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Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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je vous prie de m’excuser un instant.
    En vertu de cette prohibition indirecte, sir Mungo, qui, de même que le reste de la compagnie, avait entendu sur l’escalier la courte conversation entre maître George et son caissier, se vit condamné à s’arrêter dans la pièce d’entrée, se flattant de pouvoir satisfaire sa curiosité en faisant quelques questions à Knighton quand il s’en irait ; mais cet émissaire d’un grand homme, après avoir ajouté au message incivil de son maître quelques grossièretés de son crû, partit comme un éclair, suivi de ses deux satellites, sans daigner faire la moindre attention au chevalier.
    Pendant ce temps, le nom du duc de Buckingham, du tout-puissant favori du roi et du prince de Galles, avait répandu quelque inquiétude parmi la société restée au premier étage. Il était craint plus qu’il n’était aimé, et s’il n’était pas d’un caractère tyrannique, il passait pour être hautain, violent et vindicatif. Un instinct secret semblait dire à Nigel, sans qu’il pût concevoir ni pourquoi ni comment, qu’il pouvait être lui-même la cause première du ressentiment du duc contre maître George. Les autres firent leurs commentaires à demi-voix, et Ramsay, qui n’avait rien entendu de ce qui venait de se passer, mais qui était toujours occupé de calculs relatifs aux sciences abstraites, dont il faisait l’application à tous les événemens qui arrivaient, eut pourtant l’oreille frappée de quelques mots qui le firent s’écrier : – Le duc ! – le duc de Buckingham ! – George Williers ! Oui. – J’ai parlé de lui avec Lambe {32} .
    – Jésus et Notre-Dame ! comment pouvez-vous parler ainsi, mon père ! s’écria sa fille, qui avait assez de discernement pour voir que son père marchait sur un terrain dangereux.
    – Comment donc ! ma fille, dit Ramsay ; les astres peuvent dominer, mais ils ne peuvent forcer ! Vous savez que ceux qui ont le talent de dresser un thème de nativité disent qu’il y avait, lors de la naissance de Sa Grâce, une conjonction remarquable de Mars et de Saturne, dont le temps apparent ou réel, en réduisant à la latitude de Londres les calculs faits par Eichstadt pour celle d’Oranienbourg, donne sept heures cinquante-cinq minutes quarante et une secondes et…
    – Taisez-vous, vieil astrologue, dit Heriot, qui rentra en ce moment d’un air tranquille et serein ; vos calculs sont vrais et incontestables quand ils ont pour objet la mécanique et l’horlogerie ; mais les événemens futurs sont à la disposition de celui qui porte dans sa main le cœur des rois.
    – Fort bien, maître George, répondit Ramsay, mais il y avait à la naissance de ce seigneur des signes qui prouvaient que sa vie serait fort étrange. Il y a long-temps qu’on a dit de lui qu’il est né au moment de la jonction de la nuit avec le jour, sous des influences qui se combattent et se traversent, et qui peuvent nous affecter ainsi que lui.
    Marée haute et pleine lune,
    Signe de grande fortune.
    Rouge aurore et ciel de feu,
    Signe de mort en haut lieu.
    – On ne doit point parler de pareilles choses, dit Heriot, surtout quand il s’agit des grands. Les murs ont des oreilles, et un oiseau sert de messager.
    Plusieurs des convives parurent partager l’opinion de leur hôte. Les deux marchands firent brièvement leurs adieux, comme s’ils eussent pressenti que quelque chose allait mal. Les deux apprentis, gardes-du-corps de mistress Marguerite, étant arrivés, elle tira son père par la manche, et interrompant ses calculs, soit qu’ils eussent pour objet les rouages du temps, soit qu’ils fussent relatifs à ceux de la fortune, souhaita le bonsoir à mistress Judith, et reçut la bénédiction de son parrain, qui en même temps lui mit au petit doigt une bague de quelque valeur et d’un travail précieux, car il était rare qu’il la quittât sans lui laisser quelque gage de son affection. Ce fut ainsi qu’elle partit, accompagnée de son escorte, pour retourner dans Fleet-Street.
    Sir Mungo avait fait ses adieux à maître Heriot quand celui-ci était sorti de son comptoir ; mais tel était l’intérêt qu’il prenait aux affaires de son ami, que tandis que l’orfèvre remontait dans le salon, il ne put s’empêcher d’entrer dans le sanctum sanctorum pour voir ce qu’y faisait le caissier. Il le trouva occupé à faire des extraits dans de gros volumes in-folio manuscrits, reliés en cuir et garnis

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