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L'épopée des Gaulois

L'épopée des Gaulois

Titel: L'épopée des Gaulois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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cas de nécessité.
    Pendant une année, comme s’ils s’étaient résignés à l’inévitable, les peuples de la Gaule se tinrent tranquilles, dans une sorte de torpeur dont la cause était qu’ils pensaient que les Romains, par leur rapide invasion de ces territoires pourtant éloignés, étaient invincibles. Et le proconsul put croire alors que la conquête de la Gaule était achevée et qu’il en était évidemment l’artisan. Mais certains événements le rappelèrent à la réalité des choses : les troupes romaines, coupées de leurs bases de la Provincia Romana , ne pouvaient survivre qu’en obtenant du ravitaillement des populations qu’ils avaient pacifiées en apparence et souvent réduites à un état de servitude. De plus en plus, dans le silence, surtout dans les campagnes les plus reculées, les Gaulois, la plupart du temps excités par leurs druides et remplis de nostalgie au souvenir des actions héroïques de leurs ancêtres, murmurèrent qu’il n’était pas tolérable qu’un peuple fier pût ainsi courber l’échine devant un étranger qui, sous prétexte de les protéger d’éventuels assaillants, exerçait sur eux une pesante tyrannie. Et c’est au pays des Vénètes que la résistance s’organisa, d’abord secrète, puis manifestée au grand jour et de plus en plus efficace du fait du ralliement des autres peuples de l’Armorique.
    La cause la plus immédiate fut en fait le manque de ravitaillement de la septième légion romaine que commandait Publius Crassus. Elle avait pris ses quartiers chez les Andegavi, sur les bords de la Loire. Or, le blé manquait dans ce pays et, pour approvisionner ses troupes, Publius Crassus se vit obligé d’envoyer des préfets et des tribuns réclamer du blé chez les peuples les plus proches, c’est-à-dire ceux qui occupaient une partie du littoral de l’océan et, en totalité, celui de ce qu’on appelait la mer des Bretons 167 . Et ce furent Quintus Vélanius et Titus Sillius qui eurent pour mission de réclamer du blé au peuple des Vénètes 168 .
    Les Vénètes étaient de beaucoup le peuple le plus puissant de toute cette côte maritime. C’était lui qui possédait le plus grand nombre de navires, en une flotte qui assurait tout le trafic avec l’île de Bretagne. Il était supérieur à tous les autres peuples gaulois par son expérience de la navigation. D’ailleurs, comme l’océan était violent et battait librement une côte où il n’y avait que quelques ports bien abrités dont les Vénètes étaient les maîtres, presque tous ceux qui commerçaient habituellement dans ces eaux dépendaient d’eux. Ils savaient donc qu’ils pouvaient obtenir le ralliement de leurs obligés s’ils organisaient une révolte ouverte contre les Romains. La quantité de blé réclamée leur sembla exorbitante par rapport à leurs propres ressources et, pour ne pas avoir à la livrer, ils n’eurent rien de plus pressé que de faire prisonniers Sillius et Vélanius, pensant que, par la même occasion, ils pourraient récupérer les otages vénètes qu’ils avaient dû livrer à Publius Crassus.
    Mais les peuples voisins n’attendaient que ce signal pour manifester leur mécontentement et leur mépris envers une autorité qu’ils n’avaient acceptée que contraints et forcés. Les uns après les autres retinrent prisonniers les envoyés du légat romain tout en dépêchant des émissaires chez les Vénètes afin de conclure avec eux des traités d’alliance dans le but délibéré de mettre tout en œuvre pour chasser les Romains de leur pays, par la disette autant que par les armes. Les chefs se concertèrent et se jurèrent mutuellement de ne rien entreprendre que d’un commun accord pourvu qu’on pût enfin se débarrasser de cette mainmise étrangère par trop pesante. Ils envoyèrent également des messagers chez beaucoup d’autres peuples gaulois pour les presser de recouvrer une indépendance que leurs ancêtres avaient parfois acquise au péril de leur vie. Une ambassade commune fut alors désignée pour avertir Publius Crassus qu’ils ne rendraient leurs prisonniers que si le légat romain libérait les jeunes gens qu’ils avaient dû fournir comme cautions.
    Lorsque César qui, à ce moment-là, se trouvait fort éloigné fut averti de cette affaire, il ordonna qu’on l’attendît avant d’engager la moindre action, mais que l’on construisît des navires de guerre sur la Loire, qu’on enrôlât des rameurs dans la

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