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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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retour à une vie libre et indépendante de
la Tchécoslovaquie, de la Pologne, de la Norvège, du Danemark, de la Hollande, de
la Belgique et, par-dessus tout, de la France (37) [68] …
    C’était le nœud de la position de Churchill et apparemment
personne à Londres ne songeait à la compromettre par la conclusion d’une paix
qui préserverait l’Angleterre mais asservirait en permanence les pays qu’Hitler
avait conquis. Mais Berlin ne comprenait pas cela, et je me rappelle ces jours
d’été où chacun, en particulier à la Wilhelmstrasse et à la Bendlerstrasse, était
sûr que la guerre était presque terminée.
    Pendant la dernière quinzaine de juin et les premiers jours de
juillet, Hitler attendit que Londres se déclarât prêt à jeter l’éponge et à
conclure la paix. Le 1er juillet, il dit au nouvel ambassadeur italien, Dino
Alfïeri [69] ,
« qu’il ne pouvait concevoir qu’une seule personne en Angleterre croie
encore sérieusement à la victoire (38) ». Rien n’avait été fait au haut
commandement en ce qui concernait la poursuite de la guerre contre l’Angleterre.
    Mais le lendemain 2 juillet, la première directive sur ce
sujet fut finalement donnée par l’O. K. W. C’était un ordre hésitant :
    Le Führer et Commandant suprême décide :
    Qu’un débarquement en Angleterre est possible, à condition
que la supériorité aérienne puisse être réalisée et certaines autres conditions
remplies. La date n’est pas encore décidée. Tous les préparatifs doivent
commencer immédiatement.
    Le paragraphe final de la directive reflète la tiédeur d’Hitler
vis-à-vis de l’opération et sa conviction qu’elle ne serait pas nécessaire :
    Tous les préparatifs doivent être entrepris sur la base que
l’invasion est seulement un projet et n’a pas encore été décidée (39).
    Quand Ciano vit le Führer à Berlin le 7 juillet, il eut l’impression,
comme il le nota dans son journal, que le Seigneur de la Guerre avait du mal à
se décider :
    Il est plutôt enclin à continuer la lutte et à déchaîner
une tempête d’acier sur les Anglais. Mais la décision finale n’a pas été prise,
et c’est pour cette raison qu’il retarde son discours dont, il le dit lui-même,
il veut peser chaque mot (40).
    Le 11 juillet, Hitler commença à réunir ses chefs
militaires sur l’Obersalzberg pour connaître leur opinion. L’amiral Raeder, dont
la marine devrait faire traverser la Manche à une armée d’invasion, eut une
longue conversation avec le Führer. Aucun d’eux n’avait hâte d’être aux prises
avec le problème – en fait, ils passèrent la plus grande partie du temps à
discuter comment étendre les bases navales de Trondhjem et de Narvik en Norvège.
    Le commandant suprême, à en juger d’après le rapport
confidentiel de Raeder sur la rencontre (41), était plus calme. II demanda à l’amiral
s’il pensait que le discours qu’il projetait de faire au Reichstag serait « efficace ».
Raeder répliqua qu’il le serait, surtout s’il était précédé d’un bombardement « concentré »
de l’Angleterre. L’amiral, qui rappela à son chef que la R. A. F. se livrait à
des « attaques destructrices » sur les principales bases navales
allemandes à Wilhelmshaven, Hambourg et Kiel, pensait que la Luftwaffe devait s’engager
immédiatement contre l’Angleterre. Mais sur la question de l’invasion, le
commandant en chef de la marine fut manifestement tiède. Il conseilla fermement
qu’elle ne fût tentée « qu’en dernier ressort, pour forcer l’Angleterre à
la paix ».
    Il (Raeder) est convaincu que l’Angleterre peut être
contrainte à demander la paix simplement en supprimant ses importations par la
guerre sous-marine, par des attaques aériennes sur les convois et de puissantes
attaques aériennes des principaux centres… Le commandant en chef de la marine (Raeder)
ne peut de son côté plaider en faveur d’une invasion de l’Angleterre comme il
le fit pour la Norvège…
    Là-dessus, l’amiral se lança dans une explication longue et
détaillée des difficultés d’une telle invasion, qui dut être des plus décourageantes
pour Hitler. Décourageante, mais peut-être aussi convaincante. Car Raeder note
que « le Führer envisage lui aussi l’invasion en
dernier ressort ».
    Deux jours après, le 13 juillet, les généraux arrivèrent au
Berghof, au-dessus de Berchtesgaden, pour conférer avec le commandant suprême.

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