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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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Schuschnigg put écrire dans son journal :
    A deux heures cet après-midi, alerte! Les Américains!
    Un détachement américain s'empare de l'hôtel.
    Nous sommes libres!
    Sans tirer un coup de feu, sans que la Grande-Bretagne, la
France et la Russie, dont les forces militaires auraient pu l'écraser, soient
intervenues, Hitler avait ajouté au Reich 7 millions de sujets et s'assurait
une position stratégique d'une immense valeur pour la réalisation de ses futurs
projets. Non seulement ses armées flanquaient la Tchécoslovaquie sur trois
côtés, mais il détenait maintenant, avec Vienne, la porte d'entrée de l'Europe
du sud-est. Capitale du vieil empire austro-hongrois, Vienne était toujours
restée le centre des communications et des systèmes commerciaux de l'Europe
centrale et sud-orientale. Désormais, ce centre nerveux était entre les mains
des Allemands.
    Mais le point le plus important peut-être c'était qu'Hitler
venait d'avoir une nouvelle fois la preuve que ni la Grande-Bretagne ni la
France ne lèveraient un doigt pour l'arrêter. Le 14 mars, Chamberlain avait
prononcé devant les Communes un discours dans lequel il acceptait comme un fait
accompli l'entrée d'Hitler en Autriche, et l'ambassade d'Allemagne à Londres
avait expédié à Berlin une série de télégrammes urgents au sujet de ces débats.
Hitler n'avait pas grand-chose à craindre : « Le fait est indiscutable, déclara
Chamberlain, rien ne pouvait empêcher ce qui s'est passé (en Autriche), à moins
que notre pays et d'autres avec lui eussent été résolus à employer la force! »
    Hitler acquit ainsi la certitude que le Premier Ministre
britannique ne voulait ni employer la force, ni même se concerter avec les
autres grandes puissances sur les mesures à prendre pour prévenir de nouvelles
initiatives allemandes. Le 17 mars, le gouvernement des Soviets avait proposé
la réunion d'une conférence des Puissances, avec ou sans la S.D.N., afin
d'étudier les moyens de faire obstacle à d'éventuelles agressions allemandes.
Chamberlain envisageait cette réunion sans enthousiasme et le 24 mars, à la
Chambre des Communes, il s'y déclara publiquement hostile : « Une action de ce
genre, dit-il, aurait pour conséquence inévitable d'aggraver la tendance à la
création de groupes exclusifs de nations qui... seraient nécessairement
défavorables aux perspectives d'avenir de la paix en Europe. » En apparence, il
oubliait l'existence de l'Axe Rome-Berlin et du pacte tripartite antikomintern,
conclu entre l'Allemagne, l'Italie et le Japon — ou du moins il ne les prenait
pas au sérieux.
    Dans le même discours, Chamberlain annonça une décision de son
gouvernement qui fut certainement encore plus agréable à Hitler. Il se refusa
catégoriquement à envisager que la Grande-Bretagne puisse s'engager à venir en
aide à la Tchécoslovaquie au cas où celle-ci serait attaquée, ni même à
soutenir la France si elle était appelée à remplir ses obligations aux termes
du pacte franco-tchèque.
    Pour Hitler, cette prise de position facilitait considérablement
les choses. Il savait dès lors que la Grande-Bretagne se tiendrait cette fois
encore à l'écart quand il s'attaquerait à sa prochaine victime. Si la
Grande-Bretagne s'abstenait, la France n'en ferait-elle pas autant? Comme le
prouvent ses papiers secrets relatifs aux mois suivants, il en était certain.
Et il savait qu'aux termes des pactes conclus par les Russes avec la France et
la Tchécoslovaquie, l'Union Soviétique n'était pas obligée de venir en aide aux
Tchèques si la France ne bougeait pas. Il n'avait pas besoin d'en savoir
davantage pour poursuivre sans tarder l'exécution de ses projets.
    Hitler était en droit de supposer qu'après le succès de
l'Anschluss les généraux allemands, jusqu'alors rétifs, ne lui feraient plus
obstacle. S'il conservait encore le moindre doute à ce sujet, le dénouement de
l'affaire von Fritsch le rassura complètement. Comme nous l'avons vu [107] ,
le tribunal d'honneur chargé de juger le général, accusé d'homosexualité, avait
brusquement suspendu les débats le jour même de leur ouverture, le 10 mars, le
feld-maréchal Gœring et les commandants en chef de l'armée et de la marine
ayant été convoqués par Hitler pour traiter d'affaires plus urgentes, relatives
à l'Autriche.
    Le procès reprit le 17 mars, mais, étant donné ce qui s'était
passé dans l'intervalle, il ne pouvait manquer de susciter assez peu

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