Les fontaines de sang
Jean de Bretagne ; mais si le comte et sa sœur meurent sans postérité, les 10,000 livres retourneront aux plus proches héritiers des terres sur lesquelles l’assise aura été faite.
13°Si Jean de Bretagne meurt avant la sœur du comte de Montfort, elle aura pour son douaire la vicomté de Limoges et ses dépendances.
14°En vertu de ce traité, les deux partis demeureront quittes l’un envers l’autre de toutes demandes et actions respectes ; ils oublieront entièrement le passé, et vivront dorénavant en bonne paix et amitié.
15°Ils se donneront réciproquement de bonne foi et sans fraude tous les papiers et les titres des terres qu’ils se transmettront.
16°Toutes les terres confisquées et données pendant les troubles seront rendues à ceux à qui elles appartenaient avant la guerre, excepté celles de Derval, de Rougé, de Plumoison, Saint-Pol de la Roche-Moisan, de la Roche-Périou, de Guemenéguegant et de Châteaublanc, dont les détenteurs auront en acquittant les charges ordinaires.
17°Lorsque l’on accordera des aides au comte de Mont fort, M me de Penthièvre aura la moitié de celles qui seront levées sur ses terres.
18°Toutes les rançons cesseront dès le jour de ce traité, excepté celles qui doivent durer jusqu’à la Saint-Michel pro chaine. L’île de Baz paiera au sire de Rochefort sa rançon jusqu’à la même fête. On ne lèvera sur les paroisses que ce qui est porté dans les traités particuliers ; et s’il survient quelque difficulté sur l’exécution de cet article, on s’en rapportera au jugement des seigneurs de Latimer et de Beaumanoir.
19°Le présent traité sera jugé non seulement par les parties contractantes, mais encore par les prélats, barons, capitaines et alliés qui en seront requis ; le comte de Montfort, en particulier, fera son possible pour faire ratifier cet accord par le roi d’Angleterre et par le prince de Galles, et M me de Penthièvre fera la même démarche à l’égard du roi de France et du duc d’Anjou.
La lecture de ce traité fut faite le 12 avril 1365 dans l’église de Saint-Aubin, à Guérande ; et les parties en jurèrent solennellement l’observation sur l’Évangile, et à genoux devant le saint sacrement exposé sur l’autel. Le comte de Montfort jura sur son âme ; les députés de Jeanne de Penthièvre sur l’âme de leur dame ; et l’archevêque de Reims consuma ces conventions au nom de Charles V, en présence d’une foule de chevaliers, d’écuyers, de bourgeois et de paysans, qui rendaient grâces à Dieu et faisaient entendre les plus joyeuses acclamations.
Olivier de Clisson et Guillaume de Latimer partirent aussitôt pour Paris, afin de présenter le traité à la ratification du roi, d’obtenir un nouveau délai pour l’hommage du duc et de demander la restitution des terres qui lui appartenaient en France. Charles accorda le délai et parut fort satisfait de ce qui s’était conclu à Guérande, mais il attendit pour le reste que Jean lui eût fait hommage de son duché ; car il savait ce prince si dévoué à l’Angleterre, qu’il ne pouvait avoir grande confiance en sa soumission.
Annexe III
Le tragique destin de Blanche de Bourbon
Le mariage de don Pèdre et de Blanche de Bourbon s’imposait-il ? Non. La diplomatie de la France était-elle, au Moyen Âge, inférieure à sa diplomatie moderne, fade, floue, piteuse et serpentine ? Certes non : la France alors, malgré ses défaites, était une nation respectée.
Si le drame vécu par Blanche toucha le peuple espagnol -encore que nous ignorions toujours dans quelles proportions (573) -la noblesse n’en fit aucun cas, trop occupée dans les conflits internes et externes d’un règne où l’Espagne pataugea dans le sang. Pèdre lui-même fut lavé du crime qu’il avait commis contre Blanche. Le roi compta même deux apologistes pour le justifier.
Le premier, le comte de La Roca, écrivit en 1648 un petit livre intitulé : El rey don Pedro defendido dans lequel, à l’occasion de la mort de don Fadrique et de la reine Blanche, il dit de son héros couronné : « Il y a des honneurs tellement susceptibles qu’en cas de procès, ils ne lâchent pas leur partie, même innocente. » Et d’ajouter pour justifier la « justice » royale : « Eh ! Quoi. Manger moutons, canaille, sotte espèce. Vous leur fîtes, seigneur, beaucoup d’honneur en les croquant. » La reine Blanche fut accusée à
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