Les 4 vies de Steve Jobs
potentiel positif pour les deux entreprises. »
Le nom de Microsoft vient alors s’afficher sur l’écran. Si une partie de la salle applaudit, quelques cris d’effarement fusent, suite à cette déclaration. Comment se peut-il que l’on en vienne à fraterniser avec l’ennemi historique d’Apple ?
Jobspoursuit, et il paraît marcher sur des œufs.
« En réalité, les discussions ont démarré à propos de certaines questions de brevets… »
À ces mots, des rires se font entendre dans la salle et Jobs, pour la première fois, esquisse un sourire complice.
« En fait, je suis très fier que les deux sociétés aient réussi à résoudre leurs différends d’une manière très professionnelle. »
Jobsannonce alors une série de partenariats avec Microsoft. La querelle sur les brevets est enterrée et, en échange, la société de Bill Gatess’engage à développer des versions d’ Office pour les Mac. Toutefois, lorsque Jobs annonce que Internet Explorer de Microsoft sera désormais le navigateur Internet des Mac, un sentiment de fureur et d’hostilité s’élève dans la salle. Jobs se fait huer mais il reprend très vite la salle en main.
« Mais comme nous croyons dans les vertus du pouvoir de choisir… »
Les rires reprennent…
« … nous livrerons d’autres navigateurs sur le Mac et l’utilisateur pourra en changer s’il le désire. »
Jobslâche enfin l’essentiel : Microsoft va investir 150 millions de dollars en actions d’Apple et a donné son accord pour ne pas les vendre avant trois ans au moins !
Si la nouvelle est bonne pour Apple, dans la salle, on peut lire une déception sur le visage de bien des inconditionnels de la Pomme.
Pour terminer, Jobsdemande à un « invité très spécial » de s’exprimer, par le biais d’une liaison satellite. Tout sourire, l’air serein, Bill Gatesapparaît alors sur l’écran en live. Tel quel, son visage semble immense, bien plus grand que le corps fluet de Jobs qui est sur la scène. Cette différence de proportions semble évoquer la domination du seigneur du monde Windows .
Un tonnerre de huées retentit à la vue de Bill Gates. D’abord jovial, le fondateur de Microsoft semble agacé par cet accueil. Steve Jobsdéploie des trésors de persuasion pour inciter la foule à de timides applaudissements.
« Certains des travaux les plus passionnants que j’ai accomplis dans ma carrière l’ont été avec Steve pour le Macintosh », déclare Gates. Il évoque alors le lancement du Mac, Excel et met en valeur les qualités du nouvel Office pour Mac.
La force de conviction de Gatesl’emporte et, à de nombreuses reprises, la salle applaudit. Jobsconclut à la manière d’un sage par quelques phrases bien senties.
« Nous devons abandonner certaines notions. Nous devons abandonner l’idée que pour qu’Apple gagne, Microsoft doive perdre. Pour qu’Apple gagne, il faut qu’Apple accomplisse un excellent travail. Nous avons besoin de toute l’aide possible. Si nous faisons quelque chose d’incorrect, ce n’est pas la faute d’un autre, c’est la nôtre. L’ère de la compétition entre Apple et Microsoft est terminée pour ce qui me concerne. »
Jobsappelle ainsi à une plus grande coopération entre les deux géants. Enfin, il insiste sur le fait que, pour acheter un Apple, il a toujours fallu « penser différemment », et ce, depuis l’Apple II.
« Les gens qui achètent un Apple pensent différemment et ce sont les esprits créatifs de ce monde. Ce sont des gens qui veulent changer le monde. Nous faisons des outils pour ce type de gens. »
Ce faisant, il fait passer en filigrane ce qui sera le message d’une prochaine campagne marketing. Le public est globalement conquis. Nul ne peut le nier, Jobsa une façon de parler, de s’exprimer, de bouger qui est inimitable. L’artiste qui a mené à bien la création du Macintosh est bel et bien de retour.
Le 16 septembre 1997, Steve Jobsest nommé PDG d’Apple « par intérim ». Immédiatement, il lance la production de l’iMac dont il supervise la création avec une ambition : lancer une machine grand public. Ce faisant, il opère des choix surprenants pour l’époque, notamment en supprimant le lecteur de disquettes !
Comme prévu, durant plusieurs mois, Jobsdoit aller à l’encontre de l’opinion générale. En interne, les cadres vont jusqu’à brandir des études de marché montrant que les consommateurs ne sont pas prêts
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