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Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Pierre Naudin
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noirs que des limaces. Lèvres serrées si la douleur.
    –  Dis-moi !… C’est bien lui qui t’a commandé le rapt de Teresa et de Simon ?
    Un cillement des paupières. Aveu muet sans doute. Mort. Mort enfin !
    Tristan s’ouvrit à grands coups d’épée un chemin vers les chevaliers de France. « Je t’aurai, Bertrand, un de ces jours ! » Il se sentait prêt à toutes les fortuités Invulnérable soudain. Beau et terrible comme saint Michel. Il entrevit Paindorge. Il se battait contre deux hommes, levant vivement son épée, l’assenant sur un bassinet, une épaulière, déviant la lame de l’un et la hachette de l’autre. Il hurlait sans se soucier du sang qui coulait de son épaulière à sa cubitière pour en ressortir et maculer son canon d’avant-bras.
    –  Prends garde !
    L’écuyer avait vu s’élancer l’homme à la hache d’armes. Le chevalier de la Grande île reçut sous la buse de sa cuirasse une estocade bien roide qui lui transperça le ventre.
    Restait le teneur d’épée. Tristan, le bras senestre pesant, laissa passer un Castillan entre cet adversaire et lui. Écartant son écu de son corps, il en rompit la guige d’un coup de lame, lâcha l’énarme et revint à son antagoniste, soulagé de pouvoir manier Teresa des deux mains. « Quel est cet homme qui nous a séparés ? » Un bassinet clos surmonté d’un griffon entre deux touffes de plumes d’autruche. Une cotte d’armes sans écharpe mais à la croix pattée de gueules. « Martin Fernandez, chevalier de Castille. Le seul qui se soit cru à la joute ou au tournoi… Moult renommé d’outrage et de hardement… Et moi qui ai devant ce Goddon à occire. Il voit mon visage, lui. Il va soupçonner mes pensées. Je n’aperçois même pas, par la vue de son heaume, les lueurs de ses yeux ! »
    L’Anglais leva les bras pour frapper haut et fort. Désempêtré de son écu, Tristan l’estoqua au cœur, se merveillant que sa lame fut entrée dans le fer et le corps aussi aisément que dans un chaudron de sciure. « À qui maintenant ? Personne… Suis-je effrayant ? » Tout près, aucun doute : Chandos et son écuyer portant sa bannière. Fernandez aussi l’avait reconnu. Ils se portaient de furieuses flanconades qui, parfois, atteignaient leur but sans que le fer de leur armure en souffrît. Têtus, enragés l’un et l’autre. Il eût fallu que l’Espagnol, changeant de coups, parvînt à flâtrer 314 cet enragé d’Anglais. « Vais-je y aller ? » Soudain, craignant d’être assailli par… « Par moi, Tristan ! »
    L’Anglais se détourna. Fernandez le saisit à bras-le-corps sans plus se soucier de son arme. Il entraîna irrésistiblement Chandos dans sa chute. L’épée godonne chut. L’écuyer voulut la prendre. Tristan bondit et le menaça. Il fallait laisser ces deux hommes aux prises. Ils roulaient, se débattaient ensemble pour se dégager d’une étreinte qui tournait à l’avantage du Castillan.
    Fernandez, un genou sur la cuirasse de Chandos cherchait à tâtons son épée quand l’Anglais tira son poignard de sa gaine. Il chercha le défaut du colletin.
    –  Gare ! hurla Tristan.
    Chandos avait trouvé le passage. Il poussa sa lame en avant. Une giclée de sang empouacra l’encolure de fer. Le poignard, immédiatement, passa sous la rondelle d’épaule, trouva l’aisselle et s’y enfonça.
    Fernandez ne fut plus qu’un gisant dont l’orgueilleux cimier se maculait de boue. L’Anglais repoussa son corps puis, aidé de son écuyer, se releva, l’épée en main.
    Tristan le voulut assaillir. Un homme dont la cotte blanche portait trois gerbes d’or entrevit son écharpe et s’interposa.
    Épée contre épée. Tranchant contre tranchant. Avalanche de taillants tous déjoués par l’un et par l’autre. Les dents qui se serrent et le souffle qui bout. Vaincre ! Bon sang que cela finisse. Où en était-on à l’entour ? « Cadedis ! » hurlaient les Gascons. Aucun doute : ils voulaient prendre de flanc la bataille de Guesclin. Aucun doute non plus sur ce qui se passait ailleurs : le captal de Buch venait de mettre en déroute le flanc droit de l’avant-garde castillane. Débordés de toutes parts, Français et Castillans se serraient autour des bannières de l’Écharpe. Et l’ennemi, soudain, semblait trois ou quatre fois plus nombreux alors que…
    Que cet adversaire était fort et qu’il usait de feintes détestables ! «  Il va m’occire ! »

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