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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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par la suite, quand il
fut trop tard. Quelques jours après, quand il fut là aussi trop tard, quand non
seulement Blomberg et Fritsch furent partis, mais que 16 généraux appartenant
au Haut-Commandement eurent été mis à la retraite et 44 autres mutés à des
postes moins importants, Fritsch et ses amis les plus intimes, au nombre
desquels se trouvait Beck, envisagèrent sérieusement des contre-mesures
militaires.
    Mais ils ne tardèrent pas à renoncer à d'aussi dangereuses idées
: « Il leur paraissait évident, dit Foerster, qu'un putsch militaire
provoquerait la guerre civile et que sa réussite n'était nullement certaine. »
Alors, comme toujours, les généraux allemands voulurent être sûrs de gagner
avant de prendre de grands risques. Comme l'écrit Foerster, ils craignaient
d'une part que l'aviation de Gœring et la marine de Raeder ne fissent obstacle
à leur projet, puisque les chefs des deux armes étaient entièrement sous la
coupe d'Hitler et, d'autre part, que l'armée elle-même n'apportât pas son plein
appui à son commandant en chef déchu (11).
    Cependant une dernière chance s'offrait aux généraux de porter à
leur tour un coup à Hitler. Une enquête préliminaire, menée par l'armée, en
collaboration avec le ministère de la Justice, eut tôt fait d'établir que le
général von Fritsch était la victime d'une machination de la Gestapo montée par Himmler et Heydrich. On découvrit que Schmidt, l'ancien forçat, avait en effet surpris un officier de l'armée alors
qu'il commettait un acte hors nature, dans un coin obscur, aux alentours de la
gare de Potsdam et l'avait fait chanter avec succès
pendant des années.
    Mais il s'appelait Frisch et non pas
Fritsch, et c'était un officier de cavalerie en retraite, aujourd'hui cloué au
lit, inscrit sur les rôles de l'armée sous le nom de Rittmeister (chef
d'escadron) von Frisch. La Gestapo savait parfaitement de
quoi il retournait; mais elle avait arrêté Schmidt, en
menaçant de le mettre à mort s'il ne faisait pas semblant de reconnaître le
commandant en chef de l'armée. Le chef d'escadron, tout malade qu'il fût, avait
également été mis en état d'arrestation par la police secrète pour qu'il ne pût
parler, mais lui et Schmidt furent ensuite arrachés aux
griffes de la Gestapo par l'armée et gardés en lieu sûr, jusqu'à ce qu'ils
puissent témoigner devant la cour martiale qui jugerait Fritsch.
    Les vieux généraux jubilaient. Non seulement leur commandant en
chef allait être justifié et rétabli dans ses fonctions, mais les machinations
des S.S. et de la Gestapo, d'Himmler et de Heydrich, ces deux personnages sans
scrupules qui détenaient dans le pays un pouvoir illimité, seraient démasquées.
Les deux individus en question et les S.S. subiraient le même sort que Rœhm et
les S.A., quatre ans plus tôt.
    Ce serait là également un rude coup pour le parti, et pour
Hitler lui-même, les fondations du Troisième Reich en
seraient ébranlées avec une violence telle que peut-être le Führer lui-même serait jeté bas. S'il essayait de couvrir le crime, l'armée,
sûre de son bon droit, maintenant que la vérité était connue, prendrait
l'affaire en main. Mais, une fois de plus, comme il était arrivé si souvent
depuis cinq ans, les généraux furent mis en échec par l'ancien caporal
autrichien, avant d'être complètement écrasés par le destin, dont le Führer, bien mieux qu'eux, savait se servir pour parvenir à ses
fins.
    Pendant toute la dernière semaine de janvier 1938, il régna dans
Berlin une atmosphère inquiète et tendue rappelant celle de juin 1934. Une fois
de plus, les rumeurs foisonnaient dans la capitale : Hitler avait renvoyé les
deux plus hauts dignitaires de l'armée et cela pour des raisons inconnues. Les
généraux étaient en révolte. Ils préparaient un putsch militaire. L'ambassadeur
François-Poncet entendit dire que Fritsch, qui l'avait invité à dîner pour le 2
février, puis avait annulé l'invitation, venait d'être arrêté. On racontait que
l'armée projetait d'encercler le Reichstag le 30 janvier,
quand l'assemblée se réunirait pour écouter le discours d'Hitler, à l'occasion
du cinquième anniversaire du régime, et arrêterait tous les membres du
gouvernement nazi, ainsi que les députés, ses créatures. Ces rumeurs se firent
plus insistantes quand on apprit que la réunion du Reichstag venait
d'être remise à une date indéterminée. Le dictateur était de toute

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