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Les Aventures de Nigel

Les Aventures de Nigel

Titel: Les Aventures de Nigel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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officielle des huissiers de la chambre et le murmure que firent entendre les courtisans, qui se répétaient les uns aux autres à demi-voix : – Le duc ! le duc ! leur apprirent l’arrivée du favori tout-puissant.
    Il entra ce malheureux favori de la cour, portant le costume somptueux et pittoresque qui vivra à jamais sur la toile de Vandick, et qui caractérise si bien le siècle orgueilleux où l’aristocratie, quoique minée de toutes parts et s’approchant du terme de sa chute, cherchait, par la profusion de ses dépenses et par l’éclat de son extérieur, à prouver sa supériorité sur les classes subalternes de la société. Sa taille majestueuse, la régularité de ses traits, son air imposant, sa démarche aisée, ses gestes pleins de grâce : tout contribuait à faire que ce vêtement magnifique lui allait mieux qu’à aucun de ses contemporains. En ce moment, pourtant, sa physionomie semblait annoncer qu’il était agité par une violente colère ; ses habits étaient plus en désordre que le lieu ne semblait le permettre ; son pas était précipité, et sa voix impérieuse.
    Chacun remarqua son front sourcilleux, et l’on se retira avec tant de précipitation pour lui faire place, que le comte d’Huntinglen, qui n’affecta point en cette occasion une hâte extraordinaire, et ses deux compagnons, qui ne voulaient ni ne pouvaient décemment s’éloigner de lui, restèrent seuls au milieu de l’appartement, et se trouvèrent sur le chemin du favori courroucé. Il toucha sa toque d’un air fier en regardant Huntinglen, mais il se découvrit entièrement la tête devant George Heriot, et le salua profondément avec un air de respect moqueur. L’orfèvre lui rendit son salut de la manière la plus simple et sans la moindre affectation, en lui disant : – Trop de politesse, milord-duc, n’est pas toujours un signe de bienveillance.
    – Je suis fâché que vous pensiez ainsi, maître Heriot, répondit le duc. Mon seul but, en vous rendant mes hommages, est de vous demander votre protection, monsieur, et l’honneur de votre patronage. – Vous êtes devenu, à ce que j’ai appris, un solliciteur à la cour, – un protecteur, – un distributeur des faveurs du souverain. – Vous appuyez les prétentions des hommes de mérite et de qualité qui ont le malheur d’être sans le sou. Je souhaite que vos sacs lestent suffisamment votre barque pour vous mener jusqu’au port.
    – Ils me mèneront d’autant plus loin, milord, répondit le citadin, que je n’ai pas dessein de naviguer beaucoup.
    – Vous ne vous rendez pas la justice qui vous est due, mon cher maître Heriot, répliqua le duc sur le même ton d’ironie. Pour le fils d’un chaudronnier d’Édimbourg, vous avez à la cour un parti formidable. – Aurez-vous la bonté de me présenter au noble lord qui a eu l’honneur d’obtenir votre protection ?
    – Ce sera moi qui aurai cet avantage, dit le comte d’Huntinglen avec un peu d’emphase. Milord-duc, je suis charmé de vous faire connaître Nigel Olifaunt, lord de Glenvarloch, représentant d’une des plus anciennes et des plus puissantes maisons baroniales d’Écosse. – Lord Glenvarloch, je vous présente à Sa Grâce le duc de Buckingham, représentant de sir George Villiers, chevalier de Brookesby, dans le comté de Leicester.
    Le duc rougit en saluant lord Glenvarloch d’un air de dédain, et Nigel lui rendit cette courtoisie avec hauteur et avec une indignation mal déguisée.
    – Nous nous connaissons donc l’un l’autre, dit le duc après un moment de silence. Et, comme s’il eût vu dans les traits du jeune lord quelque chose qui méritait une attention plus sérieuse que la raillerie amère avec laquelle il avait commencé la conversation : – Nous nous connaissons répéta-t-il ; et vous me connaissez, milord, pour votre ennemi.
    – Je vous remercie de votre franchise, milord-duc, répondit Nigel ; un ennemi déclaré vaut mieux qu’un faux ami.
    – Quant à vous, lord Huntinglen, dit le duc, il me semble que vous avez excédé les bornes que vous deviez vous prescrire, comme père de l’ami du prince, qui est aussi le mien.
    – Sur ma foi, milord-duc, répondit le comte, il est aisé d’excéder des bornes dont on ne connaît pas l’existence. Ce n’est pour obtenir ni ma protection ni mon approbation que mon fils voit une compagnie d’un rang si élevé.
    – Oh ! milord, s’écria le duc, nous vous connaissons, et nous

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