Les panzers de la mort
de pique faisait bien plusieurs milliers de roubles, et qu’est-ce qu’on découvre mes enfants ? Le colonel, ce vieux cochon, était assis sur l’as de pique et s’apprêtait à faire la levée. Ça a fait un de ces potins ! Si la garde n’était pas arrivée on l’aurait étripé ! Un jour, le général de division vient inspecter le régiment. On me commande un service religieux, mais va chercher le vin de messe ! Pas si bête, les enfants, je prends un bidon de vodka. « Quelle satanée force, ce vin ! » Criait le capitaine. N’empêche qu’il en redemandait pendant que tout le 630 e était à genoux, les mains croisées sur les fusils, comme ça se doit. Je tirai une bonne lampée de la vodka et je bénis tout le monde, réglementairement.
– Ce que tu peux raconter, grand rouquin ! dit Alte. Où peux-tu bien trouver tout ça ?
– Non, mais des fois ! Joseph Porta n’invente Rien. Il a bonne mémoire et n’est pas un menteur. Si tu le fais Croire, je t’embroche sur mon fusil.
Nous restâmes encore un instant à bavarder tout en buvant.
– Est-ce que tout ça finira un jour ! dit Stege. Le jour de la fin de la guerre… Je me couche dans un champ de trèfle et je bavarde avec les oiseaux ! Plus d’heure réglementaire !
– Et moi je couche avec une poule, ricana Pluto, et sans heure non plus. Il restera même si peu de mâles qu’on pourra se payer plusieurs poules en même temps !
Il y eut un Silence. Chacun évoquait la fin de la guerre. Porta se leva soudain, prit un fusil-mitrailleur et fit mine de balayer des ennemis imaginaires.
– Moi, je réglerai quelques vieux comptes, avec cet outil là ! Je connais bien vingt S. S. que je voudrais voir horizontaux. Et si jamais je mets la main sur le S. S. HeinRich, je lui piquerai le cul de mon couteau, qu’il en aura des hémorroïdes jusque dans le cou !
– Foutaises, dit Alte. Vous ne parlez que vengeances. Ça ne servira à rien. Il n’y aura qu’à oublier ces chiens, c’est tout. Je ne fais aucune différence entre les brutes rouges d’en face et les nôtres, en brun.
– Dis donc, tu étais pourtant avec nous, et bien content quand on a liquide le capitaine Meyer.
– Tout différent. Nous étions au front et en état de légitime défense. Mais quand la guerre sera perdue les vainqueurs de l’Allemagne se chargeront des autres ; Ils sont assez bêtes pour le faire. Ça ne sera pas à nous de les aider.
– Vous parlez toujours de perdre la guerre interrompis-je. Alors quoi ? Et si l’Allemagne gagne ?
Ils me dévisagèrent tous comme un être incompréhensible.
– Qu’est-ce que tu dis ? crièrent Alte et Stege. Tu es tombé sur la tête.
Porta se mit à me tâter le Crâne comme un singe qui épouille son petit.
– Je pense ce que je dis. Vous n’avez pas entendu parler des armes V ? Les savants allemands travaillent et je ne serais pas surpris qu’ils finissent par trouver quelque chose de diabolique.
– Si c’est aux gaz que tu penses, bien sûr qu’on les a, dit Bauer méprisant, mais Adolf il ne s’en servira pas, et l’autre côté pareil. On en recevrait le double. Je t’assure Sven, tu n’as pas ton bon sens.
– Tu penses vraiment qu’il y a une chance de gagner ? dit Alte sceptique.
– Oui, je le crois, dis-je irrité. Plus ça va mal, plus j’ai la conviction qu’on prépare quelque chose. Cette guerre n’est pas seulement celle d’Hitler, c’est celle du peuple allemand tout entier. S’il est vaincu, Il n’aura pas assez d’imagination pour
voir au-delà, et croira que tout est perdu. Il ne s’est pas encore arraché à la griffe militaire et tout le monde est persuade ici qu’avec des épaulettes on devient l’instrument de Dieu. La guerre doit être gagnée coûte que coûte ! Mais pour nous, qu’importe. Il n’y en a pas un qui sera encore là pour le voir.
– Tu as raison, Sven, dit Alte doucement, nous sommes trop vieux pour changer de peau et nous avons été créés pour être de la chair à canon.
– Si on parlait d’autre chose, dit Stege en soupirant.
– Oui, dit Bauer. Par exemple de l’affaire des arbres, près du Tuapse. Qu’est qu’il y a de vrai, là – dedans ?
– Tu veux le savoir ? Et bien, ce fut un sale moment. On était à l’armée von Kleist et pendant des semaines, on tournait en rond dans le Caucase. Nous venions de Rostov, le long de la mer Noire. L’idée était qu’il fallait occuper
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