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Les foulards rouges

Les foulards rouges

Titel: Les foulards rouges Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Frédéric H. Fajardie
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Majesté.
    Louis XIV se leva et s’approcha.
    — Il en est même quelques gris.
    Bois-Brûlé, ravi du tour que prenait la
conversation, se détendait tout en s’efforçant de laisser grande distance entre
le jeune monarque et lui :
    — C’est qu’à servir en les Foulards
Rouges, les cheveux blancs viennent plus vite, Majesté.
    Louis XIV se tourna vers un secrétaire
qui scellait un acte. Sous le regard impatient du roi et celui, curieux, de
Bois-Brûlé, l’homme se hâta et apporta le parchemin.
    Le roi le remit avec cérémonie à Bois-Brûlé
qui, à tout hasard, s’inclina. Il mit quelques secondes à comprendre les
paroles du monarque :
    — Votre baronnie sera en Beauce. Vous
aurez vastes terres et gentilhommière.
    Bois-Brûlé, qui ne comprenait pas, regarda le
roi avec stupéfaction mais celui-ci poursuivit, imperturbable :
    — Car tel étant notre bon plaisir, nous
vous faisons baron, César de Bois-Brûlé.
    Le tout nouveau baron, haut d’une toise et
large comme une armoire de Vendée, tourna de l’œil et s’effondra aux pieds de
Louis XIV qui, fort inquiet, envoya d’urgence quérir des sels.
    Lorsque la mince colonne comprenant le comte
de Nissac, Mathilde de Santheuil, Sébastien de Frontignac, César de Bois-Brulé,
Melchior Le Clair de Lafitte, Anthème Florenty, Maximilien Fervac et Henri de
Plessis-Mesnil, marquis de Dautricourt, se profila à l’horizon, les canonniers
qui aillaient au combat levèrent la tête.
    Comme Nissac, ils étaient presque tous d’anciens
Condéens à l’époque où servir dans l’armée du prince, c’était servir le roi et
servir la France.
    Ils hésitèrent un instant à reconnaître leur
chef légendaire disparu au combat depuis trois longues années mais la vue des
Foulards Rouges au cou de la plupart des cavaliers et l’incomparable chapeau
marine à plumes rouges et blanches de Nissac les grisèrent. Lançant casques et
chapeaux en l’air, ou les élevant à la pointe de l’épée dressée vers le ciel d’un
bleu azur quand d’autres tiraient au mousquet vers un petit nuage pommelé et d’un
blanc de lilas, ils ovationnèrent leur général qui les avait toujours menés à
la victoire en se montrant économe de leurs vies.
    Une part des acclamations alla aussi, sans
doute, à la très jolie femme dont le vent avait remonté la robe, qui portait
des bottes rouges et l’épée au côté.
    Après ces démonstrations de joie, le comte fit
hâter la marche pour placer le pont de Jargeau sous le feu de ses canons car, il
ne l’ignorait point, chaque instant comptait.
    Là-bas, la situation demeurait incertaine. Arrivant
de la rive gauche et menés à bride abattue par le comte de Palluau, deux cents
gardes du roi s’étaient rués vers le pont au milieu duquel ils dressèrent
solide barricade.
    Ce n’était point là luxe superflu car l’ouvrage
en cours d’achèvement, l’avant-garde de l’armée de la Fronde, commandée par le
duc de Beaufort, déboucha de la rive droite et chargea aussitôt, se reformant
pour recommencer à plusieurs reprises.
    Les gardes du roi résistèrent admirablement à
un adversaire très supérieur en nombre, puis reçurent des renforts, et
notamment la redoutable artillerie de Nissac qui, aussitôt mise en batterie, pilonna
sans pitié les troupes de Beaufort qui embouteillaient l’entrée du pont sur la
rive droite.
    Pour la Fronde, ce fut là une très cuisante
défaite puisque quatre escadrons de cavalerie furent anéantis, qu’on ramassa de
nombreux morts et que les survivants de l’armée frondeuse prirent une fuite
sans gloire.
    À quelques exceptions près.
    En effet, sur la rive droite, une merveilleuse
Frondeuse à cheval, distinguant belle cavalière du parti du roi qui caracolait
devant les canons à présent silencieux de monsieur de Nissac, tira l’épée.
    L’autre ravissante cavalière, depuis la rive
gauche, fit de même.
    Charlotte de La Ferté-Sheffair, duchesse de
Luègue, venait de défier la baronne de Santheuil. Toutes deux ne doutaient
point de se revoir un jour, l’épée à la main.
    En quoi elles ne se trompaient pas…

46
    Le retour vers Orléans de Charlotte de La
Ferté-Sheffair, duchesse de Luègue, fut des plus tristes.
    Sur une route où se voyaient casques et pièces
d’équipement abandonnés, et tandis que son cheval boitait, la jeune femme
dépassait des troupes démoralisées. Des blessés s’asseyaient au bord de la
route, la tête dans les mains ;

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