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Les joyaux de la sorcière

Les joyaux de la sorcière

Titel: Les joyaux de la sorcière Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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mal fou pour vous séduire et vous enchaîner à son char mais si j’ai un conseil à vous donner, essayez donc de mettre votre amitié entre parenthèses. Ou je connais mal Alice ou elle se lassera quand elle aura fini d’extraire toute la substantifique moelle de son égyptologue. Il sera peut-être bon, alors, de vous trouver là pour ramasser les morceaux.
    — Je n’ai pas l’intention de m’éterniser ici, fit Aldo avec raideur.
    — Elle non plus, soyez-en persuadé. On est beaucoup trop loin de sa chère Égypte et d’une Europe qu’elle adore. Passé la saison de Newport, je vous parie qu’elle ramènera son toutou à Paris à moins qu’elle ne lui ait déjà enlevé son collier pour l’envoyer japper ailleurs !
    C’était peu réconfortant, cependant Aldo décida de suivre le conseil d’écarter le plus possible Adalbert de son esprit. Ce ne serait pas facile mais il avait besoin de garder – outre un jugement clair ! – sa liberté de mouvements puisqu’il foulait à présent la même terre qu’Aloysius Cesare Ricci et – peut-être – les joyaux de la Sorcière vénitienne… Un moment plus tard il roulait dans un taxi jaune vers l’hôtel Plaza en compagnie de Gilles Vauxbrun tandis qu’une grosse Chrysler grise – moins imposante que la limousine noire ! – avec chauffeur assorti ramenait la baronne von Etzenberg chez elle. Un fourgon à bagages suivait car sans aller jusqu’à trente malles, celle-ci, qui voyageait d’ailleurs avec sa femme de chambre, en alignait tout de même une douzaine. Un train un peu inhabituel pour un sculpteur. Son atelier n’avait sans doute que peu de rapports avec ceux des artistes besogneux de Montparnasse… ou de Montmartre.

CHAPITRE VII
TROIS PAS DANS NEW YORK…
    Implanté depuis 1907 à l’angle de la 5e Avenue et de la 59erue, l’hôtel Plaza considéré comme un chef-d’œuvre du style néo-renaissance français – un chef-d’œuvre de dix-huit étages et de huit cents chambres ! – offrait, dès sa porte tournante franchie, une atmosphère ouatée, silencieuse, extrêmement reposante après le tintamarre du dehors. En outre avec son décor franco-italien où les tapisseries d’Aubusson, les lustres de Baccarat, les meubles et candélabres Louis XVI rejoignaient les marbres de Carrare, les mosaïques façon Ravenne, les cariatides blanches sous des plafonds et des boiseries dorés sans oublier des lambris de chêne, il offrait aux visiteurs d’outre-Atlantique la rassurante impression de rentrer chez eux tout en persuadant les indigènes de la solidité de leurs racines dans l’Histoire et les fastes européens. En face de l’hôtel une grande fontaine à degrés, la Pulitzer Fountain et, au-delà, les frondaisons vertes de Central Park ajoutaient au charme de sa maison.
    Logé au cinquième étage dans une suite où l’accueillit une copie – un peu réduite tout de même ! – du Printemps de Botticelli, Aldo, tandis qu’un valet de chambre déballait ses bagages et rangeait ses vêtements dans la penderie, opta pour un bain d’eau plus douce qu’à bord. Là les matières savonneuses moussaient divinement. Il s’y attarda afin de mettre de l’ordre dans ses idées en fumant une cigarette, se sécha, s’habilla, téléphona au portier un câblogramme annonçant qu’il était bien arrivé, pria ensuite l’homme aux clefs de faire envoyer quelques douzaines de roses à la baronne von Etzenberg chez laquelle il devait dîner puis descendit rejoindre Gilles au bar où il le retrouva tristement assis devant une citronnade à laquelle d’ailleurs il n’avait pas touché. Sa mine déconfite alluma une étincelle de gaieté dans l’œil de Morosini :
    — Te voilà au régime local on dirait !
    — Pas de quoi rire ! Toi aussi tu y es. Tant qu’on est sur le bateau on ne se rend pas compte de ce que leur prohibition peut être pénible. Tu veux quelque chose ?
    — Quoi par exemple ?
    — Du lait, du thé, de la limonade, du café, du jus comme celui-là ?
    — Non merci. Allons plutôt déjeuner.
    — Si tu t’imagines que ce sera plus gai, tu te trompes ! Cuisine européenne oui et, hélas, pas le moindre soupçon de pinard pour l’arroser. Ça va être d’un drôle !
    — Mais enfin tu savais à quoi t’en tenir ? Ce n’est pas la première fois que tu viens depuis que l’Amérique s’est mise au sec ?
    — Si ! Je suis comme toi, moi. Je ne traverse pas les mers pour un oui ou pour un

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