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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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passa
l'appareil au docteur Muehlmann, un vague nazi autrichien, que Schuschnigg
avait déjà vu, tapi dans l'ombre, à Berchtesgaden, et ami personnel de Gœring.
    Muehlmann :
Le président refuse obstinément de donner son consentement. Nous avons tenté
d'aller lui parler personnellement, mes camarades nationaux-socialistes et
moi... Il n'a même pas voulu nous recevoir. Jusqu'à présent, il ne semble pas
décidé à céder.
    Gœring :
Passez-moi Seyss. (A Seyss.) Écoutez-moi, retenez bien ce que je vais vous dire
: Vous allez immédiatement, accompagné du lieutenant-général Muff (l'attaché
militaire allemand), dire au président que, si les conditions ne sont pas
acceptées sur-le-champ, les troupes qui avancent déjà vers la frontière la
franchiront ce soir sur toute sa longueur et que l'Autriche aura cessé
d'exister... Dites-lui que ce n'est pas le moment de plaisanter. Voici quelle
est actuellement la situation : ce soir, l'invasion commencera, partant de tous
les coins de l'Autriche. Elle ne sera stoppée et les troupes ne seront retenues
sur la frontière que si, avant sept heures trente, on nous informe que Miklas
vous a nommé chancelier fédéral. Faites alors appel à tous les
nationaux-socialistes du pays. Ils devraient déjà être dans les rues. Alors,
vous avez bien entendu, il faut qu'une réponse nous soit donnée d'ici sept
heures trente. Si Miklas n'a pas pu comprendre cela en quatre heures, nous le
lui ferons comprendre en quatre minutes.
    Mais, toujours fermement résolu, le président tenait bon.
    A six heures trente, Gœring téléphona à nouveau à Keppler et
Seyss-Inquart. Tous deux l'avertirent que le président Miklas refusait de se
rendre à leurs instances.
    Gœring : Eh
bien, alors, il faut que Seyss le renvoie! Remontez chez lui et dites-lui tout
net que Seyss va faire appel aux gardes nationaux-socialistes et, dans cinq
minutes, les troupes marcheront sur mon ordre.
    A la suite de cette injonction, le général Muff et Keppler
présentèrent au Président un second ultimatum : s'il ne cédait pas dans un
délai d'une heure, c'est-à-dire à sept heures trente, les troupes allemandes
entreraient en Autriche : « J'informai ces deux messieurs, a relaté plus tard
Miklas, que je rejetais l'ultimatum... et que c'était l'Autriche seule qui
devait choisir le chef de son gouvernement. »
    Les nazis autrichiens étaient maintenant maîtres de la rue comme
de la Chancellerie. Vers six heures du soir, revenant de l'hôpital où ma femme
luttait contre la mort après une naissance difficile qui s'était terminée par
une césarienne, je me trouvai emporté, à la sortie du métro de la Karlsplatz,
par le flot d'une foule hurlante de nazis déchaînés, qui se ruaient vers la
Ville Intérieure. Ces visages convulsés, je les avais déjà vus aux grands
rassemblements du parti, à Nuremberg. Les hommes hurlaient : « Sieg Heil! Sieg
Heil! Heil Hitler! Heil Hitler! Schuschnigg au poteau! » La police, que j'avais
vue, à peine quelques heures plus tôt, disperser sans la moindre difficulté un
petit groupe de nazis, les regardait en ricanant.
    Schuschnigg entendit les piétinements et les cris de la foule,
et ces bruits lui firent impression. Il se précipita dans le bureau du
président pour lui adresser une dernière requête. Mais, dit-il,
    Le président Miklas demeura inflexible. Il refusait de
nommer un nazi au poste de chancelier d'Autriche. Quand j'insistai pour qu'il
désignât Seyss-Inquart, il répéta : « Vous m'abandonnez tous. » Mais je ne
voyais d'autre possibilité que d'accepter Seyss-Inquart. Avec le peu d'espoir
qui me restait je me raccrochais à toutes les promesses qu'il m'avait faites, à
sa réputation personnelle de catholique pratiquant et d'homme intègre (27).
    Schuschnigg se raccrochait à ses illusions jusqu'au bout.
    Le chancelier déchu proposa alors de faire un discours d'adieu à
la radio pour expliquer les raisons qui l'avaient amené à démissionner. Il
affirme que Miklas y consentit; cependant, par la suite, le président contesta
cette affirmation. Ce fut l'émission la plus émouvante que j'aie jamais
entendue. Le micro était placé à cinq pas environ de l'endroit où Dollfuss
avait été tué par les nazis.
    Le gouvernement allemand, dit Schuschnigg, a remis
aujourd'hui au président Miklas un ultimatum lui ordonnant, dans un délai
imposé, de nommer au poste de chancelier une personnalité désignée par le
gouvernement allemand; en cas de

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