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Les Filles De Caleb

Titel: Les Filles De Caleb Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Arlette Cousture
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chemin du retour. Ils se séparèrent en se touchant discrètement la main. Émilie lui sourit.
    «Je peux quand même te dire que je suis contente que tu sois revenu.
    —        Je peux bien répondre que j’en pouvais pus d’être trop loin du Bourdais pis de la p’tite école. Pis, si ça peut te rassurer, je peux bien te répéter que je t’aime. Toujours, pis plus. »
    Le printemps avait filé tout aussi parfaitement que l’amour entre Ovila et Émilie. Ils avaient tous les deux vu approcher la fin des classes avec un brin d’angoisse. Les deux mois de séparation leur apparaissaient comme deux mois d’éternité. Émilie avait gardé précieusement le secret de sa réponse, non pas parce qu’elle était indécise, mais bien parce qu’elle aimait voir Ovila lui faire la cour. Il n’avait certes pas la finesse et la tournure de mots d’Henri, mais il avait une spontanéité qui manquait à ce dernier.
    Henri était venu comme à chaque année. Si Émilie n’avait pas été certaine de s’être fiancée à lui l’année précédente, elle aurait cru rêver tant il était distant, malgré sa courtoisie coutumière. il n’avait fait aucune allusion à leur courte fréquentation. Il n’avait pas non plus parlé de la bague de fiançailles qu’elle n’avait plus jamais revue. Elle avait attendu un autre inspecteur, convaincue qu’il avait dû s’embarquer pour l’Europe, mais s’était abstenue de lui demander comment il se faisait qu’il ne voguait pas sur l’Atlantique.
    Sa journée terminée, Henri avait refusé le verre d’eau qu’elle lui avait offert, prétextant qu’il était attendu à Sainte-Thècle. Emilie lui avait dit qu’il était préférable, en effet, qu’il ne fasse pas patienter la personne avec laquelle il avait rendez-vous. Douville avait remis son chapeau et salué Emilie poliment. Contrairement aux années passées, il ne lui avait pas envoyé la main une fois rendu sur la route.
    Emilie avait bouclé ses malles. Elle avait averti ses parents qu’elle arriverait le vingt-trois juin et qu’il n’était pas nécessaire d’envoyer son frère avec la calèche. Une connaissance, avait-elle écrit, lui avait offert de la conduire. Ovila était venu la chercher. Il n’avait pas voulu la quitter à Saint-Tite, préférant les heures de solitude que leur permettrait le parcours. Emilie avait d’abord hésité puis s’était laissé convaincre. Ce n’était pas la première fois qu’un Pronovost lui rendait un tel service.
    Le trajet avait été long et pénible, ponctué d’orages subits et fréquents. Ils étaient partis sous un ciel éclatant qui, à tout moment, s’était chagriné sans avertissement. Ils étaient trempés en arrivant à Saint-Séverin. Emilie proposa donc à Ovila de faire une halte chez sa cousine, le temps de se sécher un peu et de prendre une bouchée. Ovila ne s’était pas fait prier.
    Lucie fut vraiment surprise de les voir arriver. Elle les accueillit chaleureusement. Emilie présenta Ovila comme un «bon ami à elle», un ancien élève. Lucie, qui avait l’œil vif, ne fut pas dupe pour deux sous.
    «B-ben, ma chère, si tous tes «anciens élèves » ont l’air de m-même, je comprends pourquoi tu aimes l’enseignement. »
    Emilie la foudroya du regard, pour ensuite lui sourire. A quoi lui servirait de cacher une chose qui, d’après la réaction de sa cousine, devenait de plus en plus manifeste?
    Ils ne restèrent qu’une petite heure. Leurs vêtements avaient repris une forme presque normale et le ciel s’était égayé encore une fois.
    Emilie et Ovila échangèrent peu durant le reste du trajet. Ils se contentaient de se tenir par la main, pressant la main de l’autre au fil de leur pensée respective. Émilie ne nourrissait aucune crainte quant à la réaction de son père. Elle redoutait plutôt celle de sa mère qui avait mal réagi au fait qu’elle se soit donné tant de mal pour préparer une réception qui s’était, finalement, soldée par un échec.
    Ils arrivèrent à la côte Saint-Paul. Ovila avait reconnu le chemin sans qu’elle ait eu besoin de lui fournir d’indications.
    «Il y a pas un arbre, une roche, un brin d’herbe, un virage, une lumière, un son pis une odeur que je reconnais pas, Émilie. C’est ici que j’ai commencé à penser que l’avenir ça pouvait exister. »
    Il fit arrêter le cheval.
    «Si ma mémoire est bonne, c’est ici même que j’ai crié que je t’aimais.
    —

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