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Les mannequins nus

Les mannequins nus

Titel: Les mannequins nus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Christian Bernadac
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barbelés, étonne les responsables du Comité clandestin. Burger et Friemel lui font parvenir des messages, des questionnaires, des recommandations, des ordres enfin. Edward Galinski du kommando des couvreurs sert d’agent de liaison. Olga Lengyel de boîte à lettres.
    — Un jour (117) , je revenais précisément de glisser sous une table un petit colis qui m’était confié quand un S.S. entra à l’improviste.
    « — Qu’est-ce que tu es en train de cacher là ? » demanda-t-il soupçonneux.
    — Je crois que je blêmis ; cependant je réussis à me dominer et à répondre d’une voix calme :
    « — Je viens de sortir du carton un peu de cellulose. Je range le reste. »
    « — Allons voir un peu ce carton ! » cria le S.S. décidément méfiant.
    — Les mains tremblantes, je tirai de sous la table une boîte de pansements et la montrai à l’Allemand. J’eus de la chance. Il n’insista pas et poursuivit sa tournée. S’il avait fouillé la boîte, j’étais perdue !
    — Il y eut une période pendant laquelle j’avais à prendre livraison, plusieurs fois par semaine, d’un paquet ou d’une lettre que m’apportait un des détenus affectés aux travaux dans notre camp. L’intermédiaire changeait presque chaque fois, et pour être reconnue je portais un cordon de soie en collier autour du cou. Je devais remettre le paquet ou la lettre à un homme portant le même signe distinctif. Souvent, c’est moi qui devais aller le chercher aux Waschraum ou sur la route où les hommes travaillaient.
    — La plupart du temps, j’ignorais totalement la nature de l’entreprise à laquelle je participais, mais le sentiment de faire quelque chose d’utile suffisait pour me redonner des forces. Je n’étais plus sujette à ces crises de dépression si fréquentes au début, et je m’efforçais maintenant de me nourrir suffisamment pour pouvoir « tenir ». Manger, ne pas se laisser affaiblir, c’était aussi une façon de résister. Nous vivions pour résister, et nous résistions pour vivre.
    *
*   *
    Au printemps 1943, les mouvements nationaux de résistance et le Comité international clandestin prennent le nom de « Groupe de Combat d’Auschwitz ».
    — Un manifeste (118) appelant à l’union tous les internés pour se préparer à la libération du camp fut rédigé. Il comprenait quatre pages écrites à la main et traduites en différentes langues. Ainsi, notre travail acquérait une sorte de combativité. Nous faisions chaque semaine une analyse politique de la situation qui était aussitôt transmise dans tous les groupes. Les déportés les plus sûrs étaient organisés sur la base du lieu de travail puisqu’aussi bien, en général, ils se retrouvaient dans la même chambre ou dans le même block. Mais c’est au kommando qu’ils avaient la possibilité de se voir le plus et c’est là aussi qu’ils avaient les moyens matériels à leur disposition en cas d’évasion ou d’action directe. Les différents groupes d’un même kommando ou d’une série de kommandos analogues étaient reliés à un responsable qui était lui-même en relation avec la direction du camp. Nous parvenions ainsi à connaître toute la vie du camp et à faire pénétrer nos mots d’ordre sur le lieu même du travail où, là où c’était nécessaire, un sabotage systématique fut organisé.
    Peu de kommandos travaillaient dans le camp même d’Auschwitz pour l’industrie de guerre allemande. Seule, une fabrique de caisses à munition, la D.A.W. fournissait à un rythme très faible du matériel à l’armée. Nous organisâmes une grève perlée et, au bout de quelques mois, la production était tombée de moitié. Cela coûta la vie à un de nos militants polonais et à un Israélite, mais rien ne put vaincre la passivité des internés. Un autre kommando avait une certaine importance pour l’état-major S.S. : c’était le garage. De nombreux véhicules y étaient affectés et un matériel automobile, difficilement remplaçable en temps de guerre, y était entretenu. Il suffisait de décharger brusquement une batterie pour la rendre inutilisable. Une pièce enlevée à un démarreur mettait la voiture hors de service. Un grand nombre de camions qui transportaient les victimes à la chambre à gaz et des voitures d’officiers S.S. furent ainsi longuement immobilisés.
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    — Le groupe (119) international a pu se constituer à Auschwitz I, parce que les

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