiques. Il prétend s’appeler Jacques Bourguignon, natif de Bar-le-Duc. Depuis son arrestation, bien qu’il n’ait dénoncé âme qui vive, on a procédé à quantité d’arrestations. On a découvert cinq hommes de sa bande parmi les postulants de la Trappe ; il paraît que plusieurs autres en cavale ont suivi le cortège de Mlle deMontpensier vers l’Espagne… Qu’apprendra-t-on encore ?
    Le 27 novembre, ses juges l’ont soumis à la question. Bien qu’on ait serré les brodequins de plus en plus fort, il n’a rienavoué. Condamné au supplice de la roue, on l’a livré à son confesseur, qui l’a prié de tout avouer s’il voulait recevoir l’absolution. Alors qu’on le conduisait vers la place de Grève pour être

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